Les experts scientifiques pensent que les si connus manchots empereurs de l’Antarctique sont très vulnérables au changement climatique, tout simplement car le réchauffement des eaux fait fondre la banquise où ils vivent et se reproduisent. Il s’agit donc là d’un constat catastrophique pour les manchots empereurs. Les populations endémiques de l’Antarctique pourraient décliner jusqu’à 70% d’ici la fin du siècle.
À présent, en Antarctique, au sein de la colonie de Halley dans la mer de Weddell, presque tous les nouveaux poussins sont morts en raison de la fonte de leur habitat ces trois dernières années.
Il faut savoir que les manchots empereurs ont besoin de glace de mer qui reste solide pendant la majeure partie de l’année, afin qu’ils puissent trouver des partenaires, se reproduire et élever leurs petits. Pourtant, jusqu’à encore récemment, cette colonie était la deuxième plus importante du monde, avec jusqu’à 25’000 couples de manchots venant s’y reproduire chaque année.
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Cette exigence d’avoir un sol glacé solide est devenue un problème critique pour cette colonie. À partir de 2015, la glace de mer a été perturbée par de fortes tempêtes entraînant un phénomène particulièrement intense connu sous le nom de El Niño : soit le réchauffement saisonnier de l’océan Pacifique, qui modifie les conditions météorologiques mondiales, mettant notamment fin à la saison de pêche.
C’est en effectuant des analyses d’images à haute résolution provenant de satellites, étudiées par le centre de recherche britannique de l’Antarctique (BAS), que Peter Fretwell, expert en télédétection du British Antarctic Survey à Cambridge, a pu constater l’état de la colonie.
En effet, les analyses des images étudiées ont montré qu’en 2016, la glace sur laquelle ces couples élevaient leurs petits a cédé, causant la mort de presque tous les poussins présents à ce moment-là sur la glace. Depuis, le chercheur n’a constaté aucun nouveau poussin. Selon lui et son co-auteur, Phil Tranthan, écologiste des manchots de l’Antarctique britannique, il s’agit là d’une « période sans précédent d’échec de la reproduction des manchots empereurs ».
Malheureusement, tout comme en 2016, en 2017 et 2018, la météo a également été très chaude et orageuse dans la région de la colonie. « Nous avons suivi la population de cette colonie et d’autres colonies de la région ces dix dernières années, en utilisant des images satellites haute définition. Ces images ont clairement montré une faillite catastrophique dans la reproduction sur ce site ces trois dernières années », a expliqué Peter Fretwell.
« Comme nous connaissons mal les tendances de la population de manchots empereurs dans la plupart de leurs colonies, ceci n’est pas une bonne nouvelle », a déclaré Dee Boersma, écologiste des manchots à l’Université de Washington à Seattle (USA), qui n’a pas participé à la recherche.
Selon les experts, le récent échec de reproduction pourrait (à lui seul) ne pas avoir un impact trop grave sur le long terme, par rapport à l’intégralité de l’espèce. En effet, « comme certains individus vivent plus de 30 ans, ces manchots devraient avoir d’autres possibilités de reproduction », a expliqué Boersma.
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À l’heure actuelle, il semblerait qu’un bon nombre de ces manchots empereurs soient en train d’aller s’installer parmi la colonie adjacente la plus proche, située à environ 55 kilomètres.
Il s’agit tout de même d’un problème sans précédent, qui reste extrêmement préoccupant selon les chercheurs : « Je pensais que la mer de Weddell serait l’un des derniers endroits où nous verrions cela. Le fait que ces manchots soient toujours vulnérables est une surprise », explique Tranthan.
De nombreux experts en changement climatique pensaient jusqu’à présent que la zone de mer de Weddell restait relativement isolée des bouleversements dramatiques de la fonte des glaces et autres conséquences du changement climatique, qui se produisent partout ailleurs sur le continent. Mais comme nous pouvons le constater, ce n’est pas le cas. Personne n’est à l’abri de ces changements drastiques.