Depuis l’apparition du coronavirus SARS-CoV-2, les laboratoires pharmaceutiques du monde entier sont à pied d’œuvre pour mettre au point un vaccin qui permettrait d’endiguer la propagation de la maladie, aujourd’hui à l’origine de plus de 153’000 cas et plus de 5700 décès dans le monde selon les derniers chiffres de l’OMS. À ce jour, une dizaine de produits pourraient être de bons candidats selon le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses. Les tout premiers essais devraient se dérouler dans les prochaines semaines.
Les recherches autour du coronavirus battent tous les records : le développement d’un vaccin nécessite habituellement bien plus de temps. Bien que plusieurs laboratoires soient sur des pistes sérieuses, la « mise en rayon » n’est toutefois pas pour demain ! Après les premiers tests sur un nombre restreint de candidats sains, il faudra encore tester la formule à plus grande échelle, ce qui devrait prendre près de 8 mois. Au final, le Docteur Fauci estime que le déploiement du vaccin ne sera effectif que d’ici 12 à 18 mois.
Une technologie à base de plantes
Parmi les entreprises en lice, Medicago, une société biopharmaceutique canadienne, qui pourrait mettre un vaccin sur le marché en novembre 2021 selon son PDG Bruce Clark, à raison de 10 millions de doses par mois. L’entreprise serait en tout cas en bonne voie, car elle déclare avoir développé une particule pseudo-virale à partir du coronavirus, première étape du développement du vaccin. Ces particules sont utilisées dans la fabrication des vaccins pour stimuler l’immunité de l’organisme. Elles imitent la forme et les dimensions du virus de manière à ce que le corps crée une réponse immunitaire adéquate, mais elles sont sans danger car ne contiennent aucun matériel génétique viral.
Alors que la plupart des vaccins contre la grippe sont élaborés à partir d’œufs de poule (le virus est « cultivé » dans le jaune des œufs), Medicago est à l’origine d’une technologie exclusive à base de plantes et n’utilise pas de virus vivant. La séquence génétique du virus est injectée dans une bactérie du sol, qui est ensuite absorbée par les plantes. Celles-ci produisent alors une protéine, qui peut être utilisée comme vaccin. La production s’avère plus rapide et plus simple à réaliser à grande échelle que la méthode à base d’œufs.
Medicago prévoit ses premiers essais sur l’Homme pour le mois de juillet. Parallèlement, l’entreprise cherche à développer des anticorps contre le SARS-CoV-2 (le virus à l’origine de la maladie COVID-19) afin d’élaborer un traitement pour soigner les personnes infectées. Elle a déjà prouvé à maintes reprises dans le passé qu’elle était capable de développer des vaccins efficaces en des temps restreints.
Une urgence qui change la donne
De son côté, le laboratoire américain Inovio Phamaceuticals Inc. espère entamer les essais cliniques de sa formule INO-4800 dès le mois prochain. Aux États-Unis tout d’abord, puis en Chine et en Corée du Sud, où l’épidémie sévit plus largement. Inovio prévoit ainsi de livrer un million de doses de vaccins d’ici la fin de l’année.
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Son compatriote Moderna, en collaboration avec les National Institutes of Health (NIH), a quant à lui commencé à recruter des volontaires pour tester la formule de son vaccin, baptisé ARNm-1273. Celui-ci est composé d’un segment d’ARNm (ARN messager), synthétisé en laboratoire, qui va inciter les cellules à fabriquer une protéine que l’on retrouve dans la couche externe du SARS-CoV-2, provoquant ainsi une réponse immunitaire. Par la suite, si la personne vaccinée est infectée par le virus, son organisme parviendra à mieux se défendre.
Moderna a cependant suscité la polémique dans le secteur : la société entame ses essais sur l’Homme alors que ses tests sur les animaux ne sont pas tout à fait terminés… Mark Feinberg, président et CEO de l’International AIDS Vaccine Initiative, souligne qu’il est important de vérifier dans quelle mesure un nouveau vaccin peut stopper l’infection chez les animaux, mais dans le contexte actuel, il estime logique de commencer les tests humains avant la fin de l’expérimentation animale : « Je pense personnellement que ce n’est pas seulement approprié. Je pense que c’est la seule option que nous avons ». Certains diront « à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ».