La situation sanitaire en Inde n’est plus à présenter, mais pour la résumer en deux mots : terrible, inattendue. Et selon des sources locales, la situation pourrait encore empirer. Surpris par une vague de contaminations ingérable, le pays a battu tous les records mondiaux, jour après jour. Une véritable gifle pour le monde entier, alors que de nombreux pays bénéficiant de vastes campagnes de vaccination pensent voir le bout du tunnel. La question qui vient alors à l’esprit est la suivante : quelles sont les véritables causes de ce tsunami ?
Comme vous pouviez vous en douter, il n’existe pas de réponse simple et certaine à cette question. Le premier obstacle à cette enquête est que, sur le papier, l’épidémie actuelle en Inde n’est pas si exceptionnelle : les données font état d’environ 200 cas quotidiens et 2 décès par million d’habitants, ce qui est similaire à la situation actuelle aux États-Unis, en Allemagne et au Canada, et inférieur à la situation en France il y a à peine quelques jours (avec un pic à plus de 1500 cas par million d’habitants).
Un système de santé submergé
Toutefois, si les chiffres officiels de chaque pays sous-estiment le nombre réel d’infections, l’écart risque d’être plus important en Inde. Le nombre de cas quotidiens pourrait être plus proche de 10 millions que des 350 000 rapportés (en moyenne ces derniers jours), tandis que les médias suggèrent que le nombre de décès est au moins 10 fois supérieur aux données gouvernementales. Mais les chiffres seuls ne suffisent pas à retranscrire l’ampleur de la situation en Inde, car il faut surtout considérer que le pays ne compte que 2 lits de soins intensifs pour 100 000 habitants, contre 29 pour 100 000 en France.
Le calme avant la tempête…
L’un des grands mystères de cette nouvelle épidémie est de savoir pourquoi l’Inde a évité une seconde vague pendant si longtemps. Il y a deux mois à peine, le pays semblait avoir le contrôle de la situation. Les explications proposées pour la vague actuelle ne manquent pas : émergence de nouvelles variantes dangereuses, assouplissement des restrictions, relâchement des soins, rassemblements politiques de masse et fêtes religieuses, affaiblissement de l’immunité acquise durant la première vague. À ces facteurs s’ajoute un programme de vaccination inefficace, avec moins de 9% de la population ayant reçu au moins une dose. Tous ces éléments sont donc en cause, et beaucoup auraient pu être évités selon les experts.
L’alarme aurait déjà dû être tirée lorsque le nombre de cas a commencé à augmenter en février et mars. Au lieu de cela, tout comme dans d’autres pays, les décideurs ne semblent pas avoir compris ou considéré à temps les effets d’une propagation exponentielle lorsqu’elle n’est pas contrôlée. Alors que le pays cherche de l’aide à l’extérieur, cette crise devrait être un avertissement brutal pour le reste du monde, montrant à quelle vitesse une situation apparemment bonne peut basculer.