Si de nombreuses recherches sont consacrées aux capacités cognitives et à l’intelligence des chiens (Canis familiaris), très peu encore sont dédiées aux chats de compagnie (Felis catus). Souvent jugés indépendants ou indisciplinés en comparaison des chiens, les chats développeraient néanmoins des liens profonds avec leurs propriétaires. Selon une petite étude parue dans la revue Animal Cognition, ils distingueraient non seulement la voix de leurs maîtres de celle d’un étranger, mais également quand ces derniers s’adressent particulièrement à eux et non à quelqu’un d’autre. L’on pourrait alors penser que la relation homme-chat a son propre « langage », mais aussi, malheureusement, que les félins choisissent parfois de nous ignorer alors qu’ils sont conscients que l’on s’adresse à eux…
Lorsque l’on s’adresse à quelqu’un, nous avons tendance à changer de ton selon la personne ou selon l’objet de la demande. Par amour et par affection pour eux, il est courant que l’on en vienne à cajoler nos animaux de compagnie, quitte à leur parler de la même façon qu’à un enfant. Si les chiens répondent souvent facilement à leurs maîtres, ou à un simple geste affectueux, ce n’est pas forcément le cas avec les chats. En effet, des études antérieures ont prouvé que même s’ils reconnaissent la voix de leurs maîtres, ils ont parfois tendance à les ignorer délibérément, du moins quand l’objet de l’appel ne les intéresse pas.
Leurs regards et comportements indolents quand on essaie d’attirer leur attention, découleraient selon les chercheurs d’une domestication « incomplète », arrivée plus tardivement que celle des chiens. Certains experts estiment d’ailleurs que les chats se seraient « domestiqués eux-mêmes », probablement dans le but de s’adapter à la cohabitation avec les humains afin d’obtenir nourriture et privilèges.
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D’un autre côté, en éthologie, la notion d’intelligence animale est de plus en plus approfondie, compte tenu des comportements observés chez les animaux de compagnie — qui dépassent parfois nos attentes et surtout notre compréhension. Étant donné leurs « forts caractères », l’on pourrait penser dans ce sens que les chats écoutent leurs maîtres seulement parce qu’ils le veulent bien et non parce qu’ils ont été dressés.
Ce côté « indomptable » explique probablement le manque d’études dédiées aux chats, leurs réponses à des expériences étant probablement difficiles à analyser. La nouvelle étude dirigée par des chercheurs de l’Université de Paris Nanterre ne concerne que moins d’une vingtaine de chats, mais offre déjà un aperçu de la subtilité des relations homme-chat. S’il a été notamment démontré que nos chats peuvent reconnaître notre voix, l’on en sait moins sur la façon dont ils y réagissent.
Dans le cadre de la nouvelle étude, les chercheurs ont soumis 16 chats à trois conditions différentes où ils leur faisaient écouter des enregistrements vocaux. La première modifiait la voix de l’orateur de sorte à la faire ressembler à celle de leur propriétaire. La deuxième visait à changer le ton utilisé par les propriétaires lorsqu’ils s’adressaient à quelqu’un d’autre (un adulte) ou au chat. Et la troisième consistait à modifier le ton de la voix d’un étranger lorsqu’il s’adressait à un humain ou au chat. Les changements de comportement des chats ont ensuite été évalués selon leurs changements d’état de repos, les mouvements des oreilles, la dilatation des pupilles et les mouvements de la queue.
Dans la première condition, 10 des chats testés ont montré une diminution de réaction, en entendant trois enregistrements vocaux de la voix d’un étranger les appelant par leur nom. En écoutant la voix de leurs propriétaires cependant, leur changement de comportement et les réactions physiques ont augmenté de manière significative. Ces résultats indiquent que les chats distinguent assez facilement la voix de leurs propriétaires de celle d’un étranger.
Lorsque les chats ont été soumis à la deuxième condition expérimentale, ils ont montré une baisse d’intérêt significative quand le ton de leurs maîtres indiquait que les messages ne leur étaient pas adressés. Par contre, il y a eu un regain d’intérêt quand le ton indiquait que les propriétaires s’adressaient particulièrement à eux. De plus, ils ignoraient les étrangers même quand ceux-ci changeaient de ton de sorte à s’adresser particulièrement aux chats.
Toutefois, il faut garder à l’esprit que ces résultats ne concernent que 16 individus, et pourraient donc ne pas éclairer totalement toutes les subtilités des comportements de ces félins. En prochaine étape, les chercheurs pensent réitérer l’expérience en choisissant des chats plus socialisés et plus habitués à côtoyer d’autres personnes en dehors de leurs maîtres.