Il ne passe pas une semaine sans que ChatGPT surpasse ses propres performances. La courbe d’amélioration de cette IA, se rapprochant toujours plus d’une intelligence générale artificielle, est impressionnante et fulgurante. Elle est désormais connectée à internet en temps réel et peut même exécuter du code informatique après l’avoir écrit elle-même. Elle peut utiliser plusieurs plugins et continuer à progresser dans tous les domaines, remédiant à une limitation de taille, à savoir la prise en compte de données externes à celles déjà intégrées pour son apprentissage — nombre de ces plugins permettant d’obtenir des informations depuis le web. Elle devient ainsi une sorte d’assistant personnel ultime, exécutant de plus en plus de tâches annexes à la « simple » production de textes et de code.
Les modèles de langage d’aujourd’hui, bien qu’utiles pour une variété de tâches, sont pour la plupart encore limités. Les seules informations dont ils peuvent tirer des enseignements sont leurs données d’entraînement. Ces informations peuvent être obsolètes et sont de taille unique pour toutes les applications. D’ailleurs, les données intégrées à ChatGPT-4 datent au plus tard de novembre 2021.
De plus, la seule chose que les modèles de langage peuvent faire par défaut est de générer du texte. Ce texte peut contenir des instructions utiles, mais pour suivre ces instructions, un autre processus est nécessaire.
OpenAI, société créatrice de ChatGPT, utilise une analogie concernant ces processus annexes, les plugins. Ils peuvent être comparés à des « yeux et des oreilles » pour les modèles de langage, leur donnant accès à des informations récentes, personnelles ou spécifiques non incluses dans les données de formation. En réponse à la demande explicite d’un utilisateur, les plugins peuvent également permettre aux modèles de langage d’effectuer des actions sécurisées et contraintes en leur nom, augmentant ainsi l’utilité du système dans son ensemble.
Le 23 mars, OpenAI a annoncé la « connexion à internet » de son intelligence artificielle, bien que restreinte à des sources « de confiance » comme Expedia, OpenTable, Kayak ou WolframAlpha pour le moment. OpenAI donne progressivement accès aux plugins existants pour les utilisateurs de ChatGPT, en commençant par les abonnés ChatGPT Plus et les développeurs. Parmi les plugins présentés, « Browsing » permet à ChatGPT de récupérer des informations sur le web. Il est également proposé aux développeurs de créer leurs propres plugins.
Une IA connectée et surfant sur des données actualisées
ChatGPT peut également interagir avec d’autres API. Elle ne se contente donc pas de récupérer des informations en temps réel, mais aussi « d’effectuer des actions au nom de l’utilisateur » selon le communiqué de l’entreprise, interagissant directement avec des ressources connectées.
OpenAI illustre les capacités du plug-in de navigation « Browsing » à travers un exemple concret. La requête d’entrée est : « Comment les lauréats des Oscars de cette année se placent au box-office comparativement aux films récemment sortis ». ChatGPT analyse la demande de l’utilisateur et comprend par lui même que pour cette dernière, il doit naviguer sur le web pour accéder à certaines informations. Il indique à l’utilisateur les actions réalisées, puis analyse les données obtenues et les utilise pour répondre au besoin exprimé par l’internaute, ce qu’il ne pouvait pas accomplir auparavant.
ChatGPT, programmeur et assistant personnel ?
Comme mentionné précédemment, le 23 mars dernier, OpenAI annonçait la mise en place du protocole ouvert (le protocole Plugin) qui connecte ses modèles de langage à des API désignées pour une utilisation externe. ChatGPT peut ainsi entre autres, grâce à un plugin, exécuter le code qu’il écrit. En effet, OpenAI vient de le doter d’un interpréteur Python fonctionnel, installé dans un « environnement d’exécution en bac à sable et pare-feu » selon les termes de l’équipe, ainsi qu’un espace disque, qui reste disponible pendant la durée de la session de chat ou jusqu’à son expiration. Il peut également télécharger des fichiers.
Concrètement si l’utilisateur lui pose une question qui nécessite des calculs, l’IA est maintenant capable de coder un logiciel spécifiquement pour la tâche et d’exécuter ce code pour la terminer. En lui fournissant des données, dans certains formats de fichiers, elle effectue les opérations nécessaires et donne une sortie dans le format désiré (graphique, présentation, etc.).
Pour ce qui est des autres plugins, pour l’instant à l’essai : l’IA peut par exemple organiser tout un voyage en termes d’hébergement, de transports, de réservations de restaurants, en utilisant les plugins Expedia, OpenTable et Kayak. Elle peut également, grâce aux plugins Instacart, Klarna et Shop, rechercher et comparer des produits et préparer des commandes. Un autre plug-in très puissant, Wolfram|Alpha, donne à GPT un accès à des capacités mathématiques et informatiques avancées, ainsi qu’à des flux de données en temps réel.
Enfin, comme l’explique le communiqué de la société détenant l’application Zapier, ChatGPT y a désormais accès. Pour info, Zapier permet à un utilisateur d’interconnecter plus de 5000 applications (comme Google Sheets, Gmail, Slack, les réseaux sociaux, des sites web) et désormais également ChatGPT.
Ce plugin (Zapier) est alimenté par la nouvelle API Natural Language Actions de Zapier, qui permet aux modèles d’IA comme ChatGPT d’utiliser un langage naturel simple pour effectuer des actions dans d’autres applications. Les possibilités pour effectuer et automatiser des tâches entières au sein d’une interface simple sont presque infinies. ChatGPT se voit donc désormais en assistant personnel ultime. Au lieu de sauter entre un tas d’onglets différents, il suffit simplement de lui demander d’effectuer une tâche dans une autre application.
Des risques à limiter impérativement
La connexion des modèles de langage à des outils externes introduit de nouvelles opportunités, mais aussi de nouveaux risques significatifs, des risques sans précédent à chaque étape franchie par cette technologie. En effet, il existe un risque que les plugins augmentent les problèmes de sécurité en prenant des mesures nuisibles ou involontaires, facilitant l’utilisation malveillante de cette IA (fraude, abus, etc.). C’est pour cette raison qu’OpenAI affirme que « ces facteurs ont guidé le développement de la plateforme de plugins [avec] plusieurs mesures de protection ».
Néanmoins, la progression vertigineuse de ChatGPT attisera la jalousie et l’envie de la concurrencer, mais peut-être avec moins de rigueur et des risques inconsidérés quant au pouvoir donné à cette technologie. Menace ou réelle évolution, l’avenir le dira.