Au moment où la pandémie de COVID-19 a émergé, les experts étaient catégoriques : il faudrait entre 14 et 18 mois pour que le premier vaccin fonctionnel voie le jour. Depuis, les immunologistes et les virologues du monde entier ont travaillé activement pour réduire le plus possible ce délai, tant et si bien que plusieurs laboratoires sont déjà prêts à commencer les tests finaux de leur vaccin expérimental le mois prochain. Les essais cliniques se dérouleront majoritairement aux États-Unis et au Brésil, qui sont actuellement durement frappés par le virus.
Le premier vaccin expérimental contre le COVID-19 aux États-Unis fera l’objet d’une vaste étude le mois prochain pour éprouver son efficacité à protéger contre le coronavirus SARS-CoV-2, tandis que le Brésil, durement touché, teste un vaccin différent provenant de la Chine. Moderna Inc. a déclaré jeudi que le vaccin qu’il développe avec les National Institutes of Health sera testé sur 30’000 personnes aux États-Unis. Certains recevront le vrai vaccin et d’autres un vaccin factice, afin de respecter rigoureusement la méthodologie clinique.
Avec beaucoup moins de cas de COVID-19 en Chine, Sinovac Biotech s’est tournée vers le Brésil, l’épicentre de l’épidémie d’Amérique latine, pour au moins une partie de ses tests finaux. Le gouvernement de São Paulo a annoncé jeudi que Sinovac enverra une quantité suffisante de son vaccin expérimental pour des tests sur 9000 Brésiliens à partir du mois prochain.
Des dizaines de vaccins expérimentaux à différents stades de développement
Dans le monde, une douzaine de vaccins potentiels contre le COVID-19 en sont aux premiers stades des tests. Le NIH prévoit d’aider plusieurs vaccins supplémentaires à entrer dans ces études finales à grande échelle cet été, y compris les travaux réalisés par l’Université d’Oxford dont le vaccin sera également testé sur quelques milliers de volontaires au Brésil.
Il n’y a aucune garantie de succès pour aucun de ces essais. Mais si tout se passe bien, il y aura suffisamment de données sur les vaccins qui fonctionnent d’ici la fin de l’année, explique John Mascola, qui dirige le centre de recherche sur les vaccins du NIH. Les vaccins entraînent le corps à reconnaître un virus et à riposter, et les spécialistes disent qu’il est essentiel de tester différents processus vaccinaux pour augmenter les chances qu’au moins un type fonctionne.
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La nécessité de tester différents procédés vaccinaux
Le vaccin de Sinovac est fabriqué en cultivant le coronavirus dans un laboratoire puis en le tuant. Les vaccins dits « entièrement inactivés » sont éprouvés et utilisés depuis des décennies pour lutter contre la polio, la grippe et d’autres maladies, mais la croissance du virus est difficile et nécessite des précautions en laboratoire.
Le vaccin fabriqué par le NIH et Moderna ne contient aucun virus réel. Les doses contiennent le code génétique de la protéine de « spike » (dite « de pointe ») qui recouvre la surface du coronavirus. Les cellules du corps utilisent ce code pour fabriquer une protéine de pointe inoffensive contre laquelle le système immunitaire réagit et conserve une mémoire immunitaire. Le vaccin à ARNm est plus facile à fabriquer, mais il s’agit d’une technologie nouvelle et non éprouvée.
Aucune des deux sociétés n’a encore publié de résultats sur la façon dont leurs essais ont réussi dans de plus petites études à un stade précoce, conçues pour vérifier les effets secondaires graves et la façon dont le système immunitaire des gens réagit à différentes doses. Même avant la preuve que tout vaccin potentiel fonctionnera, les entreprises et les gouvernements commenceront bientôt à stocker des millions de doses afin d’être prêts à commencer les vaccins dès que les réponses arriveront.