L’insuffisance cardiaque touche plus de 25 millions de personnes dans le monde, et nombreux sont les patients en attente de transplantation. Cependant, le manque de donneurs limite le nombre de greffes cardiaques possibles à moins de 6000 par an et engage sérieusement le pronostic vital des personnes sur liste d’attente. Pour contourner ces problèmes, la science s’est tournée vers les bioprothèses. C’est notamment le cas de l’entreprise française Carmat, qui a développé le premier cœur complet artificiel pouvant être porté à vie. Une véritable avancée biomédicale qui ne condamne plus les patients à attendre fébrilement une transplantation prochaine.
L’entreprise de bio-ingénierie médicale Carmat a révélé que son cœur artificiel complet avait reçu une autorisation de la Commission européenne et que la société prévoyait d’augmenter la production pour permettre le lancement de l’appareil au deuxième trimestre de 2021. Le cœur artificiel offre une alternative, qu’elle soit définitive ou temporaire en l’attente d’une transplantation, pour des patients atteints de défaillance cardiaque biventriculaire terminale.
Le cœur artificiel offre une alternative aux personnes pour lesquelles la thérapie médicale maximale et le dispositif d’assistance ventriculaire gauche sont insuffisants ou contre-indiqués. Il est tout d’abord conçu pour les patients devant recevoir une transplantation cardiaque dans les 180 jours, mais peut également être installé pour une période indéfinie.
Le véritable progrès réalisé par le cœur artificiel de Carmat est que, contrairement aux prothèses existantes, celui-ci peut-être porté à vie. Il bénéficie de nombreux avantages comme un fonctionnement extrêmement silencieux, un traitement médicamenteux d’appoint peu contraignant et un très faible risque de formation de caillots, selon le chirurgien cardiaque Pascal Leprince (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière).
L’insuffisance cardiaque : une pathologie répandue
L’insuffisance cardiaque affecte au moins 26 millions de personnes dans le monde, dont environ 5% ont une maladie en phase terminale qui ne répond pas aux traitements médicaux actuels. Moins de la moitié des personnes diagnostiquées avec une insuffisance cardiaque survivent cinq ans. Alors que la transplantation cardiaque est le traitement de référence pour l’insuffisance cardiaque biventriculaire terminale, un manque aigu de donneurs limite les transplantations à environ 5500 par an.
L’insuffisance cardiaque, également parfois appelée insuffisance cardiaque congestive, est une maladie chronique progressive dans laquelle le mécanisme de pompage normal du cœur est altéré et le débit cardiaque est insuffisant pour répondre aux besoins métaboliques de l’organisme. Certains troubles, tels qu’une maladie coronarienne (rétrécissement des artères cardiaques) ou une pression artérielle élevée, peuvent entraîner un cœur trop faible ou rigide pour se remplir et pomper efficacement. D’autres troubles associés à l’insuffisance cardiaque comprennent l’obésité et le diabète.
Une biotechnologie avancée
La technologie qui sous-tend le cœur complet de l’entreprise est née de la combinaison de l’expertise du chirurgien cardiaque Alain Carpentier, pionnier de la réparation de la valve mitrale et co-inventeur des valves cardiaques Carpentier-Edwards, et des capacités technologiques de la société aérospatiale Matra Défense (Airbus Group). Le système électro-hydraulique de Carmat imite l’action d’un cœur humain, rétablissant la circulation sanguine normale dans tout le corps.
Le système comprend un composant implantable en forme de cœur humain. Le cœur bioprothétique comprend quatre valves biologiques qui maintiennent le sang pulsé à travers l’unité dans une direction, deux cavités ventriculaires séparées par une membrane, une unité de motopompe et des composants électroniques et capteurs intégrés qui permettent à l’unité de répondre aux besoins physiologiques du patient (adaptation à ses habitudes et mode de vie).
Une cavité ventriculaire contient du sang et l’autre contient du fluide d’actionnement. Un sac externe contient également un liquide d’actionnement. L’équipement externe portable comprend un contrôleur et des batteries lithium-ion qui offrent quatre heures de mobilité. Une console hospitalière permet aux médecins de contrôler la prothèse cardiaque pendant l’implantation et permet la surveillance du dispositif.