Cette espèce d’araignée et sa capacité hors du commun, ne sont pas très connues du grand public. Pourtant, ça en aurait le mérite ! Les araignées-crabe (Thomisidae), tout comme beaucoup d’autres genres, ont la capacité de fabriquer et déployer leur propre « parachute » pour s’envoler et parcourir plusieurs kilomètres. La vitesse à laquelle l’arachnide produit sa petite voile de soie avant de s’envoler, est tout simplement spectaculaire ! Oui on vous l’accorde, les arachnophobes ne le verront pas du même oeil.
Une nouvelle étude publiée dans PLOS Biology offre des détails inédits non seulement sur la façon dont ces araignées « volantes » peuvent se parachuter dans les airs, mais également sur ce qui les aide à déterminer le bon endroit et le bon moment pour exploiter cette incroyable capacité.
Directement sur le terrain, dans un parc berlinois (Allemagne), les chercheurs ont mené une série d’observations avant de réaliser des expériences de laboratoire dans une soufflerie contrôlée. Dans les deux cas, une araignée Xysticus de 5 millimètres de long a été placée sur une plateforme en forme de dôme.
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Comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous, l’araignée se fixe d’abord à la plateforme avec un premier filament avant de se lancer dans un véritable « ballet », durant lequel elle mesure l’intensité et la direction du vent en s’aidant de ses pattes qu’elle lève dans les airs, un peu comme vous le feriez avec votre index humide pour mieux ressentir le vent et sa direction. L’araignée peut ainsi s’orienter correctement et choisir le bon moment pour déployer son parachute.
Quand elle estime être le moment opportun au niveau des caractéristiques du vent (pour les araignées-crabe, le vent idéal a une vitesse de 2-3 m/s), l’araignée éjecte 3 premiers fils de soie qui forment alors une sorte de pré-voile. Selon les observations effectuées par les scientifiques, les deux premières lignes de soie fabriquées ont un diamètre de 700 nanomètres.
Puis, lors d’un léger courant ascendant, l’araignée va alors rapidement déployer entre 50 et 60 petits fils, cette fois beaucoup plus minces, avec un diamètre inférieur à 200 nanomètres. Oui, c’est moins que la plus petite longueur d’onde du spectre visible. C’est ce deuxième largage qui fournit à l’animal la portance nécessaire pour qu’elle puisse enfin s’envoler. Le processus ne dure au total que quelques secondes.
Si tout se déroule comme prévu, l’araignée coupe alors sa ligne d’ancrage au moment du décollage. Et si quelque chose d’imprévu se produit, comme une variation de la vitesse du vent ou un courant descendant, l’araignée reste simplement hors de sa ligne d’ancrage jusqu’à ce que les conditions soient optimales pour détacher la voile.
Il faut savoir qu’il ne s’agit pas de la seule espèce capable d’un tel exploit. Certaines autres espèces d’araignées ont également l’aptitude de s’envoler et couvrir des centaines de kilomètres après leur naissance, et ce afin de trouver un nouvel endroit pour vivre, rechercher une proie ou, un(e) partenaire. Cette étude donne un aperçu de la façon dont ces araignées sont capables de déterminer le bon moment pour déployer leur « parachute » et s’envoler.
« Les comportements pré-vol que nous avons observés suggèrent que les araignées-crabe évaluent les conditions météorologiques avant leur décollage », a déclaré l’auteur de l’étude, Moonsung Cho dans un communiqué. « Le vol en montgolfière par exemple, ne consiste probablement pas seulement en un lancement aléatoire dans le vent, mais il est effectué lorsque les conditions favorisent le voyage le plus efficace possible », ajoute-t-il.