Chaque heure passée quotidiennement devant un écran augmente de 21 % le risque de myopie, révèle une méta-analyse portant sur plus de 335 000 personnes. Les données indiquent que ce risque augmente considérablement entre 1 et 4 heures d’exposition par jour, puis moins fortement au-delà de 4 heures. Étant donné l’usage répandu des écrans, les chercheurs estiment que près de la moitié de la population mondiale pourrait être myope d’ici 2050.
La prévalence de la myopie a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, affectant 2,6 milliards de personnes dans le monde et près de 27 millions en France. Cette augmentation implique à la fois un plus grand nombre de personnes affectées et une apparition plus précoce de la maladie. Cela laisse présager une augmentation de la prévalence des maladies liées à la myopie, telles que la dégénérescence maculaire, le décollement de la rétine et le glaucome.
Les médecins estiment que cette augmentation est liée à des facteurs environnementaux typiquement associés aux sociétés urbanisées. Parmi les principaux facteurs figurent l’augmentation des activités nécessitant une vision de près et la réduction des activités en extérieur. L’adoption généralisée des appareils numériques a en effet introduit de nouvelles formes d’activité de vision de près, que ce soit dans le domaine professionnel ou éducatif, ou encore dans le cadre des loisirs.
Une précédente méta-analyse indique une association claire entre le temps passé devant un écran d’appareils intelligents (smartphones ou tablettes) ou devant un ordinateur, avec la myopie. Alors que le temps passé devant les appareils intelligents seuls augmenterait de 26 % le risque de myopie, celui combiné à l’utilisation d’un ordinateur augmente de 77 % le risque.
Cependant, d’autres études indiquent des résultats contradictoires, suggérant notamment que le temps passé devant un ordinateur seul augmente le risque de myopie, tandis que celui passé devant d’autres appareils n’aurait pas le même effet. D’un autre côté, l’association entre la myopie et le temps passé devant les écrans n’a pas véritablement été explorée en profondeur.
Afin de combler les lacunes, la nouvelle étude, codirigée par l’École de médecine de l’Université nationale de Jeju (en Corée du Sud), élargit la portée des méta-analyses précédentes, tant quantitativement que qualitativement. « Alors que les enfants utilisent de plus en plus tôt les écrans, il est urgent de mieux comprendre le lien entre le temps passé devant un écran numérique et la myopie », indiquent les chercheurs dans leur document, récemment publié sur la plateforme JAMA Network.
Un seuil de sécurité potentiel de moins d’une heure d’exposition par jour
Pour effectuer leur enquête, les chercheurs de la nouvelle étude ont rassemblé les données de 45 études différentes portant sur près de 335 524 personnes au total. Les bases de données utilisées incluent PubMed, EMBASE, Cochrane Library, CINAHL et ClinicalTrials.gov, et rassemblent des articles publiés jusqu’au 25 novembre 2024. Les études analysées examinent l’association entre l’exposition aux appareils à écran numérique (smartphones, tablettes, consoles de jeux, ordinateurs ou téléviseurs) et les résultats liés à la myopie.
« De plus, nous avons mené une méta-analyse dose-réponse (DRMA) pour étudier l’association non linéaire potentielle entre le temps passé devant un écran numérique et la myopie, dans le but d’identifier un éventuel seuil de sécurité pour l’exposition au temps passé devant un écran », indique l’équipe.
Les résultats révèlent que chaque heure passée quotidiennement devant l’écran augmente de 21 % le risque de myopie. Ce risque augmente de manière exponentielle entre 1 et 4 heures d’exposition, puis de manière plus progressive avec des heures supplémentaires. Le risque irait jusqu’à doubler avec plus de 4 heures d’exposition quotidiennes. D’après les chercheurs, ces résultats suggèrent un seuil de sécurité potentiel inférieur à une heure d’exposition par jour.
D’un autre côté, l’évaluation des risques a été effectuée indépendamment de toute autre activité nécessitant une vision de près, telle que la lecture ou l’écriture. Toutefois, « il est également probable que l’utilisation d’écrans numériques et d’autres tâches de vision de près contribuent collectivement au risque de myopie, influençant potentiellement la tendance globale de la relation dose-réponse », précisent les chercheurs.
Cela suggère que la réduction du temps passé devant un écran au profit d’activités de vision de près traditionnelles ne serait pas nécessairement très efficace en tant que stratégie de prévention contre la myopie. Les chercheurs suggèrent plutôt de réduire au mieux ce type d’activité et de favoriser celles en extérieur.