Plus de trois ans après son apparition, le virus du SARS-CoV-2 est désormais omniprésent. Santé publique France rapportait plus de 2700 nouveaux cas confirmés dans l’Hexagone au 7 juin. Grâce à la vaccination, les cas sévères sont heureusement beaucoup moins nombreux. Une part de la population reste aujourd’hui non vaccinée. Des chercheurs de l’Université de Zurich ont mené une étude pour évaluer les symptômes à long terme et la santé des personnes non vaccinées ayant contracté la maladie. Résultat : 18% des personnes infectées non vaccinées développeraient des symptômes persistants, souvent durant des années.
En France, 60,5% de la population a reçu une primo-vaccination complète et une dose de rappel et près de 25% des 60 ans et plus ont reçu un rappel adapté au variant Omicron, actuellement dominant sur le territoire. La vaccination a permis de faire baisser la mortalité et les formes graves de la maladie. De nombreuses personnes restent néanmoins non vaccinées à ce jour. En Suisse, selon l’Office fédéral de la santé publique, près de 70% de la population (dont 90% des 65 ans et plus) a reçu au moins une dose vaccinale.
Des chercheurs se sont penchés sur le cas de personnes non vaccinées du canton de Zurich : ils ont considéré un échantillon d’environ 1100 adultes ayant contracté une infection au SARS-CoV-2 avant le développement du vaccin, afin d’examiner leur état de santé jusqu’à 24 mois après l’infection. « Jusqu’à 18% des personnes qui n’avaient pas été vaccinées avant l’infection présentaient une affection post-covid jusqu’à deux ans après l’infection, avec des preuves d’un risque excessif de symptômes par rapport aux témoins », rapportent-ils dans The British Medical Journal.
Des trajectoires d’évolution de l’infection très différentes
Des études antérieures ont suggéré que « l’état post-covid » affecte 20 à 30% des personnes non vaccinées trois à six mois après l’infection par le SARS-CoV-2. Des études à plus long terme, jusqu’à 24 mois après l’infection, ont rapporté un éventail d’estimations beaucoup plus large (de 22 à 75%), que les chercheurs attribuent à l’hétérogénéité des populations incluses, des conceptions d’étude et des évaluations. Pour bien informer les patients, les prestataires de soins de santé et les décideurs politiques, il est important de déterminer la prévalence et l’évolution dans le temps de cette condition.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs se sont intéressés à l’évolution de l’état post-covid au sein d’une cohorte longitudinale basée sur la population d’individus infectés par le SARS-CoV-2 — l’infection ayant été confirmée par PCR entre le 6 août 2020 et le 19 janvier 2021, soit avant le déploiement du vaccin. Leur objectif était de décrire les schémas de guérison et de persistance des symptômes sur 24 mois et de déterminer le risque de symptômes associés en comparant leur prévalence chez des individus n’ayant pas contracté d’infection.
L’état de santé relatif global des participants a été recueilli aux mois 6, 12, 18 et 24 après l’infection, à l’aide d’une combinaison de deux mesures autodéclarées : l’état « de rétablissement », pour lequel les participants devaient indiquer s’ils s’étaient rétablis par rapport à leur état de santé habituel avant l’infection, et l’état de santé général, autoévalué à l’aide de l’échelle EQ-VAS (une échelle analogique visuelle).
« Nous avons constaté que les personnes infectées par le SARS-CoV-2 avaient des trajectoires différentes au fil du temps. Bien que la santé de la plupart des participants se soit améliorée au cours de la période d’étude, certains ont connu une aggravation ou une alternance de problèmes de santé et de récupération », soulignent les chercheurs.
Dans l’ensemble, 55% des participants ont déclaré avoir retrouvé leur état de santé normal moins d’un mois après l’infection. Cependant, près de 23% des personnes infectées n’étaient pas complètement rétablies au bout de six mois et 17% d’entre elles ne s’estimaient toujours pas rétablies 24 mois après l’infection.
Des symptômes qui persistent deux ans après l’infection
La plupart des participants (68% environ) ont signalé une récupération continue au fil du temps. Environ 13,5% ont connu une amélioration globale de leur santé ou étaient complètement rétablis au bout de 24 mois. Cependant, 5% ont vu leur état de santé s’aggraver, tandis que 8,5% ont rapporté une alternance de périodes de rétablissement et d’altération de leur santé.
Les résultats montrent par ailleurs que la prévalence ponctuelle et la gravité des symptômes liés à la COVID-19 diminuaient avec le temps. Cependant, 18% des participants à l’étude ont encore signalé des symptômes 24 mois après l’infection. Ils étaient également 9% à signaler des symptômes à chaque point de suivi (soit à 6, 12, 18 et 24 mois). Les symptômes étaient plus durables et plus sévères chez les patients les plus âgés ayant des problèmes de santé préexistants, notent les chercheurs.
Ces personnes qui n’étaient pas vaccinées avant l’infection présentaient un risque excessif de symptômes par rapport au groupe témoin (composé de 628 adultes n’ayant pas été infectés). Les excès de risque les plus élevés concernaient l’altération du goût ou de l’odorat (10%), les malaises après l’effort (9%), la fatigue (5%), la dyspnée (8%), la baisse de la concentration (8%) et de la mémoire (6%).
« Cette étude basée sur la population a montré que malgré une diminution de la gravité des symptômes et des problèmes de santé au fil du temps, jusqu’à 18% des personnes infectées par le SARS-CoV-2 étaient affectées par l’état post-covid 24 mois après l’infection », résument les chercheurs. Notons que cette étude présente néanmoins des limites, du fait qu’elle repose sur des symptômes et un état de santé autodéclarés (non confirmés cliniquement) et qu’elle se concentre uniquement sur le SARS-CoV-2 de type sauvage dans une population non vaccinée.
Parce que les problèmes de santé persistants nuisent à la qualité de vie des personnes touchées et représentent un fardeau important pour les systèmes de santé et les services de soins, l’équipe souligne la nécessité de réaliser des essais cliniques pour trouver le moyen de soulager rapidement l’état post-covid. L’hétérogénéité de l’évolution des symptômes mise en évidence ici est importante pour la conception et l’interprétation de ces futurs essais.