Le chat est un animal plutôt solitaire, qui fait généralement preuve d’indifférence vis-à-vis de son environnement et de son maître (du moins, en apparence). Si bien que l’on aimerait parfois pouvoir lire dans son esprit pour savoir ce qu’il a en tête. Sachez que c’est désormais possible : des chercheurs de l’Université de Liverpool ont mis au point un questionnaire qui permet de révéler si votre animal montre ou non des signes de psychopathie. Ils espèrent ainsi améliorer les relations entre les humains et leurs chats.
La psychopathie est un trouble de la personnalité caractérisé par des désordres émotionnels et des comportements antisociaux. Chez les humains, le diagnostic est établi à l’aide de la Psychopathy Checklist de Hare, développée dans les années 1970 par le psychologue canadien Robert D. Hare. Cette liste repose sur 20 traits de personnalité et comportements typiques, puis est complétée par des informations collatérales. Toute personne ayant un score suffisamment élevé (variable selon les pays) est considérée comme psychopathe.
Jusqu’à présent, il n’existait pas d’équivalent pour les animaux. Mais une équipe dirigée par la psychologue Rebecca Evans, de l’Université de Liverpool, vient de combler ce manque. « Nos chats et les différences dans leurs personnalités nous ont inspirés pour commencer cette recherche », a-t-elle déclaré. Le questionnaire, disponible en ligne, comporte 46 items ; il est essentiellement question d’évaluer les niveaux de méchanceté (assimilable à un manque d’empathie), d’audace et de désinhibition de votre chat — qui correspondent au modèle triarchique de la psychopathie. Le score final obtenu révèle ainsi le niveau de psychopathie de votre animal.
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Tous les chats présentent un trait de psychopathie
Chez l’Homme, la psychopathie est souvent caractérisée par un manque d’empathie et une tendance à manipuler les autres ; les psychopathes peuvent cependant paraître « normaux » et même charmants en apparence. Chez le chat, le trouble se manifeste sensiblement de la même manière et pourrait concerner la totalité de l’espèce. « Il est probable que tous les chats présentent un élément de psychopathie, car cela aurait été utile à leurs ancêtres pour acquérir des ressources, par exemple de la nourriture, un territoire et des opportunités d’accouplement », explique Rebecca Evans. Évidemment, dans un cadre domestique confortable, ces compétences n’ont plus beaucoup de sens.
Pour élaborer leur questionnaire, les chercheurs ont étudié les relations entre plus de 2000 propriétaires de chats et leurs animaux. Baptisé CAT-Tri+, ce test est le premier outil disponible pour mesurer la psychopathie chez les chats. Leurs recherches sont détaillées dans un article paru dans the Journal of Research in Personality.
Pour chaque item proposé (ex. « Mon chat ronronne quand il attaque des gens/animaux », « Mon chat me domine », « Mon chat ne semble pas se sentir coupable après s’être mal conduit », etc.), le propriétaire de l’animal doit préciser si cela décrit son chat « un peu, modérément, beaucoup, extrêmement ou pas du tout ». Le questionnaire demande par exemple des informations sur le côté aventureux de votre chat lorsqu’il explore son environnement, comment il réagit au danger, comment il réagit aux autres chats, s’il a besoin ou non d’une stimulation constante et dans quelle mesure il obéit aux règles de la maison.
Les différents comportements associés à ces situations, notamment les changements d’humeur soudains, l’agressivité envers de nouvelles personnes et les réactions aux caresses, sont également explorés. Grâce à ce questionnaire, l’équipe pense que les relations homme-chat peuvent être améliorées.
Mieux comprendre les chats pour limiter les abandons
Selon Rebecca Evans, la perception de la psychopathie du chat par son propriétaire peut l’aider à mieux comprendre certains de ses comportements. « Mon chat Gumball obtient un score relativement élevé sur l’échelle de désinhibition, ce qui signifie qu’il peut être assez bruyant, en recherche constante de proximité et excitable », explique-t-elle à titre d’exemple. Axel, le chat de Minna Lyons, l’une des co-auteures de l’étude, a lui aussi participé à une partie des recherches. « Axel est totalement audacieux et connu pour entrer dans les maisons, les voitures et les garages des voisins pour chercher de la nourriture », a déclaré sa propriétaire, ce qui est un signe de psychopathie féline.
L’objectif ultime de l’étude est de permettre aux humains de mieux comprendre leurs chats. Les animaux au comportement indésirable sont trop souvent abandonnés ou confiés à des refuges ; près de 11 670 chats ont été recueillis par la SPA cet été. L’équipe de recherche espère que leur étude psychologique pourra aider à identifier les comportements « difficiles » chez les chats, afin que leurs propriétaires puissent peut-être adapter leur environnement ou leur éducation en conséquence.
Par exemple, ceux qui obtiennent un score plus élevé pour l’audace — qui est associée ici à la domination sociale et à un faible niveau de peur — gagneraient à passer plus de temps avec des griffoirs et grattoirs (pour marquer leur territoire) ou à escalader des obstacles complexes.
Les chercheurs ont également pu dégager certains modèles à partir des quelque 550 volontaires qui avaient déjà rempli le questionnaire dans le cadre d’une première phase de l’étude. « La désinhibition et l’hostilité envers d’autres animaux domestiques prédisent une relation de meilleure qualité entre le chat et son propriétaire, tandis que la méchanceté et l’audace prédisent une relation de moindre qualité », résument-ils. Alors, pour mieux comprendre votre chat, faites le test ! (Le calcul des scores est expliqué à la fin du questionnaire)