Une étude portant sur 18 chiens suggère qu’ils comprennent la signification des mots désignant des objets. Lors d’une expérience, lorsqu’ils entendaient de tels mots, leur activité cérébrale indiquait une forme de représentation mentale correspondante — une capacité que l’on pensait jusqu’à présent spécifique aux humains. Ces résultats pourraient avoir d’importantes implications sur la compréhension de l’évolution du langage chez les animaux non humains.
Les chiens se distinguent des autres animaux par leur capacité de communication sociale unique avec les humains. En tant qu’animaux de compagnie, ils évoluent au sein d’environnements riches en langage, en interactions et en objets en tous genres. Parmi les formes de communication les plus connues figurent leur capacité à comprendre des ordres ou des indications simples, telles que « va chercher » ou « assis ».
D’autre part, diverses études ont suggéré que les chiens peuvent comprendre les mots faisant référence à des objets. Cependant, ces travaux manquaient de profondeur. Par exemple, une expérience visant à entraîner un border collie durant 3 ans a montré qu’il pouvait apprendre et retenir les noms propres de 1022 objets distincts. Des témoignages de propriétaires canins ont entre autres indiqué que leurs animaux pouvaient comprendre entre 15 et 215 mots. Cela suggère que les chiens peuvent apprendre un certain nombre de noms d’objets après avoir été entraînés à le faire. Toutefois, ces résultats suggèrent également que les chiens ne peuvent pas y parvenir sans formation intensive préalable.
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D’un autre côté, la capacité présumée des chiens à comprendre les noms d’objets n’a jusqu’à présent jamais été explorée de manière neuroscientifique. En effet, la plupart des recherches se basaient principalement sur des tests comportementaux, ce qui pourrait potentiellement occulter certaines capacités cognitives. Lors de tests en laboratoire consistant à demander aux chiens de récupérer un objet en particulier, très peu réussissaient à rapporter le bon dans les délais imposés. Ils semblaient davantage récupérer les objets au hasard. Il était ainsi impossible de déterminer s’ils comprenaient réellement le sens du mot prononcé.
Afin d’explorer davantage la question, des chercheurs de l’Université hongroise d’Eötvös Loránd ont analysé l’activité cérébrale des chiens lorsqu’on leur demandait de reconnaître certains objets. L’objectif était de fournir une mesure plus précise de leur capacité de traitement et de compréhension du langage. Les résultats « fournissent la première preuve neuronale de la connaissance des noms d’objets chez un animal non humain », ont-ils écrit dans leur rapport, récemment publié dans la revue Current Biology.
« Parce que les chiens typiques apprennent des mots d’instruction plutôt que des noms d’objets, et qu’il n’y a qu’une poignée de chiens avec un large vocabulaire de mots désignant des objets, nous nous attendions à ce que la capacité des chiens à comprendre de manière référentielle les noms d’objets soit liée au nombre de mots qu’ils connaissent, mais ce n’était pas le cas », explique dans un communiqué le coauteur principal de la recherche, Lilla Magyari, de l’Université Eötvös Loránd et de Stavanger.
Un comportement similaire à celui des humains
Afin d’identifier d’éventuelles preuves neuronales indiquant si les chiens comprennent ou non le nom des objets, les chercheurs ont effectué un électroencéphalogramme éveillé (EEG) non invasif sur 18 chiens. Les mots leur ont été présentés dans un contexte naturel et communicatif, afin de retenir au maximum leur attention. Les propriétaires devaient prononcer des mots désignant des jouets que leurs chiens connaissaient, puis leur présenter des objets. De façon aléatoire, ils présentaient ou non le jouet correspondant au mot. L’expérience n’exigeait aucune action de la part des chiens.
Les EEG ont montré que les chiens présentaient un pic d’activité cérébrale lorsque le mot prononcé par leur maître ne correspondait pas à l’objet qu’il présentait. Cette réaction est similaire à ce qui est observé chez les humains dans le même contexte. Elle est largement acceptée comme un indicateur de la capacité à comprendre la signification des mots. Une différence significative d’activité cérébrale a également été observée lorsque les mots prononcés étaient les plus familiers pour les chiens, ce qui concorde avec l’hypothèse précédente.
« Les chiens ne réagissent pas seulement avec un comportement appris à certains mots, ils n’associent pas non plus simplement ce mot à un objet sur la base d’une contiguïté temporelle sans vraiment comprendre le sens de ces mots, mais ils activent la mémoire d’un objet lorsqu’ils entendent son nom », explique Marianna Boros de l’Université Eötvös Loránd, auteure principale de l’étude.
Dans l’ensemble, ces résultats suggèrent que les chiens peuvent effectuer des représentations mentales des objets en entendant leurs noms. En outre, il est intéressant de noter que les mots familiers induisaient toujours ces représentations, quelle que soit l’étendue initiale du vocabulaire des animaux. Cela « suggère que cette capacité est généralement présente chez les chiens et pas seulement chez certains individus exceptionnels qui connaissent les noms de nombreux objets », indique Boros. Par ailleurs, l’étude semble indiquer que nos compagnons canins peuvent comprendre plus de mots qu’on le pense, mais choisissent généralement de ne pas y réagir.
La prochaine étape serait d’explorer si cette capacité à comprendre le langage référentiel est spécifique aux chiens et a évolué parallèlement à leur domestication, ou si elle s’applique également à d’autres mammifères. Un expert qui a commenté l’étude, interrogé par The Guardian, estime qu’il est peu probable qu’elle ait débuté pendant la domestication, ce qui signifie qu’elle pourrait être répandue chez les mammifères. Dans tous les cas, cela jette un nouveau paradigme sur la manière dont le langage a évolué chez les animaux.
Vidéo de présentation de l’étude :