En parallèle des gestes barrières et du développement de traitements et vaccins, le dépistage fait lui aussi partie intégrante des mesures de lutte contre la COVID-19. Dans de nombreux pays, les populations ont accès à des tests, autorisant ainsi un dépistage massif quand les moyens le permettent. Cependant, la majorité des tests pratiqués utilisent des écouvillons nasaux, une procédure complexe en termes de ressources et infrastructures. C’est pourquoi une équipe de chercheurs américains a récemment développé un dispositif de dépistage salivaire en quelques minutes basé sur un smartphone. Une méthode simple et rapide qui devrait faciliter les campagnes de tests menées à travers le monde.
Des chercheurs de l’Université de Tulane ont mis au point un test COVID-19 de 15 minutes lu par un smartphone pour répondre au besoin d’étendre la capacité de test dans des contextes de dépistage de masse. Ce test utilise la même approche CRISPR que celle que les chercheurs ont soumise à la Food and Drug Administration pour une autorisation d’utilisation d’urgence. Les tests PCR rapides utilisent généralement des échantillons sur écouvillon nasal et sont effectués en laboratoire par des personnes hautement qualifiées utilisant un équipement sophistiqué. Le test COVID-19 salivaire, qui ne nécessite pas de traitement en laboratoire, pourrait rapidement étendre la capacité de test dans les cliniques et sites de dépistage ambulatoires.
Une méthode efficace et simple à mettre en œuvre
La méthode a été testée chez 12 personnes ayant contracté la COVID-19 et 6 témoins sains. Bo Ning et ses collègues démontrent que cette technique, qui associe un appareil de lecture au microscope à fluorescence à un smartphone pour déterminer la charge virale à partir d’un test CRISPR/Cas12a, fonctionne aussi efficacement que la méthode de réaction de polymérisation en chaîne quantitative par transcriptase inverse (RT-qPCR).
« Nous pensons que cette plate-forme pour smartphone, et une future application, offrent le potentiel d’étendre rapidement la capacité de dépistage de la COVID-19 et potentiellement de simplifier la vérification de la recherche des contacts, afin d’améliorer le confinement local et d’augmenter l’efficacité des efforts régionaux de lutte contre les maladies », écrivent les auteurs.
La plupart des tests COVID-19 nécessitent actuellement de frotter la partie supérieure de la gorge, derrière le nez — un processus inconfortable qui oblige des professionnels de la santé en tenue de protection complète à collecter des échantillons dans des salles d’isolement pour infections aéroportées avant d’exécuter les tests RT-qPCR. Cependant, des études récentes ont montré que le SARS-CoV-2 peut être également présent dans le nasopharynx et la salive au cours d’une infection précoce, ce qui suggère que les tests COVID-19 à base de salive pourraient permettre des tests comparativement fiables mais plus simples et plus sûrs.
La salive : un moyen fiable de détection
Pour développer une plate-forme largement accessible impliquant les tests basés sur la salive, Ning et ses collègues ont construit un prototype de puce de test qui utilise l’enzyme CRISPR/Cas12a pour améliorer le signal d’une cible d’ARN viral amplifié dans un échantillon de salive. Ils ont intégré la puce dans un appareil de lecture au microscope à fluorescence basé sur un smartphone, qui capture et analyse des images pour déterminer si le virus est présent au-dessus d’une concentration seuil.
Les chercheurs ont utilisé cette méthode de détection pour analyser la salive de 12 patients atteints de COVID-19 et de 6 témoins sains, constatant que le dispositif distinguait avec succès les patients avec et sans le virus. De plus, les chercheurs ont comparé des prélèvements nasaux et salivaires de primates non humains avant et après l’infection.
Ils ont trouvé des niveaux plus élevés d’ARN de SARS-CoV-2 dans les écouvillons de salive, ce qui suggère en outre que la salive peut fournir un moyen solide de diagnostic après l’infection. Les auteurs suggèrent qu’une future version de la puce utilisée dans cette technique pourrait contenir des réactifs préchargés et des échantillons de contrôle, et une application pour smartphone personnalisée pourrait permettre la communication sécurisée et sans fil des données de test pour soutenir les efforts de télésanté.