Découverte en mars 2022 par des astronomes du Zwicky Transient Facility, la comète C/2022 E3 (ZTF) a atteint son périhélie le 12 janvier dernier et se trouvera demain, le 1er février, au plus près de la Terre, à une distance de 0,28 unité astronomique (∼42 millions de kilomètres). C’est une occasion unique de l’observer, car son dernier passage rapproché remonte à 50 000 ans ! Heureusement, elle devrait être assez lumineuse pour être visible à travers les instruments d’observation les plus modestes, voire à l’œil nu si les conditions sont optimales.
La dernière fois que la comète C/2022 E3 (ZTF) a frôlé la Terre, celle-ci était plongée dans une ère glaciaire et peuplée d’Homo sapiens et de Néandertaliens. En d’autres termes, c’est actuellement l’occasion ou jamais de l’observer. Lorsqu’elle sera demain à son périgée, elle se trouvera à environ 42 millions de kilomètres de notre planète. Elle se situera alors près du pôle Nord céleste (donc près de l’étoile Polaire), dans la constellation de la Girafe. Elle deviendra bien visible à partir de 00 h 49 environ, dans la nuit de mercredi à jeudi, à 49 degrés au-dessus de l’horizon nord.
Cette comète est actuellement circumpolaire, ce qui signifie qu’elle reste en permanence au-dessus de l’horizon, et devrait donc être visible pendant la majeure partie de la nuit. Selon le site In-The-Sky.org, sa magnitude devrait être comprise entre 5 et 6. Elle atteindra son point culminant dans le ciel, à 58 degrés au-dessus de l’horizon, vers 3 h 46. Elle disparaîtra ensuite dans les premières lumières de l’aube, jeudi matin. Si vous manquez le rendez-vous, rassurez-vous : la comète restera visible pendant tout le mois de février.
Une comète visible à l’œil nu si les conditions s’y prêtent
La comète C/2022 E3 est visible depuis qu’elle a atteint son périhélie, le point de son orbite le plus proche du Soleil ; elle se trouvait alors à environ 160 millions de kilomètres de notre astre. Mais la nuit prochaine, sa luminosité sera telle qu’elle sera normalement visible à l’œil nu, notamment dans les zones exemptes de pollution lumineuse (et à condition que le ciel soit dégagé, bien entendu). Cependant, une paire de jumelles, ou un télescope dans le meilleur des cas, permettra de profiter davantage des détails de cette belle comète verte.
Comme pour toutes les observations, tâchez de trouver un site le plus éloigné possible de toute pollution lumineuse ; de cette façon, la comète et sa chevelure verdoyante apparaîtront très nettement dans le noir du ciel.
Ce dimanche 5 février, il sera également relativement facile de la repérer lorsqu’elle se trouvera à côté de Capella, l’étoile la plus brillante de la constellation du Cocher. Deux autres moments d’observation sont à noter dans votre agenda : les 10 et 11 février, la comète passera à environ 1,5 degré de la planète Mars, dans la constellation du Taureau ; les deux objets seront visibles côte à côte via une paire de jumelles. Puis, dans la nuit du 14 au 15 février, elle passera devant l’amas des Hyades, non loin de l’étoile Aldébaran. Les jours suivants, elle continuera sa progression dans la constellation du Taureau, mais sa luminosité diminuera progressivement.
Un aperçu du système solaire primitif
D’après l’inclinaison du plan de son orbite, la comète C/2022 E3 provient des confins de notre système solaire, très probablement du Nuage de Oort — un réservoir de noyaux cométaires situé à environ une année-lumière du Soleil. « Les comètes qui arrivent de ces régions éloignées peuvent avoir livré de l’eau à la Terre primitive et contenir des indices importants sur la chimie de la naissance des étoiles et des planètes », souligne Paul Wiegert, professeur de physique et d’astronomie à l’Université Western.
Son passage rapproché permettra aux astronomes de glaner quelques informations, par analyses spectroscopiques, en particulier grâce aux observations du télescope James Webb. « On va l’observer sous toutes ses coutures. Ça n’est pas la comète du siècle, mais nous sommes contents de pouvoir observer des comètes comme celle-ci tous les un ou deux ans, parce qu’on les considère comme des vestiges de la formation du système solaire », explique à l’AFP Nicolas Biver, astronome à l’Observatoire de Paris et président de la Commission des Comètes de la Société astronomique de France.
Selon les experts, cette comète ne reviendra peut-être jamais dans notre système solaire, même dans 50 000 ans. En effet, elle s’éloignera tellement du Soleil qu’elle ressentira à peine l’effet de sa force gravitationnelle ; d’autres étoiles pourraient alors interagir avec elle, modifiant sa vitesse et sa trajectoire, et l’éjectant définitivement de notre système.