Climat : l’ONU confirme que la Terre franchira le seuil de réchauffement de 1,5 °C d’ici 2030

« Les nations ont eu trois occasions de tenir les promesses faites dans le cadre de l’Accord de Paris, et à chaque fois, elles n’ont pas atteint leurs objectifs. »

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La Terre passera officiellement au-dessus du seuil de réchauffement de 1,5 °C d’ici la prochaine décennie, selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Pour rester en-dessous de cette limite, il faudrait en effet réduire les émissions annuelles de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2035 par rapport à 2019 – un objectif non réaliste compte tenu du temps qui reste et des mesures insuffisantes prises jusqu’à présent par les pays.

Les pays se sont engagés en 2016, dans le cadre de l’Accord de Paris, à poursuivre ou à entamer des efforts pour limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C au-dessus de la moyenne pré-industrielle et à ne pas dépasser les 2 °C par rapport à ce seuil. Les principaux efforts visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre en adoptant diverses stratégies telles que la transition vers les énergies vertes.

Ces objectifs ont été définis sur la base de décennies d’études scientifiques sur la manière dont les effets du réchauffement climatique (incendies de forêt, sécheresses prolongées, vagues de chaleur, pénurie d’eau, etc.) impacteraient les principaux systèmes terrestres dont tous les êtres vivants sur Terre. Ces rapports indiquent que le réchauffement de 1,5 °C constitue une limite critique au-delà duquel les impacts deviendraient dangereux pour une grande partie de la population mondiale.

Avec un réchauffement de 2 °C, la part de la population mondiale exposée aux températures extrêmes doublerait, voire plus. Et si les étés arctiques sans banquises peuvent se produire environ tous les 100 ans avec un réchauffement de 1,5 °C, cela pourrait passer à une fois toutes les décennies avec un réchauffement de 2 °C. La perte de récifs coralliens pourrait, quant à elle, augmenter de 29 %, tandis que 38 % de pergélisol supplémentaire dégèlerait.

Or, les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont loin d’être suffisants pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, d’après le dernier rapport du PNUE. Les données indiquent que la hausse moyenne des températures mondiales dépassera 1,5 °C au moins temporairement d’ici début 2030 au plus tard.

« Compte tenu de l’ampleur des réductions nécessaires, du peu de temps disponible pour les réaliser et d’un contexte politique difficile, un dépassement plus important du seuil de 1,5 °C se produira, très probablement au cours de la prochaine décennie », ont écrit les représentants du PNUE dans le rapport. « Les nations ont eu trois occasions de tenir les promesses faites dans le cadre de l’Accord de Paris, et à chaque fois, elles n’ont pas atteint leurs objectifs », a ajouté dans un communiqué, Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.

« Les nations sont encore loin d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris »

D’après le rapport, pour rester en dessous du seuil de réchauffement de 1,5 °C, les émissions annuelles de gaz à effet de serre devront être réduites à 55 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2019. Cela a peu de chance de se produire car il ne reste donc plus que quelques années pour atteindre cet objectif. Et pour maintenir les températures en dessous de 2 °C, les émissions devront être réduites de 35 % d’ici 2035 par rapport à 2019.

Cependant, les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter, atteignant notamment une croissance annuelle de 2,3 %. Les efforts engagés jusqu’à maintenant par les pays entraîneraient un réchauffement allant de 2,3 °C à 2,5 °C. Et si cette trajectoire se poursuit, le niveau de réchauffement atteindrait 2,8 °C d’ici 2100.

« Si les plans nationaux de lutte contre le changement climatique ont permis de réaliser certains progrès, ceux-ci sont loin d’être suffisamment rapides. C’est pourquoi nous avons encore besoin de réductions d’émissions sans précédent dans un délai de plus en plus court, et dans un contexte géopolitique de plus en plus difficile », explique Andersen.

En effet, si de grandes puissances comme la Chine ont pris de nouveaux engagements en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, cela n’a guère permis de changer la donne, selon le rapport. « Les nations sont encore loin d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris », écrivent les responsables du rapport.

Des délais toujours plus courts dans un contexte géopolitique difficile

Si les prévisions de réchauffement sont désormais estimées à 2,3–2,5 °C, elles étaient établies à 2,6–2,8 °C dans le rapport de l’année dernière. En outre, si le niveau de réchauffement d’ici 2100 est désormais estimé à 2,8 °C, tel que précédemment indiqué, il était estimé à 3,1 °C dans le rapport de l’année dernière.

Cependant, des techniques d’évaluation plus rigoureuses expliqueraient à elles seules 0,1 °C de différence par rapport à l’année dernière, tandis que le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris annulerait 0,1 °C supplémentaires. D’autre part, seuls 60 parties à l’Accord de Paris, représentant 63 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont annoncé cette année de nouveaux objectifs d’atténuation pour 2035 — indiquant un manque d’engagement manifeste de la part des signataires de l’accord.

Mis à part ce manque d’engagement, un fossé subsiste dans la mise en œuvre des objectifs climatiques, certains pays n’étant même pas en voie d’atteindre leurs objectifs pour 2030 et encore moins pour 2035. Et alors que les membres du G20 sont, à eux seuls, responsables de 77 % des émissions mondiales, le rapport indique qu’ils ne sont globalement pas en voie d’atteindre leurs objectifs pour 2030 et que leurs émissions ont même augmenté de 0,7 % en 2024.

« Mais ce n’est pas une raison pour capituler. C’est une raison pour redoubler d’efforts et accélérer le mouvement », souligne le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans une déclaration relative au rapport. « Limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d’ici la fin du siècle demeure notre objectif prioritaire. Et la science est formelle : cet objectif est encore à notre portée. Mais seulement si nous rehaussons sensiblement nos ambitions », ajoute-t-il.

Chaque fraction de degré obtenue contribuerait à atténuer les impacts du réchauffement, en particulier pour les populations les plus vulnérables. Limiter au mieux les dépassements permettrait en outre de réduire la dépendance aux technologies de capture de carbone, qui, pour l’heure, sont à la fois coûteuses, incertaines et parfois même risquées.

Source : PNUE

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