Depuis l’apparition des premiers cas d’infection au coronavirus SARS-CoV-2, les virologues comme les médecins en savent encore peu sur la dynamique du virus et les manifestations cliniques associées. Certaines personnes infectées ne montrent que quelques symptômes disparates et sans grandes conséquences, tandis que d’autres contractent des pneumonies et complications pulmonaires sévères. Une étude récente suggère que ces complications pourraient apparaître plus facilement chez des patients sous traitement avec des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA ou ACEI) et des bloqueurs de récepteurs à l’angiotensine. Ces médicaments sont notamment utilisés pour traiter les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, le diabète et les maladies rénales chroniques pour n’en citer que quelques-unes.
Une équipe de médecins a proposé une explication possible concernant les complications pulmonaires graves observées chez certaines personnes diagnostiquées avec le COVID-19. L’étude a été publiée dans la revue Journal of Travel Medicine.
Les coronavirus bêta du SRAS, SARS-CoV — qui a provoqué l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003 — ainsi que SARS-CoV-2 (COVID-19), se lient aux récepteurs de l’enzyme de conversion 2 (ACE2) de l’angiotensine dans la partie inférieure des voies respiratoires des patients infectés pour pénétrer dans les poumons. Une pneumonie virale et une insuffisance respiratoire potentiellement mortelle peuvent apparaître chez des personnes sensibles après 10 à 14 jours.
« Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACEI) et les bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine (ARB) sont des médicaments hautement recommandés pour les patients atteints de maladies cardiovasculaires, notamment les crises cardiaques, l’hypertension artérielle, le diabète et les maladies rénales chroniques pour n’en nommer que quelques-uns. Beaucoup de ceux qui développent ces maladies sont des personnes âgées », explique le professeur James Diaz du LSU.
Des traitements potentiellement plus susceptibles d’entraîner des complications respiratoires
La recherche sur des modèles expérimentaux a montré une augmentation du nombre de récepteurs ACE2 dans la circulation cardiopulmonaire après des perfusions intraveineuses d’inhibiteurs de l’ACE. « Étant donné que les patients traités par ACEI et ARB auront un nombre accru de récepteurs ACE2 dans leurs poumons, auxquels les protéines du coronavirus S se lieront, ils peuvent présenter un risque accru de conséquences graves de la maladie en raison des infections à SARS-CoV-2 ».
Diaz écrit que cette hypothèse est appuyée par une analyse descriptive récente de 1099 patients atteints d’infections à COVID-19 confirmées en laboratoire et traités en Chine au cours de la période de référence, du 11 décembre 2019 au 29 janvier 2020. Cette étude a rapporté des résultats plus graves de la maladie chez des patients souffrant d’hypertension, de maladie coronarienne, de diabète et de maladie rénale chronique.
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Des données supplémentaires nécessaires pour confirmer le rôle des ACEI et ARB
Tous les patients avec les diagnostics positifs répondaient aux indications recommandées pour le traitement avec ACEIs ou ARBs. Diaz indique que deux mécanismes peuvent protéger les enfants contre les infections à COVID-19 : des anticorps de protection croisée contre de multiples infections des voies respiratoires supérieures causées par les alpha coronavirus responsables du rhume, et moins de récepteurs ACE2 dans leurs voies respiratoires inférieures pour attirer les protéines S de liaison des bêta-coronavirus.
Il recommande de futures études cas-témoins chez des patients atteints d’infections à COVID-19 pour confirmer davantage que le traitement chronique avec des ACEI ou des ARB peut augmenter le risque de complications graves. Entre-temps, il met en garde : « Les patients traités par des ACEI et ARB pour des maladies cardiovasculaires ne devraient pas arrêter de prendre leurs médicaments, mais devraient éviter les foules, les événements de masse, les croisières en mer, les voyages aériens prolongés et toutes les personnes souffrant de maladies respiratoires pendant la pandémie actuelle ».