La vague de chaleur qui s’abat actuellement partout à travers le monde n’est qu’un des nombreux symptômes de l’inlassable progression du réchauffement climatique. Sans réaction rapide, notamment concernant les émissions de gaz à effet de serre, une nouvelle étude démontre que les températures continueront d’augmenter, multipliant avec elles le nombre de victimes annuelles de la chaleur.
Les vagues de chaleur comme celle qui frappe l’Europe cette année sont amenées à se multiplier dans le futur, entraînant avec elles une augmentation du nombre de morts. C’est ce que prédit une étude récente menée par une équipe internationale de médecins et publiée dans la revue PLOS Medicine. Les auteurs indiquent que dans certaines zones du monde, les chaleurs tropicales pourraient un jour augmenter les taux de mortalité de plus de 2000%.
Tandis que les températures s’élèvent, la température corporelle s’emballe et les conditions environnementales se durcissent. Ces conséquences ont un impact néfaste sur la santé des populations. Le mois dernier à Montréal, 70 décès ont été imputés à la chaleur. Puisque le réchauffement climatique tend à rendre ces températures plus fréquentes, les scientifiques étudient désormais avec sérieux les effets d’un tel phénomène en matière de santé publique.
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« Malheureusement, notre étude montre que la fréquence et la sévérité de telles températures vont très certainement augmenter à cause du changement climatique. Cependant, les indices concernant leur impact sur la mortalité à l’échelle globale sont limités » explique Antonio Gasparrini, médecin à l’école de médecine tropicale et d’hygiène de Londres.
Avec ses collègues, Gasparrini a créé une base de données contenant des enregistrements quotidiens des températures et des décès menés entre 1984 et 2015, concernant 412 communautés différentes à travers le monde. Les chercheurs ont ensuite utilisé ces chiffres pour prédire les taux de mortalité liés aux températures depuis 1977 jusqu’à la fin du 21ème siècle, en faisant varier les résultats selon plusieurs scénarios. Et dans le cas où l’humanité continuerait sur sa lancée actuelle, le pronostic est relativement sombre.
« Cette recherche, la plus grande étude épidémiologique concernant la prédiction de l’effet des vagues de chaleur dues au réchauffement climatique, suggère que la mortalité liée aux températures pourrait dramatiquement augmenter, notamment au sein des pays tropicaux et sub-tropicaux densément peuplés » indique Gasparrini.
En 2080, le nombre de décès annuels liés à la chaleur pourrait être multiplié par 30 en Colombie. Pour le Brésil et les Philippines, ce nombre pourrait être multiplié par 10 ou 20. La plupart des grandes villes des États-Unis et d’Australie pourraient faire face à un taux de mortalité multiplié par 4.
Toutefois, l’étude rappelle également que cette sombre progression n’est pas inexorable et que la situation peut tout à fait être renversée. « La bonne nouvelle est que, si nous réduisons les émissions de gaz à effet de serre dans les limites imposées par les accords de Paris, l’impact des prédictions actuelles devrait être fortement limité » confirme Gasparrini.
Dans tous les cas, les populations devront s’adapter à cette élévation progressive des températures. Cette adaptation passerait par la construction de bâtiments mieux isolés, une évolution des conditions de travail, une intervention plus précoce des systèmes de santé dans la prise en charge des effets de la chaleur et l’adoption d’un style de vie individuel adéquat.
Mais malgré ces mesures, et quand bien même les pays s’astreindraient à suivre à la lettre les recommandations des Accords de Paris concernant les gaz à effet de serre, les chercheurs rappellent que le taux de mortalité doublera tout de même dans certains pays tropicaux.
Malheureusement, une prise de conscience universelle des gouvernements à court ou moyen terme semble très peu réaliste. D’autant plus que chaque pays possède son propre rapport au changement climatique. La distribution inégale des richesses et des moyens de lutte contre la chaleur entre les nations rend complexe la mise en place de contre-mesures globales.
Des pays comme la Chine doivent affronter plus que de simples vagues de chaleur. Une étude distincte menée par le MIT a montré que, dans le futur, la grande plaine du nord de la Chine pourrait tout simplement devenir inhabitable à cause de l’élévation des températures.
L’activité des nombreuses fermes situées dans cette zone humidifie l’atmosphère, créant une une surcouche de vapeur atmosphérique et exacerbant l’effet de serre local, augmentant ainsi la température d’un demi degré. Une haute humidité couplée à de hautes températures rend le refroidissement corporel quasiment impossible puisque, dans ces conditions, la transpiration ne peut s’évaporer. Pour les 400 millions d’habitants de la plaine, cela pourrait être catastrophique.
« Ce lieu est en train de devenir le lieu le plus sujet aux futures vagues de chaleur mortelles, surtout dans un contexte de changement climatique » conclut Elfatih Eltahir, climatologue au MIT. Dans tous les cas, sans prise de conscience rapide de l’Homme, la planète qu’il considère comme son foyer risque de se changer en véritable enfer.