Si quelqu’un vous montrait la photo ci-dessus sans aucun contexte, vous penseriez peut-être qu’il s’agit d’un vaisseau sanguin intact. Mais chers lecteurs, ce n’est pas le cas. En effet, il s’agit d’un moulage parfait des passages d’air branchés dans le poumon droit d’un homme mourant, souffrant d’insuffisance cardiaque, formé à base de sang coagulé qui s’y était accumulé.
Premièrement, il faut clarifier un élément important : il ne s’agit pas vraiment d’une partie de son poumon, comme le prétendent certains titres sur le web. Il n’est absolument pas possible de tousser et cracher ses poumons (bien que ce soit possible de tousser si fort que les poumons soient herniés par les côtes).
En réalité, les caillots sanguins bronchiques, appelés moules, ne sont pas rares du tout. En effet, plusieurs cas de formation de caillots sanguins de ce type ont été signalés au cours des dernières années : crachés par une femme de 57 ans atteinte de lupus en 2010, par une femme enceinte de 25 ans en 2005, ou encore un homme de 80 ans en 2015.
De plus, si vous vous rendez sur Figure 1 (un réseau social de partage d’images médicales) et que vous recherchez « moules bronchiques », vous pourrez voir toute une variété d’images de moulages formés à partir de sang coagulé ou de mucus accumulé dans les poumons, dans certaines conditions.
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Ce qui rend ce moulage si intriguant, n’est pas que cela se soit produit, mais que le résultat du moulage sanguin soit si énorme. De plus, le patient l’a craché en un seul morceau. « Nous avons été surpris », a déclaré le médecin de l’homme en question, Georg Wieselthaler. « C’est une curiosité que vous ne pouvez pas imaginer – je veux dire, c’est très, très, très rare », a-t-il ajouté.
Le patient, un homme anonyme de 36 ans, a craché ce moule de sang alors qu’il était traité pour une insuffisance cardiaque au stade terminal dans une unité de soins intensifs.
Les médecins ont connecté son cœur à un appareil, lui permettant de pomper du sang à travers tout son corps. Mais étant donné que ces dispositifs peuvent également provoquer des caillots sanguins, ils ont dû lui administrer une perfusion continue d’un anticoagulant, appelé Héparine, pour empêcher que cela ne se produise.
Sauf que la coagulation est un élément crucial du système d’auto-réparation du corps, qui empêche les vaisseaux sanguins de développer de minuscules déchirures pouvant entraîner une hémorragie interne, ou, si elles se produisent dans les vaisseaux sanguins transportant le sang dans les poumons, de s’infiltrer dans les passages d’air et de s’y accumuler.
Malheureusement, c’est ce qui s’est passé avec ce patient. Au cours de la semaine qui a suivi la mise en place du dispositif Impella et du traitement à l’héparine par ses médecins, le patient a commencé à tousser et à cracher des caillots sanguins moins importants, ce qui a provoqué une crise de toux extrême au cours de laquelle il a recraché cette masse impressionnante.
Lorsque les médecins ont découvert cette dernière, elle était un moule si parfait que ces derniers ont pu identifier avec précision la provenance de la forme moulée : en effet, il s’agissait clairement d’un moulage sanguin de l’arbre bronchique droit du patient.
Les médecins pensent que ce qui faisait tenir ensemble cette masse, pourrait être une protéine appelée fibrinogène, qui est essentielle au processus de coagulation. Bien que le patient aient pris des anticoagulants, son infection a provoqué une concentration élevée de fibrinogène dans le sang et, selon les chercheurs, c’est cela qui aurait pu maintenir le caillot en place pendant qu’il le toussait.
Malheureusement, bien que le patient se soit senti mieux après que le caillot eut quitté ses poumons, l’état de son cœur était déjà trop critique. L’homme est décédé un peu plus d’une semaine plus tard.