C’est à travers la science-fiction qu’un professeur de l’Université du Colorado a décidé de projeter de manière créative une vision collective des conséquences potentielles de la modification du cycle de l’eau atmosphérique induites par l’humain. Cette approche fait partie intégrante d’une étude dont l’objectif est de susciter un intérêt commun pour les enjeux environnementaux auxquels le monde fait face.
Les activités humaines entraînent souvent une transformation profonde — et parfois destructrice — des équilibres naturels établis depuis des millénaires. Le changement climatique, dont nous faisons actuellement les frais, est l’un des bouleversements les plus flagrants. Un autre exemple moins médiatisé concerne la modification du cycle de l’eau dans l’atmosphère. Plusieurs causes sont à l’origine de ce changement. L’exploitation du sol en est en majeure partie responsable. Cela fait référence à la manière dont les terres sont utilisées par les humains, incluant la déforestation, l’urbanisation intensive ou encore les pratiques agricoles intensives.
Toutes ces activités altèrent la capacité de la Terre à maintenir l’humidité et affectent la fréquence des précipitations. Une autre pratique qui peut impacter le cycle de l’eau dans l’atmosphère est l’ensemencement des nuages, dont la dispersion de substances telles que l’iodure d’argent dans les nuages pour influencer les précipitations. Compte tenu des changements déjà bien perceptibles, une question se pose : quels seront les effets à long terme de ces pratiques affectant le cycle de l’eau ? Dans une étude publiée dans la revue Global Sustainability, un expert tente de répondre à la question de façon créative.
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Une approche scientifique particulière(ment créative)
Depuis plusieurs années, le professeur Patrick Keys de l’Université du Colorado se penche sur l’étude de la modification du cycle de l’eau dans l’atmosphère. Afin de mieux imager les effets à long terme de ces changements, il a adopté une approche quelque peu inhabituelle. Keys a notamment sollicité l’aide d’experts en eau afin qu’ils imaginent et rédigent des scénarios sous forme de récits de science-fiction. Ces histoires visent à explorer les futurs possibles auxquels l’humanité pourrait être confrontée suite à ces changements environnementaux. « Cette approche peut nous aider à reconnaître certains aspects auxquels nous ne prêtons peut-être pas attention », explique le professeur dans un communiqué.
Les experts sollicités par Keys proviennent de tous horizons, dans le but d’obtenir des perspectives variées. Ils ont été invités à envisager les façons dont les pratiques actuelles évolueront et affecteront l’avenir. Les spécialistes ont été encouragés à imaginer des scénarios allant des plus probables aux plus étranges et improbables. L’objectif était d’explorer une gamme plus vaste de possibilités que ce qu’une étude scientifique s’autorise habituellement.
Les participants ont alors élaboré 10 scénarios sous forme de récits de science-fiction, des histoires illustrant les aspects et défis de la gestion future de l’eau. Pour compléter et enrichir les scénarios écrits, Keys a collaboré avec l’artiste Fabio Comin, qui a produit des visuels dignes de scénarios de science-fiction.
La fiction comme outil de compréhension des enjeux environnementaux
Les résultats de l’étude devraient permettre de mieux explorer la manière dont les eaux seront gérées à l’avenir. Ils donnent notamment des aperçus sur les actions potentielles des différents acteurs (gouvernements, entreprises, communautés) pour sécuriser l’accès à l’eau.
Par ailleurs, les images et les récits produits peuvent aider le public à mieux saisir les implications des activités humaines sur le cycle de l’eau. Ces éléments favorisent également une compréhension commune des défis futurs en matière de gestion des ressources vitales. En somme, cette combinaison d’art et de science-fiction constitue un outil permettant d’imaginer, comprendre et à terme peut-être même de répondre aux enjeux environnementaux complexes auxquels nous sommes confrontés.