Le COVID long est désormais un sujet d’inquiétude majeur durant cette pandémie, étant donné qu’environ 20 à 30% des personnes guéries de la COVID-19 en sont atteintes. Les scientifiques tentent encore de comprendre à quoi sont dus les symptômes associés, parfois très invalidants, allant de l’essoufflement à la fatigue chronique, en passant par le brouillard cérébral. Les causes seraient multiples, mais récemment, des chercheurs ont montré pour la première fois que des microcaillots inflammatoires étaient présents dans le sang de patients souffrant de COVID long.
Ces micro-caillots sanguins, dont le corps parviendrait difficilement à se débarrasser, pourraient expliquer certains des symptômes persistants ressentis par les personnes atteintes de COVID long. Une nouvelle étude indique qu’un grande quantité de molécules inflammatoires serait littéralement « piégée » à l’intérieur de ces caillots sanguins microscopiques et insolubles.
Cette découverte inattendue a été faite par le professeur Resia Pretorius, chercheuse au département des sciences physiologiques de l’université de Stellenbosch (SU), lorsqu’elle a commencé à examiner les microcaillots et leur contenu moléculaire dans des échantillons de sang provenant de personnes atteintes de COVID long. Les résultats ont depuis été examinés par des pairs et publiés dans la revue Cardiovascular Diabetology.
Un équilibre fragile perturbé par l’infection
« Nous avons trouvé des niveaux élevés de diverses molécules inflammatoires piégées dans les microcaillots présents dans le sang des personnes atteintes de COVID long. Certaines des molécules piégées contiennent des protéines de coagulation telles que le fibrinogène, ainsi que l’alpha(2)-antiplasmine », explique Pretorius.
L’alpha(2)-antiplasmine est une molécule qui empêche la dégradation des caillots sanguins, tandis que le fibrinogène est la principale protéine de coagulation. Dans des conditions normales, le système plasmine-antiplasmine de l’organisme maintient un équilibre délicat entre la coagulation du sang (processus par lequel le sang s’épaissit et se coagule pour éviter les pertes de sang après une blessure) et la fibrinolyse (processus de dégradation de la fibrine dans le sang coagulé pour empêcher la formation de caillots sanguins).
Avec des taux élevés d’alpha(2)-antiplasmine dans le sang des patients atteints de COVID-19 et des personnes souffrant de COVID long, la capacité de l’organisme à décomposer les caillots est considérablement inhibée.
L’insolubilité des microcaillots est devenue apparente lorsque le Dr Maré Vlok, analyste principal à l’unité de spectrométrie de masse des installations analytiques centrales de la SU, a remarqué que les échantillons de plasma sanguin des personnes atteintes de COVID aigu et de COVID long continuaient à déposer des granules insolubles au fond des tubes après dilution (trypsinisation). Vlok a alors alerté le professeur Pretorius de cette observation et a poursuivi ses recherches.
Sur la piste d’un traitement pour le COVID long…
Il s’agit aujourd’hui du premier groupe de recherche à avoir rapporté la découverte de microcaillots dans les échantillons de sang de personnes atteintes de COVID long, en utilisant la microscopie à fluorescence et l’analyse protéomique, résolvant ainsi une autre énigme associée à la maladie.
« La présence simultanée de microcaillots anormaux persistants et d’un système fibrinolytique pathologique est particulièrement intéressante », écrivent les chercheurs dans leur document de recherche. Cela implique que l’équilibre entre la plasmine et l’antiplasmine peut être au cœur des pathologies associées au COVID long, et fournit des preuves supplémentaires que la COVID-19, et maintenant le COVID long, présentent des pathologies cardiovasculaires et de coagulation importantes.
Les chercheurs recommandent aux autres équipes de poursuivre les recherches sur un régime de thérapies visant à soutenir la coagulation et la fonction du système fibrinolytique chez les personnes présentant des symptômes persistants suite à la guérison de l’infection initiale.
L’équipe prévoit maintenant d’effectuer la même analyse sur un plus grand nombre de patients. À ce jour, ils ont collecté du sang auprès de cent personnes atteintes de COVID long, qui ont participé au registre COVID long lancé en mai 2021, ainsi qu’auprès de 30 personnes en bonne santé. Les implications de cette découverte mettent les chercheurs sur la piste d’un potentiel traitement pour le COVID long, qui touche environ 20% des personnes guéries de la maladie initiale.