Une information utile pour toute femme ayant récemment subi une commotion cérébrale. Une nouvelle étude révèle qu’en moyenne, durant les deux premières années qui suivent une commotion cérébrale, les femmes ont moins de chances de tomber enceintes (76%) que si elles avaient subi des blessures à d’autres parties du corps.
L’étude, menée par Martina Anto-Ocrah de l’université de Rochester (New York) et ses collègues, visait explicitement à étudier les effets d’une commotion cérébrale sur la grossesse. Pour cela, elles ont recruté 102 femmes ayant subi une commotion cérébrale et 143 femmes ayant subi d’autres blessures ayant nécessité une visite aux urgences.
Éviter le biais de l’impact psychologique
Les participantes étaient âgées de 18 à 45 ans et celles ayant subi une commotion cérébrale avaient toutes été blessées à la tête lors d’un accident de la route. Les personnes sans commotion cérébrale n’ont été recrutées que si elles présentaient une blessure suffisamment grave pour justifier une radiographie, mais n’avaient pas d’os fracturés. « Nous voulions qu’il y ait un parallèle psychologique entre ces blessures et les personnes ayant subi une commotion cérébrale », explique Anto-Ocrah. Ainsi, les chercheurs se sont assurés d’éviter, du moins dans une certaine mesure, de biaiser les résultats à cause de différences d’impact psychologique entre les deux types de blessures.
Un taux de grossesse inférieur de 76%
Aucune participante n’avait fait l’objet de violences domestiques dans le passé, de sorte que les chercheurs ont pu se concentrer sur l’effet qu’une seule blessure peut avoir sur la fertilité. L’équipe a constaté qu’au cours des 24 mois suivant la blessure, les femmes ayant subi une commotion cérébrale avaient un taux de grossesse inférieur de 76% à celui des autres participantes à l’étude, même en tenant compte de l’origine ethnique, de l’éducation, de l’utilisation d’une méthode de contraception et des antécédents obstétriques de la personne.
Les femmes qui ont signalé un dysfonctionnement sexuel six à dix semaines après leur commotion cérébrale avaient un taux de grossesse encore plus bas, inférieur de 84%. « Je n’ai pas été surprise par les résultats », déclare Anto-Ocrah. « Nous savons que les commotions cérébrales affectent les menstruations et peuvent provoquer des dysfonctionnements sexuels chez certaines femmes – il est logique que cela affecte également les taux de grossesse ».
Selon elle, il peut y avoir plusieurs raisons. « Il y a certainement une grande dimension psychosociale », dit-elle, notant que la commotion cérébrale peut conduire à la dépression et rendre les gens moins susceptibles de vouloir être intimes avec quelqu’un. Mais au-delà de cela, la commotion cérébrale peut également affecter les hormones essentielles à la grossesse. « Ce qui se passe, c’est que la régulation hormonale est un peu détraquée », explique Anto-Ocrah. « Vos niveaux de progestérone et d’œstrogène sont déréglés, par exemple ».
Limites de l’étude
En décortiquant l’étude, on peut constater que les chercheurs ne se sont pas demandé si les femmes avaient l’intention de tomber enceintes en premier lieu, et Anto-Ocrah déclare que la prochaine étape consistera à examiner spécifiquement cette question chez les femmes qui subissent une commotion cérébrale alors qu’elles ont l’intention de tomber enceinte.
Anthony Kontos, de l’Université de Pittsburgh, en Pennsylvanie, estime que l’absence de prise en compte de l’intention de tomber enceinte est une limite, mais précise néanmoins que « les résultats soutiennent l’impact potentiel des commotions cérébrales sur la santé reproductive des femmes ». « À l’avenir, les chercheurs devraient examiner d’autres facteurs qui pourraient être associés à la relation signalée entre la commotion et la grossesse, comme les facteurs de stress psychologique, ainsi que le moment de la commotion par rapport à l’âge et aux cycles hormonaux », ajoute-t-il.
Selon Anto-Ocrah, un grand nombre des problèmes auxquels les femmes sont confrontées après une commotion cérébrale sont probablement négligés, et il existe un tabou autour de la discussion des effets sur la vie sexuelle après de tels incidents. « Cela semble frivole de s’en plaindre après avoir subi un traumatisme crânien important », dit-elle. « Des femmes m’ont envoyé des courriels pour me dire qu’elles avaient des maux de tête lancinants lorsqu’elles avaient un orgasme plusieurs mois après avoir subi une commotion cérébrale ».