Des recherches récentes suggèrent que le système océanique Atlantique pourrait s’effondrer d’ici 2025, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour le climat mondial. Si ces prévisions se confirment, des hivers plus extrêmes, une élévation du niveau de la mer et un déplacement des moussons pourraient survenir. Malgré des controverses, ces résultats soulignent l’urgence d’agir contre le changement climatique.
Dans le contexte actuel de crise climatique, la stabilité des courants océaniques mondiaux est devenue une préoccupation majeure. Au centre de ces inquiétudes se trouve la Circulation Méridienne de Retournement de l’Atlantique (AMOC), un système complexe de courants océaniques qui régule le climat de l’hémisphère Nord et qui comprend le Gulf Stream.
Récemment, des chercheurs de l’Institut Niels Bohr et du Département des sciences mathématiques de l’Université de Copenhague suggèrent que l’AMOC pourrait réellement s’effondrer d’ici le milieu du siècle, voire dès 2025. Cette prédiction, bien que controversée, est notamment basée sur une analyse des températures de surface de la mer, servant de proxy pour la stabilité de l’AMOC. Si ces prévisions se confirment, les implications pour le climat mondial seraient dévastatrices, soulignant l’urgence d’agir pour atténuer le changement climatique. Leur étude est publiée dans la revue Nature Communications.
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Un système en péril
L’AMOC, parfois comparée à un gigantesque tapis roulant océanique, joue un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial. Elle transporte l’eau chaude des tropiques vers l’Atlantique Nord, contribuant ainsi à modérer les températures de cette région. Cependant, ce système délicatement équilibré est menacé par le changement climatique.
En effet, le réchauffement global provoque une augmentation de la température des océans et une accélération de la fonte des glaces. Ces deux phénomènes entraînent une augmentation de l’eau douce dans l’océan. Or, l’eau douce est moins dense que l’eau salée et a donc plus de mal à atteindre les profondeurs. De plus, l’eau de surface est plus chaude et donc également moins dense que les eaux de profondeur. Si l’eau de surface devient à la fois trop douce et trop chaude, elle ne peut plus circuler vers le bas. Cela peut donc perturber voire arrêter le « tapis roulant » de l’AMOC.
À l’aide d’outils statistiques avancés et de données sur les températures des océans des 150 dernières années, les chercheurs ont calculé que le courant océanique s’effondrera — avec une certitude de 95 % — entre 2025 et 2095. Cela se produira très probablement dans 34 ans, en 2057.
Les conséquences d’un effondrement
L’effondrement de l’AMOC aurait des conséquences dramatiques sur le climat mondial. L’un des impacts majeurs d’un tel effondrement serait une intensification des hivers dans certaines régions. En particulier, l’Europe et l’Amérique du Nord pourraient connaître des hivers beaucoup plus extrêmes, car l’AMOC contribue à modérer les températures de ces régions, qui verraient leurs températures baisser de 5 °C en une décennie.
Un autre impact majeur serait une élévation du niveau de la mer. En effet, l’arrêt de l’AMOC pourrait entraîner une montée des eaux affectant certaines parties de l’Europe et des États-Unis, avec des conséquences dévastatrices pour les populations côtières de ces régions. Sans compter qu’un effondrement de l’AMOC pourrait également perturber les moussons dans les tropiques.
Les auteurs soulignent dans un communiqué que lors du dernier changement de mode de l’AMOC pendant la dernière période glaciaire, le climat près du Groenland a augmenté de 10 à 15 degrés Celsius en une décennie. Ce sont les célèbres événements Dansgaard-Oeschger. Cela donne une idée de l’ampleur des changements climatiques que pourrait provoquer un effondrement de l’AMOC, alors que le climat actuel se réchauffe pour atteindre +1,5 °C en seulement un siècle.
Les incertitudes demeurent
Malgré le caractère alarmant de ces prédictions, elles ne font pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique. En effet, certains chercheurs mettent en doute la fiabilité des températures de surface de la mer comme indicateur de la résilience de l’AMOC.
La température de surface de la mer est influencée par de nombreux facteurs, dont certains peuvent ne pas être directement liés à la stabilité de l’AMOC. Par conséquent, il n’est pas clair si une augmentation ou une diminution de la température de surface de la mer indique nécessairement un affaiblissement ou un renforcement de l’AMOC.
Un appel désespéré à agir
Ces controverses et incertitudes soulignent la complexité de la science du climat et la difficulté de prédire l’évolution future du système climatique. Elles ne diminuent en rien l’urgence d’agir pour atténuer le changement climatique. Les enjeux, déjà considérables, viennent de prendre une nouvelle dimension.
Il est impératif de réduire drastiquement, voire d’éliminer, les émissions de gaz à effet de serre, qui réchauffent la planète. Cela passe par une transition vers des sources d’énergie renouvelable, une amélioration de l’efficacité énergétique et une modification de nos modes de consommation et de production. De surcroît, il est crucial de mettre en place des stratégies d’adaptation pour aider les communautés vulnérables à faire face aux conséquences de la fonte des glaces.
Autrement dit, ces résultats nous rappellent que nous avons une responsabilité collective pour protéger notre planète et assurer un avenir durable pour les générations futures.