L’ensemble des fichiers déclassifiés concernant des « Phénomènes aériens non identifiés » (PAN), selon les termes employés par l’Agence américaine, sont désormais accessibles en ligne à partir du site The Black Vault, qui recense les signalements d’ovnis et de phénomènes paranormaux. Le corpus contient des centaines de documents PDF ; certains de ces rapports remontent aux années 1980. Avis aux amateurs…
Selon la CIA, cette archive de documents comporte une liste exhaustive de tout ce que l’Agence possède sur le sujet. À savoir que cela faisait plus d’une vingtaine d’années que le fondateur de The Black Vault, John Greenewald Jr., poursuivait la CIA en justice afin qu’elle publie ses données sur les Unidentified Aerial Phenomena (UAP), soit phénomènes aériens non identifiés (PAN), en français. L’homme, fasciné par les ovnis depuis son adolescence, a commencé par accumuler des documents officiels en usant de son droit à l’information : en effet, le Freedom of Information Act, signé en 1966, oblige les agences fédérales américaines à transmettre leurs documents à quiconque en fait la demande.
Il a ainsi pu enrichir sa base de données d’enregistrements d’UAP, récents et plus anciens, que la CIA a récemment rendus disponibles. Les amateurs d’histoires extraordinaires y trouveront sans aucun doute leur compte : des contacts présumés avec des extraterrestres, des explosions nocturnes mystérieuses dans une petite ville russe, etc. Que l’on croie ou non aux extraterrestres, chacun pourra se faire sa propre opinion en prenant connaissance des documents.
Un recueil de documents exhaustif sur les ovnis
La publication de ces documents intervient six mois avant que le projet de « loi de secours COVID-19 » n’entre en vigueur. Dans ce projet de loi de 5’600 pages adopté fin décembre par les législateurs américains se trouve en effet un large éventail de lois sans aucun rapport avec la pandémie. Parmi elles, un texte visant à obliger le Pentagone à publier des informations relatives au groupe de travail sur les ovnis dans les six mois à venir, un projet poussé par le sénateur de Floride, Marco Rubio.
En juillet 2020, ce dernier avait en effet déjà demandé à l’armée américaine de fournir un rapport complet concernant ses recherches sur les ovnis, après que l’US Navy ait publié trois vidéos d’ovnis au mois d’avril. Ces images montrant d’étranges objets dans le ciel et la stupéfaction des militaires, avaient fait le tour de la Toile. Rubio avait alors déclaré dans une interview qu’il espérait que ces objets mystérieux soient des ovnis et non de nouvelles technologies chinoises ou russes.
The Black Vault propose le CD-ROM original de documents sur les ovnis, soit une version brute de l’archive telle qu’elle a été fournie par la CIA (avec des documents au format TIF et TXT, non exploitables), ainsi qu’une version plus accessible, comprenant des PDF consultables (à noter que le dossier comporte plus de 700 documents !). Le site précise toutefois que si la CIA prétend avoir publié ici l’intégralité de ses documents, il n’y a bien sûr aucun moyen de le vérifier.
Comme précisé plus haut, John Greenewald Jr. a commencé à alimenter son site web via un laborieux processus : des milliers de requêtes rendues possibles par le Freedom of Information Act (FOIA), aboutissant à des milliers de pages qu’il a fallu scanner à la main. Lorsque la CIA a créé son CD-ROM l’an dernier — censé contenir d’anciennes affaires, mais aussi des plus récentes que Greenewald n’avait jamais réussi à obtenir — il l’a immédiatement acheté pour s’assurer que sa base de données était la plus complète possible.
« Le public a le droit de savoir »
Selon Greenewald, il y a eu des milliers de téléchargements dans les 24 heures suivant la publication de l’archive. Le passionné d’ovnis souligne à quel point la CIA n’a pas réellement facilité l’accessibilité de ses documents : « La CIA a rendu INCROYABLEMENT difficile l’utilisation de ses archives d’une manière raisonnable. Ils proposent un format très dépassé (.tif multipages) et proposent des sorties de fichiers texte, largement inutilisables ». Selon Greenewald, ce format obsolète rend très difficile la visualisation des documents et surtout, leur exploitation à des fins de recherche.
Certains documents sont relativement clairs, d’autres demeurent quasiment indéchiffrables. Dans tous les cas, les amateurs du genre qui ont du temps à y consacrer auront de quoi satisfaire leur curiosité. Selon Greenewald, l’un des documents les plus intéressants implique le Directeur adjoint pour la science et la technologie de la CIA, à qui on aurait remis en main propre une information relative à un ovni dans les années 1970. Il aurait alors décidé de s’en occuper personnellement, mais la suite de l’affaire est restée secrète. Greenewald cherche à présent à obtenir plus d’informations sur cette histoire et sur les suites qui lui ont été données.
Les premiers dossiers sur les ovnis à être déclassifiées en vertu de la loi FOIA ont été rendus disponibles dans les années 1970 et au début des années 1980. Après cette période, il est devenu extrêmement difficile d’obtenir des informations du gouvernement concernant les phénomènes extraterrestres selon Greenewald. Pourtant, « le public a le droit de savoir » insiste-t-il. Pour lui, The Black Vault n’est qu’un passe-temps, mais il avait vraiment à cœur de créer un référentiel accessible au grand public sur les phénomènes inexpliqués.
Si le site se focalise principalement sur les ovnis, il publie également des documents concernant des enquêtes sensibles, telles que l’assassinat de Kennedy ou le scandale de la prison d’Abou Ghraib. Plus récemment, Greenewald a formulé des demandes de documents liées au coronavirus, concernant notamment le laboratoire de Wuhan — d’où certains pensent que le SARS-CoV-2 est issu, et les Centers for Disease Control, pour déterminer à quel point l’Agence prenait la pandémie au sérieux à ses débuts.