À l’ère du numérique, les logiciels agricoles constituent un « must » pour optimiser les rendements des exploitations agricoles tout en suggérant les meilleures stratégies pour réduire l’impact environnemental. En tant qu’outils d’aide à la prise de décision, ils visent entre autres à faciliter le travail de l’agriculteur au quotidien et à créer de la valeur pour son exploitation. Ils proposent souvent une vaste gamme de fonctionnalités, telles que la fertilisation.
Dans le contexte de réchauffement climatique actuel, l’agriculture est confrontée à de nombreux défis en matière de durabilité. En France, elle est responsable de 19 % des émissions de CO2, étant ainsi la deuxième principale émettrice derrière le secteur du transport (31 %). Ces émissions proviennent non seulement de l’utilisation des différents engins agricoles (engins mobiles, chaudières, moteurs thermiques, …), mais également de facteurs biologiques, tels que la fermentation entérique (digestion des ruminants) ou le stockage d’engrais azotés.
D’un autre côté, assurer la sécurité alimentaire par le biais de systèmes d’exploitation durables constitue, à l’heure actuelle, une difficulté majeure. En effet, la population augmente parallèlement à la consommation, au niveau mondial. On estime que la production alimentaire devra augmenter de 70 % d’ici 2050, afin suivre la croissance démographique. Cela implique inévitablement une réduction des terres arables et des ressources naturelles. Pour satisfaire la demande, certains producteurs ont alors tendance à abuser de certains intrants, tels que les engrais chimiques.
Les outils d’aide à la prise de décision pour une agriculture de précision pourraient aider à surmonter ces défis, en améliorant à la fois les performances de production et la gestion durable des exploitations. Parmi ces outils figurent les logiciels agricoles conçus pour répondre aux besoins de l’agriculteur et l’aider à gérer efficacement son activité. Ils permettent notamment d’automatiser au cas par cas des processus chronophages et d’accéder en temps réel (par le biais de systèmes connectés) à des informations essentielles à son exploitation, à l’aide d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur.
Parmi les fonctionnalités proposées figurent par exemple la planification des cultures, la gestion des stocks et de la main-d’œuvre, la surveillance des conditions météorologiques, la collecte et l’analyse des données sur le terrain, … Plus particulièrement, avec un logiciel de fertilisation agricole, il est possible d’atteindre le potentiel maximum des parcelles et d’homogénéiser la qualité des récoltes dans l’ensemble de la ferme. La gestion optimale de la fertilisation peut aussi réduire considérablement l’utilisation d’engrais, et par extension les impacts de ces derniers sur l’environnement.
Des outils adaptés aux exploitations de toutes les tailles
La fertilisation est l’un des facteurs les plus importants pour l’optimisation des rendements agricoles. Un mauvais dosage entraîne une diminution des récoltes et une augmentation des coûts d’exploitation, tandis qu’un surdosage provoque des effets néfastes sur l’environnement. D’un autre côté, le dosage précis de fertilisants nécessite l’analyse d’un grand nombre de facteurs en amont, tels que la teneur du sol en phosphore, en potassium et en magnésium (NPK), ainsi que le pH et le besoin en « chaulage » (une technique de traitement à la chaux), les conditions hydriques et climatiques, etc.
Différents services spécialisés proposent d’effectuer ces analyses pour les exploitants agricoles. Les épandeurs modernes peuvent également doser les engrais en se basant sur les cartographies GPS des champs. Cependant, ces méthodes ne sont généralement utilisées que pour les grandes exploitations. Les engrais utilisés pour les parcelles de quelques hectares sont généralement ajoutés de façon relativement approximative. Cela implique que les plantes ne reçoivent pas la quantité de nutriments adaptée, ou au contraire en reçoivent trop, ce qui a des impacts à long terme sur la qualité du sol.
Les logiciels de fertilisation permettent de calculer avec précision la dose d’engrais nécessaire, quelle que soit la taille de l’exploitation. Pour ce faire, le calcul est généralement effectué à l’aide de la méthode de la balance. Cela consiste à calculer les taux nécessaires en se basant sur les données saisies par l’utilisateur (après sélection de la plante à fertiliser), ainsi que celles issues de la base de données intégrée à l’application. Les valeurs sont recalculées à chaque fois que de nouvelles données sont saisies ou modifiées. Si aucune donnée n’est saisie, des valeurs par défaut sont utilisées pour les calculs.
Des études ont par exemple montré que la gestion intégrée des nutriments (une combinaison de méthodes anciennes et modernes) améliore considérablement les rendements — de 8 à 150 %. Cette amélioration est accompagnée d’une réduction considérable des coûts environnementaux ainsi que d’une meilleure résistance des plantes aux stress biologiques et abiotiques. À noter toutefois que les logiciels n’améliorent pas à proprement parler les rendements, mais permettent d’établir les bons plans pour le faire (d’où l’appellation « outils d’aide à la prise de décision »).
Une création de valeur environnementale
Mis à part les résultats attendus en matière de rendement, les logiciels de fertilisation agricole permettent d’être à jour sur le cahier de culture et le registre phytosanitaire. Ils archivent notamment toutes les données concernant les produits phytosanitaires utilisés, permettant ainsi de savoir en temps réel si certaines parcelles respectent ou non les normes.
D’autre part, certains logiciels permettent d’établir des plans de fertilisation en tenant compte de la réglementation locale en vigueur et de la proximité avec des zones vulnérables (telles que les sources naturelles d’eau douce et les aires protégées).
Dans l’ensemble, cela permet de créer de la valeur environnementale ainsi que sociétale à l’exploitation. L’agriculteur est ainsi en mesure de répondre en toute transparence aux demandes des consommateurs, en leur fournissant des données fiables concernant les améliorations en matière de durabilité. Par ailleurs, cela permet d’obtenir différentes certifications, offrant davantage de valeur sur le marché aux produits finaux.