La 5G fait à peine ses premiers pas dans le monde que la Chine passe déjà à l’étape suivante. Le satellite de communication que le pays vient de mettre en orbite est le premier au monde à être équipé d’un modem à très hautes fréquences, propres au réseau 6G. La technologie devrait être plus de 100 fois plus rapide que la 5G, offrant ainsi une transmission sans perte depuis l’espace.
C’est un sacré bond en avant en matière de communication par satellite. Il s’agit du tout premier test technique de la communication térahertz dans l’espace. Imagerie satellite, télédétection de catastrophes naturelles ou d’incendies de forêt, surveillance des ressources forestières et hydriques, voilà tout autant de systèmes qui équipent également ce nouvel engin.
Des hautes fréquences de l’ordre du térahertz
La semaine dernière, la Chine a envoyé trois satellites supplémentaires en orbite, dont le tout premier engin au monde équipé de technologies de communication de sixième génération, le Tianyan 05. Les appareils ont été transportés par une fusée Longue Marche 6, depuis la base de lancement de Taiyuan. À noter que la fusée porteuse transportait également à son bord dix satellites argentins de télédétection, développés par la société Satellogic ; c’est la première fois qu’une fusée chinoise emmène des satellites étrangers dans l’espace.
Ce satellite expérimental 6G a été développé conjointement par la société Chengdu Guoxing Aerospace Technology, l’Université de sciences et technologies électroniques de Chine (UESTC) et la société Beijing MinoSpace Technology. Il sera principalement utilisé pour vérifier les performances de la technologie 6G dans l’espace, car la bande de fréquences 6G s’étendra de la fréquence des ondes millimétriques de la 5G (soit la bande comprise entre 24 et 300 GHz) au térahertz !
Les fréquences utilisées par le 6G étant situées au-delà des ondes millimétriques, on parle d’ondes « submillimétriques », qui ne mesurent que quelques nanomètres. La technologie promet des débits plus de 100 fois plus rapides que ceux de la 5G (qui sont de l’ordre de 10 Gbit/s, soit 500 fois supérieurs à une connexion ADSL), permettant une transmission sans perte dans l’espace pour réaliser des communications longue distance avec une puissance de sortie plus petite. « La technologie permet au térahertz d’être largement utilisé dans l’Internet par satellite », a déclaré Lu Chuan, directeur de l’Institut de technologie de l’industrie des satellites de l’UESTC.
Il s’agira donc de tester la communication entre le satellite et le sol terrestre (en termes de stabilité, de qualité et de rapidité). L’objectif de la 6G étant de réduire toujours plus le temps de transmission des données entre l’espace et la Terre, mais aussi d’améliorer la couverture Internet sur l’ensemble de la planète. Le satellite est également équipé d’un système de télédétection optique chargé de détecter les catastrophes naturelles, de prévenir les incendies de forêt ou les inondations, de surveiller les ressources forestières et la conservation de l’eau. Il devrait également fournir d’abondantes images et données satellites.
Une nouvelle technologie non sans conséquence
Alors que la 5G commence à peine son déploiement — pour rappel, ce n’est que le 18 novembre prochain que les opérateurs français seront autorisés à émettre sur la bande 3,5 GHz, —, la 6G n’en est qu’à ses balbutiements. Avant qu’elle ne soit disponible sur le marché, plusieurs obstacles techniques restent à surmonter, notamment toute la conception matérielle et son impact environnemental. Elle n’en demeure pas moins très prometteuse et Samsung prévoit de son côté de lancer la technologie dès 2028.
À savoir qu’en sus d’un débit théorique toujours plus rapide (de l’ordre du térabit par seconde) et d’une latence réduite à son minimum, voire quasi nulle (inférieure à 100 microsecondes !), le déploiement de la 6G pourrait aussi ouvrir la voie à des technologies avancées, peu développées jusqu’à présent. Elle pourrait par exemple permettre aux smartphones les plus récents d’afficher des images holographiques, dignes d’un film de science-fiction.
Mais plusieurs scientifiques se méfient de cette nouvelle technologie. Certains craignent que l’infrastructure dédiée à la 6G, l’intégration accrue de technologies de communication espace-air-sol-mer, ainsi que l’utilisation d’une nouvelle gamme de fréquences pour transmettre les données puissent notamment affecter les instruments astronomiques (qui utilisent eux aussi les ondes submillimétriques) ; ou tout simplement que la technologie soit trop chère ou trop peu sécurisée pour pouvoir être utilisée. Quant à son impact éventuel sur la santé publique, il suscite les mêmes inquiétudes que la 5G…
Ruidan Wang, directeur adjoint du Centre chinois des infrastructures scientifiques et technologiques a quant à lui laissé entendre qu’il était important de favoriser un échange toujours plus efficace d’informations : « Le partage, l’analyse et la gestion des données de recherche sont cruciaux pour l’innovation scientifique et technologique à l’ère du big data ».
Parallèlement, comme pour corroborer les dires de Wang, l’Observatoire astronomique national chinois vient d’annoncer qu’il ouvrirait son radiotélescope sphérique de 500 mètres d’ouverture — le deuxième plus grand radiotélescope au monde après le RATAN-600 en Russie, et le plus grand radiotélescope à un seul appareil — aux scientifiques du monde entier dès l’année prochaine, après avoir passé une dernière série d’évaluations techniques et de tests de performances.