Une étude récente basée sur un échantillon de population en Chine révèle que 54% des patients présentent encore des symptômes légers à modérés 3 ans après l’infection initiale au SARS-CoV-2. Ils présentent également des taux de réinfection et de pneumonie plus élevés depuis l’émergence du variant Omicron. Ceux ayant contracté la forme grave ou un COVID long souffrent notamment d’une défaillance organique persistante et nécessitent une attention médicale plus rigoureuse.
Diverses études ont précédemment rapporté que de nombreux patients COVID-19 présentent des symptômes plusieurs mois ou années après l’infection. Une précédente étude de synthèse de 194 de ces rapports révèle que 45% des patients présentent au moins un symptôme persistant après 4 mois, quelle que soit la gravité de l’infection.
Cependant, alors que plus de trois ans se sont écoulés depuis le début de pandémie, de nombreux patients signalent toujours des symptômes. Or, le suivi le plus long n’a jusqu’à présent été effectué que sur 2 ans (rapportant une persistance symptomatique chez 55% des patients), malgré le fait que les potentielles séquelles à long terme de la maladie suscitent une vive inquiétude chez les médecins.
La nouvelle étude, détaillée dans la revue The Lancet Respiratory Medicine, est la première à être basée sur un suivi de 3 ans, ainsi que de la première à couvrir la période de prédominance du SARS-CoV-2 de type « sauvage » et celle de l’émergence de toutes les variantes jusqu’à Omicron. Menée par des chercheurs de l’Hôpital de l’Amitié sino-Japonaise de Pékin, elle a rassemblé 1359 patients COVID-19 hospitalisés à l’hôpital Jinyintan de Wuhan de janvier à mai 2020.
Une plus grande vulnérabilité à Omicron pour les patients COVID long
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs de Pékin ont effectué trois enquêtes de suivi à 6 mois, 1 an, 2 ans et 3 ans après l’infection initiale au SARS-CoV-2. Après 1 an de suivi, des témoins sans antécédents de COVID provenant de deux communautés de Wuhan ont été recrutés puis appariés à la deuxième année de suivi avec des patients ayant déjà subi l’infection et effectué des tests de la fonction pulmonaire. À la troisième année de suivi, les survivants et les témoins appariés ont rempli des séries de questionnaires sur place et effectué un test de marche de 6 minutes (évaluant la fonction pulmonaire), ainsi que divers tests de laboratoire.
D’autre part, un sous-groupe de survivants COVID a été sélectionné et classé selon la gravité de l’infection au cours de l’hospitalisation. Après avoir été appariés avec des témoins communautaires sains, ils ont effectué des tests de la fonction pulmonaire. Les survivants qui ont effectué une tomodensitométrie à haute résolution et qui ont présenté des relevés pulmonaires anormaux après 2 ans de suivi, ont également été invités à une autre évaluation. La présence de COVID long a été évaluée selon les symptômes des séquelles, l’infection ou non par Omicron, la fonction pulmonaire et l’imagerie thoracique à la troisième année de suivi.
Les résultats ont révélé que 54% des patients (728) ont signalé au moins un symptôme persistant léger à modéré 3 ans après l’infection initiale. Avec l’émergence du variant Omicron en novembre 2021, ceux présentant un COVID long avaient un taux de réinfection et de pneumonie 76% et 67% (respectivement) plus élevés que ceux n’ayant pas développé de COVID long. En revanche, les taux de réinfection et de pneumonie ne montraient pas de différence notable entre les patients sans symptômes persistants (41%) et les témoins sains (39%). La fonction pulmonaire des patients sans COVID long était également comparable à celle des témoins.
« Bien que la fonction organique des patients COVID-19 se soit rétablie au fil du temps, ceux présentant des symptômes graves et de COVID long, une fonction organique anormale ou une mobilité limitée nécessitent une attention urgente dans la pratique clinique et les recherches futures », expliquent les chercheurs dans leur document. En outre, à la troisième année, la réinfection était un facteur de risque significatif d’essoufflement à l’effort, d’anxiété ou de dépression et de déficit d’analogie visuelle (indiquant la performance cognitive).
Un besoin de groupes comparatifs appropriés
Il faut cependant noter que l’étude présente certaines limites, incluant notamment l’implication de données provenant d’un seul centre de santé et d’une population ethniquement homogène. De plus, le nombre de survivants à la forme grave ainsi que ceux ayant effectué des tests de la fonction pulmonaire intégrés à l’étude est relativement faible.
Des experts ayant commenté l’étude ont également souligné la nécessité d’inclure des groupes de comparaison appropriés. « Les études devraient-elles être limitées uniquement aux contrôles sans COVID-19 ou inclure les personnes infectées par le SARS-CoV-2, mais non vaccinées ? », se sont-ils demandé. Pour les futures recherches, ils appellent également à la fourniture d’infrastructures adaptées aux enquêtes longitudinales à l’échelle internationale. Cela permettrait par exemple de mieux évaluer les impacts de la maladie sur le développement et l’incidence des maladies chroniques chez les jeunes. Des facteurs de variabilité tels que l’origine ethnique et le statut socio-économique devraient également être inclus.