Si de plus en plus d’espèces disparaissent indéniablement, certaines que l’on croyait définitivement disparues refont parfois surface pour le plus grand bonheur des scientifiques. C’est le cas du caméléon de Voeltzkow, dont aucun individu n’avait été aperçu depuis plus de 100 ans. Les zoologues ont retrouvé le petit animal dans les forêts de Madagascar et, pour la première fois, ont également pu observer des femelles de cette espèce.
Des chercheurs ont annoncé la redécouverte du caméléon de Voeltzkow (Furcifer voeltzkowi) le 30 octobre dans la revue Salamandra. L’animal, endémique de Madagascar, a été vu pour la dernière fois en 1913 — et jusqu’à présent, personne n’avait jamais vu un caméléon de Voeltzkow femelle. Les femelles s’avèrent être un spectacle saisissant. Elles peuvent changer de couleur et afficher, à leur plus brillant, un motif de points rouges et une traînée de violet sur un fond de noir et blanc.
La Global Wildlife Conservation a dirigé l’expédition dans le cadre de son programme de recherche d’espèces disparues, une tentative de redécouvrir des espèces qui n’ont pas été observées par les scientifiques depuis au moins une décennie. Le but est d’utiliser les découvertes pour promouvoir la conservation non seulement de ces espèces insaisissables, mais de leurs habitats et écosystèmes plus larges.
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Une espèce endémique des forêts de Madagascar
On sait peu de choses sur le mode de vie du caméléon de Voelzkow, mais ses plus proches parents vieillissent vite et meurent jeunes. Par exemple, le caméléon de Labord (Furcifer labordi), un autre originaire de Madagascar, éclot en novembre, grandit, pond des œufs et meurt en mars. Les chercheurs savaient que les caméléons de Voelzkow ne seraient pas seulement petits, mais également qu’ils ne seraient présents que pendant environ la moitié de l’année s’ils sont comme le caméléon du Labord.
L’équipe d’expédition s’est rendue dans les forêts du nord-ouest de Madagascar en avril 2018. Au début, ils n’ont pas eu beaucoup de chance. « Je pensais que nous pourrions avoir de bonnes chances de redécouvrir le caméléon de Voeltzkow, mais j’ai été surpris que cela prenne si longtemps et que ce soit si difficile », déclare Frank Glaw, chef du département des vertébrés à la Collection bavaroise de zoologie.
« Nos efforts ont été totalement infructueux pendant la majeure partie du voyage pour le voir là où nous pensions qu’il y aurait les plus grandes chances qu’il se trouve ». Enfin, quelques jours avant la fin du voyage, Angeluc Razafimanantsoa, un guide professionnel de la Montagne d’Ambre dans le nord de Madagascar, a repéré l’un des caméléons. Finalement, l’équipe a découvert 3 mâles et 15 femelles.
Des mâles et femelles aux couleurs chatoyantes
Les caméléons de Voeltzkow femelles sont plus petits que les mâles, ont découvert les chercheurs, atteignant environ 15 cm de la pointe à la queue. Les mâles peuvent mesurer jusqu’à 16.4 cm de long. Les mâles sont vert clair, mais clignotent en vert foncé lorsqu’ils sont en colère ou stressés.
Lorsqu’elles sont détendues, les femelles sont vertes avec des rayures vertes plus foncées et des points rouges sur les côtés. Lorsqu’elles sont stressées, ces rayures vert foncé deviennent noires et une strie violacée apparaît le long des côtés du caméléon. Entre les rayures noires, la peau du caméléon femelle devient blanche, à l’exception de sa gorge, qui peut devenir orange vif.
Une espèce en danger d’extinction
Les caméléons ont été retrouvés grimpant aux arbres sur le terrain d’un hôtel de bungalow appelé Madame Chabaud dans la ville de Katsepy. Le propriétaire a déclaré aux chercheurs que les caméléons distinctifs sont abondants autour de l’hôtel au plus fort de la saison des pluies de janvier à mars. Néanmoins, les chercheurs rappellent que les caméléons pourraient être considérés comme en danger parce qu’ils vivent dans une très petite région géographique, et parce que leur habitat s’est fragmenté.
Bien que les chercheurs aient été ravis de trouver les caméléons de Voeltzkow, ils n’ont pas pu identifier de Furcifer monoceras, un autre caméléon qu’ils avaient espéré voir lors de l’expédition. Cette espèce est connue à partir d’un seul spécimen, collecté en 1905, et n’a pas été repérée depuis.