La fondation nationale des sciences des États-Unis (NSF) a célébré cette semaine la première année de service du télescope Inouye, le plus puissant télescope solaire terrestre au monde. Pour l’occasion, l’organisme étatique a fièrement publié deux clichés aussi spectaculaires qu’extraordinaires de notre étoile, révélant des détails inédits de son atmosphère. Bien que chaque image couvre une superficie équivalente à plusieurs fois celle de la Terre (82 500 km), elles ne révèlent qu’une petite partie de l’astre. Toutefois, Inouye n’a pas encore pleinement exploité ses capacités et pourrait nous livrer d’autres images toutes aussi éblouissantes.
La première image prise par le télescope solaire (image de couverture) est celle de la chromosphère, qui n’était auparavant observable depuis la Terre que lors d’une éclipse. Grâce à une très haute résolution, l’on peut voir que la couche médiane de l’atmosphère du Soleil semble plutôt velue et arbore des sortes de longs poils soyeux, qui sont en fait des jets de plasma ardents.
Le deuxième cliché révèle un aperçu encore plus détaillé de la couche chromosphérique. L’on peut y apercevoir les milliers d’alvéoles (ou granules) par lesquelles les jets en fusion émanent. Chaque granule mesure entre 500 et 1600 km de large, et comme des sortes de bulles, ils se déplacent à une vitesse de 1,6 à 2,6 km par seconde, qui éclatent au bout de seulement 10 minutes. Les images sont si grandes qu’elles couvrent une région de 82 500 km de long. En comparaison, le diamètre de la Terre n’est que de 12 700 km.
Des performances et conditions idéales
La grande performance du télescope Inouye a été rendue possible grâce à son gigantesque miroir de quatre mètres, le plus grand parmi tous les télescopes dédiés à l’observation du Soleil. Ce miroir lui permet notamment de capter sept fois plus de lumière que tout autre télescope terrestre. Il s’agit de l’aboutissement de 25 années de recherches, dont des milliers d’heures d’observation, des années de conception pour le télescope, de recherche de sites idéaux, etc.
L’observatoire est en effet situé sur l’île de Maui (Hawaï), sur le mont Haleakalā à 3000 mètres d’altitude. À cette altitude, le ciel est presque toujours exempt de pollution lumineuse, et les perturbations atmosphériques sont minimes à cet endroit.
Le télescope est par ailleurs conçu pour observer le Soleil de près, dans le but de prédire les tempêtes solaires. « Le télescope solaire Inouye de la NSF est le télescope solaire le plus puissant au monde, qui changera à jamais la façon dont nous explorons et comprenons notre soleil », déclare dans un communiqué Sethuraman Panchanathan, directeur de la NSF. « Ses recherches transformeront la façon dont notre pays et la planète prédisent et se préparent à des événements tels que les tempêtes solaires », ajoute-t-il.
Une construction (du télescope) qui a fait polémique
Il faut savoir que le télescope est construit sur une montagne que les Autochtones hawaïens considèrent comme sacrée. Les responsables de la NSF affirment pourtant les avoir consultés pour la construction. « En particulier, nous remercions les habitants d’Hawaii pour le privilège d’opérer à partir de ce site remarquable, la National Science Foundation (NSF) et le Congrès américain pour leur soutien constant, ainsi que notre équipe du télescope solaire Inouye, dont beaucoup se sont inlassablement consacrés pendant une décennie », déclare Matt Mountain, président de l’Association des universités pour la recherche en astronomie. Cette déclaration semble signifier que le site a été approuvé par les Autochtones.
Cependant, une partie d’entre eux semblait désapprouver le projet. Pour ces natifs, il s’agirait d’une profanation inconsidérée de leur lieu de culte. Toutefois, la NSF pense qu’il s’agit d’une occasion pour à la fois faire avancer la science du Soleil et favoriser les bonnes relations avec les communautés locales en apportant une nouvelle source d’emplois et d’éducation. Un culte traditionnel hawaïen a d’ailleurs été effectué lors de l’inauguration du site, et des Autochtones ont été inclus dans les groupes de recherche du télescope.