Des chercheurs ont mis en rapport la criminalité dans 595 quartiers de la région de Columbus (Ohio) avec le nombre de chiens présents dans les foyers de 43 000 résidents de la ville. Résultat : les quartiers avec un plus grand nombre de chiens présentaient des taux d’homicides et de vols inférieurs à ceux des quartiers comptant moins de chiens, lorsque le niveau de confiance entre habitants d’un même quartier était élevé.
De nombreuses recherches ont déjà montré que la présence des chiens est bénéfique pour la santé des humains. Dans le même temps, peu d’études ont évalué les effets de la surveillance des rues résidentielles — par exemple par des chiens — sur la criminalité, notamment en raison du manque de données mesurant ce processus.
« Les sociologues ont depuis longtemps émis l’hypothèse qu’une combinaison de confiance mutuelle et de surveillance locale entre les résidents d’un quartier peut dissuader les criminels », a déclaré dans un communiqué de l’université Ohio State Christopher Browning, co-auteur de l’étude et professeur de sociologie. C’est le cas de la théoricienne en urbanisme Jane Jacobs, qui a initié les recherches sur le sujet au siècle dernier.
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Les chiens occupent une partie du processus de surveillance des rues
Avant le démarrage de la nouvelle étude, les chercheurs de l’université Ohio State ont postulé que les ménages avec des chiens occupaient une partie du processus de surveillance des rues résidentielles. Il s’agissait de tester si la présence des chiens dans les quartiers était inversement associée aux taux de crimes contre la propriété et de crimes violents.
Les sociologues ont examiné les statistiques sur la criminalité de 2014 à 2016 dans 595 quartiers de la région de Columbus dans l’Ohio. Ils ont également récolté les données d’une enquête marketing de 2013 auprès de 43 000 résidents de Columbus, afin de savoir lesquels avaient un ou plusieurs chiens dans leur foyer. Enfin, ils ont utilisé les données de l’étude Adolescent Health and Development in Context pour mesurer le niveau de confiance dans les quartiers, et les résidents interrogés pour cette étude ont aussi estimé dans quelle mesure ils étaient d’accord avec l’affirmation que « les gens dans la rue sont dignes de confiance » pour leur quartier.
D’une part, les résultats montrent sans surprise que les quartiers où le niveau de confiance est élevé présentent des niveaux plus faibles d’homicides, de vols et d’agressions graves que les quartiers où le niveau de confiance est faible.
D’autre part et conformément aux hypothèses de Jacobs, la concentration dans le quartier de ménages possédant des chiens est inversement associée aux taux de vols, d’homicides et (à un degré moindre) d’agressions graves dans les quartiers où la confiance est élevée. Ainsi, dans ces quartiers à forte concentration de chiens, il y aurait deux fois moins de vols à main armée et d’homicides que dans ceux à faible concentration de chiens.
« Les gens apprennent ce qui se passe dans leur quartier et peuvent repérer les problèmes potentiels »
La promenade des chiens serait l’atout principal contre la criminalité, la confiance en ses voisins étant limitée par le fait que les rues puissent rester désertes et ainsi favoriser la criminalité. « Lorsque les gens promènent leur chien, ils discutent, ils caressent le chien des autres. Parfois, ils connaissent le nom du chien et même pas celui du propriétaire », a déclaré Nicolo Pinchak, auteur principal de l’étude et doctorant en sociologie à l’université Ohio State. « Les gens apprennent ce qui se passe dans leur quartier et peuvent repérer les problèmes potentiels ». C’est la raison pour laquelle les chiens présentent cet avantage par rapport aux autres animaux qui ne sont pas promenés.
Par ailleurs, les résultats concernant les atteintes aux biens (comme les cambriolages) suggèrent que la présence bénéfique des chiens aboyeurs est indépendante du niveau de confiance du voisinage, lequel s’avère moins utile que pour des crimes de rue. Cet effet protecteur des chiens et de la confiance sur la criminalité a été mis en évidence même dans les cas où d’autres facteurs rentraient en compte (caractéristiques sociodémographiques, instabilité résidentielle, etc.).