En ce début d’année, les amateurs d’astronomie auront le plaisir d’observer un ciel nocturne avec de beaux regroupements. Cela concerne notamment la Lune, Mars, Jupiter, Vénus et Saturne, dont l’alignement particulier les rendra toutes bien visibles dans le ciel ce mois-ci. Mais la meilleure nouvelle est sans doute celle qui concerne une comète découverte en mars 2022, qui passera à son point de trajectoire le plus proche du Soleil (périhélie) le 12 de ce mois, et au plus près de la Terre (périgée) le 1er et 2 février. Étant donné que son dernier passage près de la Terre date du Paléolithique supérieur (il y a environ 45 000 ans), pouvoir l’observer à l’œil nu constitue un événement très rare.
Tout au long de ce mois de janvier, le ciel nocturne sera particulièrement propice à l’observation de plusieurs planètes de notre système solaire. Sans télescope ou jumelles, on peut voir Mars à côté de la Lune, haut dans le côté sud-est du ciel à partir du 2 janvier. Elle se retrouvera exactement entre les Pléiades et Aldébaran, dans la portion du ciel abritant la constellation du Taureau. À rappeler que pour distinguer à l’œil nu une planète d’une étoile, une astuce simple consiste à chercher l’objet qui ne scintille pas.
Du 18 au 24 janvier, Vénus et Saturne se croiseront de sorte à former une paire de points brillants du côté sud-ouest au plus bas sur l’horizon, environ 45 minutes après le coucher du Soleil. Le 22 janvier, les deux planètes seront les plus proches l’une de l’autre. Le 23, elles seront distantes d’un degré environ, et seront reliées par un mince croissant de lune. De plus, comme la nuit arrive plus tôt en hiver dans l’hémisphère nord, et que le ciel en est souvent plus pur, les étoiles de certaines constellations sont plus brillantes que d’ordinaire, telles que celles d’Orion, du Taureau et des Gémeaux.
Mais la meilleure observation sera probablement le passage de la comète C/2022 E3 (ZTF). Découverte en mars 2022 sur l’orbite de Jupiter par la caméra de surveillance à grand champ du Zwicky Transient Facility, elle a d’abord été considérée comme un simple astéroïde. Mais quelques observations supplémentaires ont permis d’observer un changement perceptible dans son éclat, un phénomène habituellement détecté chez les comètes.
Au moment de sa découverte, elle avait une magnitude de 17,3, qui est passée à 10 en novembre 2022 et qui pourrait bientôt atteindre 6 d’après la NASA (plus la magnitude est faible, plus un corps céleste apparaît brillant). Les images actuelles de la comète montrent déjà sa « coma » — le halo brillant de glace, de gaz et de poussière, formant sa queue en s’évaporant à l’approche du Soleil. Elle se situera exactement à 160 millions de kilomètres du Soleil le 12 janvier de cette année, et à 42 millions de kilomètres de la Terre le 2 février.
Bien qu’elle soit d’apparence moins spectaculaire que la comète Neowise — qui était de passage en 2020, il s’agira de sa première observation à l’oeil nu par l’homme moderne. Comme elle a une période d’environ 50 000 ans, elle ne s’est rapprochée ainsi de notre système solaire que durant le Paléolithique supérieur. Les derniers à avoir été témoins de son passage seraient les premiers Homo sapiens, et peut-être les derniers néandertaliens, qui se sont éteints environ 10 000 ans après son périhélie.
Comment l’observer ?
Entre le 12 janvier et le 2 février de cette année, nous aurons peut-être la chance d’apercevoir C/2022 E3 (ZTF) dans le ciel nocturne à l’œil nu. Toutefois, les comètes sont parfois imprévisibles et leurs éclats peuvent s’estomper en se rapprochant du Soleil. La couche glacée de poussière et de gaz peut notamment diminuer à l’approche du Soleil en s’évaporant — et ne peut ainsi plus alimenter son coma. Néanmoins, elle restera visible avec un télescope ou de bonnes jumelles pendant plusieurs jours.
Pour les observateurs de l’hémisphère nord, elle sera visible peu avant l’aube vers le nord-ouest, en janvier. La nouvelle lune du 21 janvier offrira la meilleure occasion de l’apercevoir. Les observateurs de l’hémisphère sud pourront l’observer plus facilement début février. Pour l’ensemble, il faut orienter les observations dans la direction de la constellation de la Girafe.