Les chercheurs ont identifié le rôle crucial de la protéine NF-Y dans le développement du rhabdomyosarcome, un cancer pédiatrique agressif. En ciblant cette protéine, il est possible de transformer les cellules cancéreuses en cellules musculaires saines. Cette découverte, en mettant en évidence l’interaction entre NF-Y et le gène de fusion PAX3-FOXO1, pourrait améliorer la prise en charge du rhabdomyosarcome, offrant une nouvelle perspective thérapeutique pour les patients.
Le rhabdomyosarcome, bien qu’il soit l’un des cancers pédiatriques les moins courants, demeure l’un des plus redoutables en raison de sa nature agressive. Touchant principalement les enfants, cette tumeur se manifeste par une croissance incontrôlée de cellules musculaires immatures. Face à cette réalité, les chercheurs du monde entier se sont mobilisés pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et identifier des voies thérapeutiques potentielles.
Une récente découverte met en lumière le rôle de certaines protéines, notamment la protéine NF-Y, dans la progression de cette maladie, ouvrant ainsi la voie à des stratégies thérapeutiques prometteuses pour ce cancer. Les travaux de l’équipe de recherche, dirigée par le Cold Spring Harbor Laboratory, sont disponibles dans la revue PNAS.
Le rôle génétique de la protéine NF-Y
La protéine NF-Y, également connue sous le nom de facteur nucléaire Y, est un complexe protéique qui joue un rôle crucial dans la régulation de la transcription des gènes. Elle est composée de trois sous-unités : NF-YA, NF-YB et NF-YC. Ensemble, ces sous-unités forment un complexe qui se lie spécifiquement à la séquence CCAAT, présente dans de nombreux promoteurs de gènes.
Le rôle principal de NF-Y est de faciliter la liaison d’autres protéines régulatrices à l’ADN, permettant ainsi l’initiation ou la régulation de la transcription de gènes spécifiques. Grâce à cette fonction, NF-Y est impliquée dans de nombreux processus cellulaires, tels que la division cellulaire, la réponse au stress et la différenciation cellulaire.
Dans le contexte du rhabdomyosarcome, la protéine NF-Y a été identifiée comme ayant un rôle déterminant dans la biologie de cette maladie. Sa capacité à interagir avec d’autres protéines et gènes, comme le gène de fusion PAX3-FOXO1, en fait une cible potentielle pour de nouvelles approches thérapeutiques.
L’interaction entre NF-Y et PAX3-FOXO1
En effet, ce cancer pédiatrique présente des particularités, dont la production du gène de fusion PAX3-FOXO1, résultant de réarrangements chromosomiques typiques de cette maladie. Il joue un rôle déterminant dans la progression du cancer en inhibant la différenciation des cellules musculaires, ce qui favorise une prolifération cellulaire anarchique.
Les scientifiques ont découvert une interaction intéressante entre la protéine NF-Y et PAX3-FOXO1. Bien que les deux aient des fonctions différentes, elles agissent de manière synergique. Tandis que NF-Y se lie principalement aux séquences promotrices de l’ADN, régulant ainsi l’initiation de la transcription des gènes, PAX3-FOXO1 se fixe sur des « enhancers distaux », des régions qui amplifient l’expression des gènes. L’interaction la plus cruciale entre ces deux protéines se situe au niveau du promoteur du gène PAX3. C’est à cet endroit que NF-Y stimule l’expression de PAX3-FOXO1, renforçant ainsi son rôle dans la progression du rhabdomyosarcome. Avec la déficience de NF-Y, les scientifiques ont été témoins d’une transformation étonnante.
Christopher Vakoc, professeur au laboratoire de Cold Spring Harbor et auteur principal de l’étude, explique dans un communiqué : « Les cellules se transforment littéralement en muscle. La tumeur perd tous ses attributs cancéreux. Elles passent de cellules qui veulent juste se développer davantage à des cellules dédiées à la contraction. Parce que toute son énergie et ses ressources sont désormais consacrées à la contraction, la tumeur ne peut pas revenir à cet état de multiplication ». Cette découverte offre une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires du rhabdomyosarcome et ouvre la voie à des stratégies thérapeutiques ciblées.
Vers de nouvelles thérapies
Cette interaction, en effet, suggère que ces deux protéines jouent un rôle conjoint dans la progression de cette maladie. Cette découverte offre une opportunité unique : en ciblant et en modulant l’activité de NF-Y, il serait envisageable de rediriger le comportement des cellules cancéreuses. Au lieu de les laisser se multiplier de manière anarchique, ces cellules pourraient être reprogrammées pour entamer un processus de différenciation, les transformant ainsi en cellules musculaires matures et fonctionnelles.
Cette stratégie thérapeutique potentielle est révolutionnaire. Au lieu de simplement tenter de tuer les cellules cancéreuses, comme le font la plupart des traitements actuels, l’approche basée sur l’interaction NF-Y/PAX3-FOXO1 vise à « guider » ces cellules vers un état sain. Cela pourrait non seulement stopper la progression du cancer, mais aussi contribuer à la régénération du tissu musculaire endommagé.
En somme, bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour traduire ces découvertes en traitements cliniques, l’identification du rôle de NF-Y ouvre la voie à des traitements plus ciblés et potentiellement moins toxiques pour les patients.