Des chercheurs mettent en lumière une coïncidence troublante entre essais nucléaires et PAN

Leurs dates semblent aussi coïncider avec celles des mystérieux phénomènes transitoires.

essais nucleaires PAN
| Stephen Bruehl et al.
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En analysant les photographies historiques prises entre 1949 et 1957 par l’observatoire Palomar, des chercheurs ont découvert que les mystérieux phénomènes transitoires qui y apparaissent semblent coïncider avec les essais nucléaires de l’époque ainsi qu’avec les signalements de phénomènes aériens non identifiés (PAN). Alors que ces derniers nourrissent depuis des décennies les théories les plus fantaisistes, leur lien potentiel avec les essais nucléaires pourrait enfin offrir une piste de compréhension et démystifier le phénomène.

Les objets ou phénomènes transitoires apparaissent sur les détecteurs et les photographies astronomiques comme des étoiles, mais disparaissent lorsque la même région du ciel est photographiée ultérieurement. Certains de ces phénomènes ont été capturés avant même le lancement du premier satellite artificiel, Spoutnik, le 4 octobre 1957. Ils apparaissent parfois à plusieurs sur une même image et présentent des caractéristiques difficiles à expliquer par des causes conventionnelles, telles que les sursauts gamma.

Leur origine demeurant inconnue, de nombreuses hypothèses ont été avancées. Certaines évoquent de petits fragments d’astéroïdes ou des défauts sur les plaques photographiques, mais aucune n’a jusqu’à présent été confirmée. Cette incertitude a conduit certains astronomes à les considérer comme des phénomènes aériens non identifiés (PAN) ou objets volants non identifiés (OVNI).

Les PAN sont si insaisissables que des hypothèses d’origine extraterrestre ont été évoquées. De plus, le fait qu’ils semblent entourés de secrets excessifs de la part d’organismes gouvernementaux américains n’a fait qu’alimenter davantage le mystère.

Essais nucléaires : une hypothèse plausible pour les transitoires ?

De nombreux témoignages suggèrent qu’ils pourraient être liés aux essais nucléaires. Cette hypothèse s’appuie sur plusieurs éléments. L’un d’eux est qu’au moins 124 essais nucléaires aériens ont été menés par les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni entre 1951 et 1957, période durant laquelle de nombreux PAN ont été photographiés par l’observatoire Palomar, en Californie.

Dans certaines conditions, le rayonnement nucléaire peut produire un flash visible appelé « rayonnement Tcherenkov ». Ce flash pourrait être perceptible dans l’atmosphère lorsque les atomes interagissent avec des particules à haute énergie. Selon certaines sources, des rapports ont mentionné la présence de boules de feu lumineuses dans le ciel peu de temps après des essais nucléaires réalisés au-dessus de zones où d’importantes retombées radioactives étaient attendues.

Cependant, la corrélation potentielle entre ces phénomènes et les PAN n’avait jusqu’ici pas fait l’objet d’une analyse statistique. Des chercheurs du projet Vanishing and Appearing Sources during a Century of Observations (VASCO) ont exploré ce lien dans une nouvelle étude publiée récemment dans la revue Scientific Reports. « Sur la base de ces observations, nous émettons l’hypothèse que certains phénomènes transitoires pourraient représenter un effet atmosphérique non identifié des essais nucléaires », ont-ils écrit.

Quatre expositions de la région du ciel de 3 × 3 minutes d’arc centrée sur le triple transitoire identifié en juillet 1952. En haut à gauche : image rouge de l’observatoire Palomar du 19 juillet 1952 à 8 h 52 (TU) montrant le triple transitoire juste au-dessus du centre. En haut à droite : image bleue de l’observatoire Palomar de la même région, prise immédiatement après avec un temps d’exposition de 10 minutes, sans trace du triple transitoire. En bas à gauche et à droite : images rouge (à gauche) et bleue (à droite) de l’observatoire Palomar prises deux mois plus tard (14 septembre 1952), montrant la disparition du transitoire. © Stephen Bruehl et al.

45 % de probabilité de transitoires 24 heures après un essai nucléaire

Le programme VASCO analyse les archives numérisées de relevés astronomiques historiques et modernes afin d’enquêter sur les phénomènes transitoires. Pour cette étude, les chercheurs ont examiné les photographies prises par l’observatoire Palomar entre 1949 et 1957. Ils ont compilé un ensemble de données couvrant 2 718 jours afin de comparer les dates des observations de phénomènes transitoires avec celles des essais nucléaires.

« Nous avons effectué un test préliminaire des hypothèses spéculatives ci-dessus à l’aide d’une base de données que nous avons créée, contenant plus de 100 000 objets transitoires identifiés dans les images du relevé de l’observatoire Palomar », expliquent les chercheurs. Chacun des transitoires n’apparaît ni sur les images prises peu de temps avant la date à laquelle l’observatoire les a capturés, ni sur celles d’après. Mis à part la date des essais nucléaires, celles des signalements de PAN extraites d’une base de données exhaustive ont également été prises en compte.

« Bien que nous anticipions un bruit important dans les données d’observation des PAN (par exemple, en raison d’erreurs de témoins) et potentiellement aussi dans les données transitoires (erreurs d’identification liées à la poussière, au rayonnement cosmique, etc.), nous pensions qu’il était essentiel de soumettre ces hypothèses à un test empirique direct afin d’évaluer de manière préliminaire les associations possibles entre les transitoires observés, les essais nucléaires et les observations de PAN », indique l’équipe.

Les résultats ont révélé une corrélation statistiquement significative entre les phénomènes transitoires, les essais nucléaires et les signalements de PAN. La probabilité d’observer des phénomènes transitoires augmentait de 45 % dans les 24 heures suivant un essai nucléaire, et l’activité transitoire totale augmentait de 8,5 % pour chaque observation supplémentaire de PAN.

Ces données ne permettent toutefois pas d’établir la cause exacte des phénomènes transitoires ni la véritable nature des PAN, précisent les chercheurs. Ces derniers suggèrent que certains phénomènes transitoires pourraient résulter d’un effet atmosphérique encore mal compris lié aux essais nucléaires. Il est également possible que les retombées des essais aient contaminé directement les plaques photographiques astronomiques, provoquant ainsi les taches opaques caractéristiques sur les films sensibles aux rayons X.

Bien que la nature des PAN et des transitoires reste un mystère, ces résultats permettent d’écarter certaines pistes et de mieux orienter les recherches futures. « Nos résultats apportent un soutien empirique supplémentaire à la validité du phénomène PAN et à son lien potentiel avec les activités liées aux armes nucléaires, en fournissant des données allant au-delà des témoignages oculaires », concluent les chercheurs.

Source : Scientific Reports
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