Le Chili abrite un petit félin, peu étudié par la communauté scientifique (de par sa taille et sa zone de répartition réduites). Le guigna, que l’on pourrait aisément confondre avec un chat domestique, se distingue toutefois pas une caractéristique particulière : ses ronronnements ressemblent au gazouillement d’un petit oiseau ! Des scientifiques publient l’enregistrement de ses surprenantes vocalises pour la première fois…
Le guigna, aussi appelé « chat du Chili » ou kodkod, appartient à la famille des félins, du genre Leopardus. C’est le plus petit félin du continent américain : il mesure entre 40 et 52 cm – avec une queue de 19 à 25 cm – et pèse entre 1,5 et 3 kg. Il se caractérise par une petite tête et de grandes oreilles rondes, une queue courte et touffue, de larges pattes et un pelage tacheté de noir. On le trouve dans les forêts tempérées du sud et du centre du Chili, ainsi que sur une petite région à l’ouest de l’Argentine.
Une entrée remarquée dans « l’arche photographique »
Le guigna est récemment devenu la 10’000e espèce à être photographiée pour la National Geographic Photo Ark ; dirigée par le photographe Joel Sartore, cette galerie photos en ligne vise à référencer les espèces sauvages du monde entier, afin de sensibiliser la population sur les menaces qui pèsent sur elles et sur l’importance de sauvegarder la faune sauvage.
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La séance photo du petit félin fut l’occasion d’enregistrer le ronronnement de l’animal, qui s’apparente davantage au roucoulement d’un oiseau. Écoutez plutôt :
Classé comme « vulnérable » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le guigna est protégé sur l’ensemble de son aire de répartition. Le déclin de cette espèce est principalement dû à la dégradation de son habitat, mais aussi aux maladies émergentes transmises par les chats, ainsi qu’à des tueries de représailles (le guigna s’attaque parfois aux poulaillers) ou des décès accidentels causés par les voitures.
Fort heureusement, la réserve nationale de la faune andine Eduardo Avaroa travaille à la réhabilitation des petits félins. De même, Constanza Napolitano, chercheuse à l’Institut d’écologie et de la biodiversité de l’Université du Chili et membre du groupe de spécialistes des félinés de l’UICN, met en œuvre des activités de conservation pour réduire les principales menaces qui pèsent sur le guigna (avec le soutien de National Geographic).
Des clichés pour sensibiliser les individus
Plutôt rare et discret, le guigna n’a pas fait l’objet de beaucoup d’études scientifiques, relativement à d’autres espèces. Son entrée dans la National Geographic Photo Ark va sans doute permettre d’attirer un peu plus l’attention sur lui, c’est d’ailleurs l’objectif des fondateurs du projet.
L’« Arche » constituée au fil des années par Joel Sartore est un véritable régal pour les yeux. La toute première espèce à entrer dans ce catalogue d’espèces animales est un rat-taupe nu (Heterocephalus glaber), photographié en 2006. Le 1000e élu fut le condor de Californie (Gymnogyps californianus) et le 5000e était la panthère de Perse, ou léopard iranien (Panthera pardus saxicolor).
Aujourd’hui, l’arche compte 10’000 espèces ! À terme, comme précisé sur le site du projet, Sartore souhaite référencer dans sa galerie de photos pas moins de 15’000 espèces, vivant dans les zoos et les réserves naturelles du monde entier. Plusieurs classes d’animaux sont mises à l’honneur (mammifères, poissons, oiseaux, amphibiens, reptiles, invertébrés) et le photographe fait en sorte de donner la même importance à chacun à travers ses clichés. En explorant la galerie, il est possible de filtrer l’affichage selon les classes d’animaux, le statut sur la liste rouge de l’IUCN et le lieu de la prise de vues.
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Avec ces portraits, Sartore espère non seulement créer un « enregistrement visuel » de la biodiversité, mais aussi rapprocher les individus des espèces menacées et vulnérables, qui sont largement impactées par l’activité humaine. « Grâce à Photo Ark, nous avons pu rehausser le profil d’espèces qui, autrement, n’obtiendraient pas l’attention qu’elles méritent », se réjouit Sartore.
À travers ce projet, ce passionné de nature espère favoriser l’engagement des personnes envers la protection des espaces et des espèces sauvages, avant qu’ils ne disparaissent à jamais. « C’est le contact visuel qui fait bouger les gens », a déclaré Sartore dans un communiqué. « Cela engage leurs sentiments de compassion et leur désir d’aider ».