À mesure que les patients infectés par le coronavirus SARS-CoV-2 continuent d’affluer dans les hôpitaux, les médecins tentent de trouver de nouvelles manières d’augmenter les chances de survie des personnes les plus sévèrement atteintes. Et il semblerait qu’une technique employée dans le cadre du syndrome de détresse respiratoire aiguë donne des résultats efficaces. En effet, en allongeant les patients les plus malades sur le ventre, l’apport en oxygène dans les poumons est considérablement augmenté, permettant à ces derniers de récupérer plus vite.
Les médecins constatent que le fait de placer les patients les plus malades atteints de coronavirus sur leur ventre — appelé décubitus ventral — aide à augmenter la quantité d’oxygène qui pénètre dans les poumons. « Nous sauvons des vies avec cela. C’est une chose si simple à faire, et nous avons constaté une amélioration remarquable. Nous pouvons le voir pour chaque patient », déclare Mangala Narasimhan, directeur régional des soins intensifs à Northwell Health, qui possède 23 hôpitaux à New York.
« Une fois que vous constatez que cela fonctionne, vous souhaitez appliquer plus fréquemment la procédure et vous voyez que cela fonctionne presque immédiatement », ajoute Kathryn Hibbert, directrice des soins intensifs au Massachusetts General Hospital.
Le positionnement ventral : un moyen efficace de combattre le syndrome de détresse respiratoire aiguë
Les patients atteints de coronavirus meurent souvent de SDRA (syndrome de détresse respiratoire aiguë). Le même syndrome tue également les patients atteints de grippe, de pneumonie et d’autres maladies. Il y a sept ans, des médecins français ont publié un article dans la revue New England Journal of Medicine montrant que les patients atteints de SDRA qui étaient sous respirateur avaient moins de risques de décéder s’ils étaient placés sur le ventre à l’hôpital.
Depuis, à des degrés divers, aux États-Unis, des médecins placent des patients atteints de SDRA et sous respirateur, sur le ventre. Récemment, ils font de même avec des patients atteints de coronavirus, et cela porte ses fruits. Lorsqu’un patient du Long Island Jewish Medical Center a été placé sur le ventre, son taux de saturation en oxygène, une mesure de l’oxygène dans le sang, est passé de 85% à 98%, un énorme bond.
Les patients ventilés restent généralement sur le ventre pendant environ 16 heures par jour, étant sur le dos le reste du temps afin que les médecins aient un meilleur accès à leurs voies aériennes et puissent plus facilement leur donner les traitements dont ils ont besoin. Les spécialistes des soins intensifs disent que le fait d’être sur le ventre semble utile, car cela permet à l’oxygène d’atteindre plus facilement les poumons. Sur le dos, le poids du corps écrase en effet certaines parties des poumons. « En les mettant sur le ventre, nous ouvrons des parties du poumon qui n’étaient pas ouvertes auparavant » indique Hibbert.
Une pratique soumise à des aménagements cliniques particuliers
Toutefois, il y a un inconvénient à placer des patients ventilés souffrant de coronavirus sur leur ventre. Les patients ventilés ont besoin de plus de sédation lorsqu’ils sont sur le ventre, ce qui pourrait signifier un séjour plus long en soins intensifs. Au Massachusetts General Hospital (abrégé Mass General), environ un tiers des patients sous ventilation souffrant de coronavirus sont placés sur le ventre, généralement ceux qui sont les plus malades et qui ont le plus à gagner à être dans cette position.
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Certains hôpitaux placent également sur le ventre des patients atteints de coronavirus qui ne sont pas dans l’unité de soins intensifs. Au Mass General, une « équipe de positionnement » constituée d’infirmières rend visite aux patients à l’extérieur des soins intensifs pour les encourager à se retourner sur le ventre. Puisqu’il peut être inconfortable pour un patient non sédaté de passer 16 heures sur le ventre, les infirmières essaient de les faire passer au moins quatre heures sur le ventre, réparties en deux séances.
« La plupart sont prêts à l’essayer. La durée pendant laquelle ils restent dans cette position varie vraiment d’une personne à l’autre », explique Hibbert. L’étude française de 2013 n’a examiné que les patients sous respirateur, l’effet que l’allongement sur le ventre a sur les patients qui ne sont pas aussi gravement malades n’est donc pas tout à fait certain.
Au Rush University Medical Center, les médecins étudient si la position ventrale est utile pour les patients non placés sous respirateur, mais suffisamment malades pour qu’ils aient besoin d’oxygène supplémentaire délivré par un tube nasal. Dans leur essai clinique, les patients sont assignés au hasard pour être sur le ventre ou le dos.