Au moment de l’émergence de la pandémie à coronavirus SARS-CoV-2, les autorités publiques, ainsi que la communauté scientifique, se sont interrogées sur le bien fondé du port de masques chirurgicaux par la population. Au cours du temps, plusieurs indications contraires ont été données aux populations, soit par manque de connaissances sur les mécanismes de propagation du virus, soit par stratégie politique (éviter les pénuries de masques). Aujourd’hui, alors que le déconfinement commence progressivement pour de nombreux pays, il est nécessaire de faire le point sur l’utilité ou non du port de masques chirurgicaux.
Il y a quelques semaines, l’OMS ainsi que les CDC se montraient clairs sur la question : à moins d’être soi-même porteur du virus ou d’être au contact direct avec des personnes infectées, les masques chirurgicaux ne seraient pas nécessaires pour le reste de la population. Le respect des consignes de distanciation sociale, de confinement et d’hygiène suffirait-il à lui seul à éviter le port du masque pour les personnes non infectées ? Oui et non. Cela dépend : oui, si les consignes sont respectées à la lettre et sans exceptions ; non, dans le cas contraire. Et étant donné qu’en réalité, les consignes ne peuvent pas être respectées à la lettre pour diverses raisons, voire pas du tout selon la situation, le port d’un masque même chirurgical peut aider à pallier ce manque en limitant la propagation du virus.
En effet, le masque chirurgical est différent d’un masque de protection respiratoire (FFP2/N95). Ce dernier, doté d’un mécanisme de filtration très haut niveau, doit être réservé aux professionnels de santé exposés directement à des personnes contaminées. Les masques chirurgicaux sont des masques anti-projection : ils évitent la projection vers l’entourage de gouttelettes émises par le porteur, et protègent également le porteur contre les projections de gouttelettes émises par une personne en vis-à-vis.
Cependant, au regard des récentes découvertes effectuées sur la dynamique d’infection du coronavirus, notamment sur le fait que des personnes asymptomatiques (qui représentent une part non négligeable des porteurs) peuvent transmettre le virus, les deux institutions sont revenues sur leurs propos pour modifier leurs recommandations.
« Cela signifie que le virus peut se propager entre des personnes interagissant à proximité — par exemple, parler, tousser ou éternuer — même si ces personnes ne présentent pas de symptômes », expliquent les CDC. Aujourd’hui, à la fois l’OMS et les CDC recommandent donc de porter un masque dans les endroits publics où les personnes sont amenées à physiquement se côtoyer et à potentiellement avoir des conversations en face à face, comme dans les transports en commun ou les files d’attente, ou encore pour aller faire les courses.
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Néanmoins, dans les grands espaces ouverts et en restant éloigné de tout contact avec des zones de contamination aérienne (les particules virales peuvent rester en suspension dans l’air durant plusieurs minutes voire plusieurs heures selon les conditions), les masques demeurent inutiles.
Bien qu’il soit plus efficace qu’un masque en tissu, l’efficacité d’un masque chirurgical dépend de sa conception. Les trois couches (deux couches non tissées enserrant une couche filtrante) doivent être correctement agencées et ajustées afin d’obtenir le maximum de filtration et de surface couverte. Il est possible de fabriquer soi-même ses masques ; toutefois, il est recommandé de suivre les indications de sites officiels pour la fabrication.