Durant plusieurs heures, les comptes X de plusieurs journalistes reconnus ont été suspendus sans raison claire. Le PDG de la plateforme, Elon Musk, qui prétend être un fervent défenseur de la liberté d’expression, semble agir en contradiction avec ses principes.
En décembre 2022, la plateforme X — ex-Twitter — a suspendu les comptes de dix journalistes. La raison apparente de la suspension : ces derniers avaient critiqué Elon Musk, PDG de la société. Au mois d’avril, Dell Cameron, un journaliste travaillant pour le média Wired, a été définitivement suspendu de la plateforme. La raison évoquée est qu’il aurait communiqué avec un pirate informatique qui avait accédé aux emails de Matt Walsh, un expert conservateur. Bannir temporairement ou définitivement les journalistes n’aurait donc rien de nouveau chez X.
En effet, mardi dernier, plusieurs journalistes et commentateurs de gauche de premier plan ont vu leurs comptes suspendus, cette fois sans explications claires. Les individus concernés sont entre autres Steven Monacelli du Texas Observer, Ken Klippensten de The Intercept, le podcasteur Rob Rousseau et Alan MacLeod de MintPress News.
Une raison incertaine
En plus des journalistes susmentionnés, l’interdiction a également touché des comptes significatifs associés à la gauche. Cela inclut le compte du podcast TrueAnon et un compte nommé @zei_squirrel qui publie souvent des critiques médiatiques. La plateforme n’a pas fourni de raisons claires pour ces suspensions, mis à part que les comptes suspendus sont associés à des violations présumées des conditions d’utilisation de X. Cela reste cependant une explication très vague étant donné la liste de violations possibles.
Steven Monacelli, l’un des journalistes concernés, a déclaré au média Motherboard n’avoir reçu aucune communication de X expliquant les raisons de sa suspension. Il a également indiqué qu’il ne parvient pas à identifier de contenu récemment publié qui aurait justifié une telle mesure. « Je ne trouve rien de ce que j’ai publié récemment qui mériterait une suspension. Bien que j’aie écrit plusieurs rapports critiques sur X et Elon Musk », a-t-il ajouté.
Alan MacLeod a également indiqué sur Instagram que son compte X a été suspendu sans avertissement préalable ni explications. Bien qu’on lui ait suggéré de vérifier ses e-mails pour découvrir la raison de la suspension, le journaliste affirme n’avoir reçu aucun e-mail à ce sujet. MacLeod souligne aussi qu’il n’a jamais été impliqué dans des controverses, ni signalé pour des violations auparavant. Cela le mène à supposer que la « vraie raison » de la suspension soit d’ordre politique.
Des comptes réactivés
Dans une mise à jour, le média Motherboard précise que certains des comptes concernés ont déjà été réactivés. Il est expliqué que des utilisateurs influents, dont George Galloway, ancien membre du parlement britannique, sont intervenus. Ils auraient appelé Elon Musk concernant la situation. Suite à ces appels, les comptes ont été réintégrés.
I will investigate. Obviously, it is ok to be critical of anything, but it is not ok to call for extreme violence, as that is illegal.
(Apart from the “UN Exemption”, where officials from countries recognized by the UN can say what they say at the UN).
For the record, I do…
— Elon Musk (@elonmusk) January 9, 2024
Avant ces réintégrations, Musk a également affirmé qu’il allait enquêter sur la situation, au sujet de la plainte d’un certain Jackson Hinkle sur X. Dans un post, le PDG de la plateforme semblait vouloir équilibrer liberté d’expression et responsabilité de modérer les contenus illégaux. Il a effectivement exprimé son engagement envers la liberté d’expression, même pour les opinions avec lesquelles il est personnellement en désaccord.