Si les centres de données sont réputés pour leur consommation colossale d’énergie, ils nécessitent également une quantité importante d’eau pour refroidir leurs serveurs et éviter ainsi la surchauffe. Microsoft a choisi d’installer l’un de ces centres à Goodyear, en Arizona, un État connu pour son climat aride. Selon un rapport, ce centre consomme une quantité d’eau équivalente à celle de plus de 600 familles.
En 2019, Microsoft a annoncé son investissement à hauteur d’un milliard de dollars dans OpenAI. Le partenariat entre les deux firmes implique que toutes les opérations nécessaires pour entraîner et exécuter les modèles d’IA d’OpenAI soient gérées par les services de cloud computing de Microsoft, Microsoft Azure.
Cette collaboration a entraîné une demande accrue de capacités de calcul, poussant l’entreprise fondée par Bill Gates à intensifier la construction de nouveaux centres de données. La même année, Microsoft a dévoilé un plan ambitieux pour établir de nouvelles infrastructures en Arizona. L’un de ces centres, installé à Goodyear, est fortement critiqué en raison de la quantité d’eau douce qu’il consomme. S’étendant sur une douzaine d’hectares, le site consomme l’équivalent de centaines de ménages en eau douce. Sachant que la région est déjà soumise à des conditions de sécheresse importantes, les critiques ne se sont pas fait attendre.
212 000 mètres cubes par an
Afin de gérer l’excès de chaleur généré par les opérations intensives des serveurs dans le centre de données, Microsoft prévoit un refroidissement reposant sur un flux d’air constant, complété par un système d’eau évaporée. Ni l’entreprise ni la compagnie de services publics locale n’ont accepté de fournir des détails concernant la consommation d’eau prévue, mais le média The Atlantic est toutefois parvenu à obtenir des estimations.
Selon une analyse récemment réalisée, il est estimé que les trois grands bâtiments du centre de données — dont un encore en construction — consomment environ 212 000 mètres cubes d’eau par an. Pour mettre ce chiffre en perspective, cela correspond à l’utilisation annuelle d’environ 670 familles résidant à Goodyear.
Il est à noter que l’Arizona fait face à des conditions climatiques extrêmement difficiles. Le comté de Maricopa en particulier, où Goodyear est situé, a subi une augmentation des cas de sécheresse extrême au dernier trimestre de 2023. Cela intensifie l’urgence d’une gestion efficace de l’eau dans cette région.
Une remise en question des priorités
Malgré son climat désertique, Goodyear est jusqu’à présent parvenu à fournir suffisamment d’eau à ses habitants. Sur le court terme, l’installation de Microsoft sur le territoire n’affectera pas — ou très peu — l’approvisionnement en eau des habitants. Toutefois, le choix de consacrer une partie des ressources en eau à des activités technologiques pourrait finir par impacter les ménages, surtout compte tenu des conditions météorologiques difficiles dans la région.
La situation actuelle remet en question les priorités établies par les autorités locales. Accueillir de grands investissements technologiques peut, certes, stimuler l’économie locale, mais cela risque de compromettre la durabilité des ressources naturelles pour les générations futures.
De plus, l’avancée rapide de la technologie indique que la demande en centres de données va croître de façon exponentielle. Rien que Microsoft par exemple, envisage de construire entre 50 et 100 nouveaux centres chaque année à court et moyen terme. Les décisions relatives à l’expansion de ces infrastructures doivent ainsi être mûrement réfléchies, en tenant compte de leurs impacts non seulement sur la consommation énergétique, mais aussi et surtout sur les ressources en eau potable.