Dans la lutte contre la COVID-19, il n’y a pas que la prévention, mais aussi la prise en charge adéquate des malades, surtout de ceux susceptibles de développer une forme sévère de la maladie. Les professionnels de la santé font face, chaque jour, à des cas de COVID-19 sévères et doivent de ce fait prendre des décisions critiques rapidement, dont celle du traitement à administrer. Pour cela, ils se basent principalement sur les signes cliniques, mais une nouvelle étude pourrait changer la donne.
Des chercheurs ont découvert qu’un simple test sanguin pourrait aider à prédire quels patients sont susceptibles de développer une forme sévère de COVID-19 et de nécessiter un respirateur. Le test mesure les niveaux d’anticorps dirigés contre les molécules libérées par les cellules sanguines mortes, y compris leur propre ADN.
Il peut également s’avérer utile chez les personnes infectées avant qu’elles ne soient hospitalisées, explique Ana Rodriguez du NYU Langone à New York. Il est cependant probable que le test soit moins précis dans ce cas, mais il pourrait indiquer les patients nécessitant une surveillance plus étroite.
L’état des personnes infectées par le SARS-CoV-2 tombant gravement malades tend à se détériorer au moins une semaine ou plus après le début des symptômes, lorsque les niveaux de virus diminuent, ce qui suggère que c’est la réaction de la personne à l’infection qui cause les complications, plutôt que le virus lui-même.
Taux d’auto-anticorps : un indicateur fiable de la sévérité de la maladie
« Les anticorps anti-ADN et anti-PS déterminés à l’admission à l’hôpital étaient fortement corrélés avec le développement ultérieur d’une maladie grave, montrant une valeur prédictive positive de 85,7% et 92,8%, respectivement », écrivent les chercheurs dans leur document
L’équipe de Rodriguez a examiné les tests sanguins effectués sur 115 personnes admises à l’hôpital pour COVID-19 en 2020. Environ la moitié de ces patients sont tombés gravement malades et ont eu besoin d’une assistance en oxygène, tandis que les autres se sont rapidement rétablies.
Les personnes présentant des taux élevés d’anticorps dirigés contre l’ADN ou une molécule grasse des membranes cellulaires appelée phosphatidylsérine (les anticorps anti-ADN et anti-PS) avaient environ 90% de risques de voir leur état se détériorer. Mais le test n’a permis d’identifier qu’un quart des personnes dont l’état s’est aggravé. « Cela ne veut pas dire que nous pouvons prédire l’évolution chez tout le monde, mais si vous êtes atteint de cette maladie et que nous trouvons ces marqueurs, c’est très mauvais », a déclaré Rodriguez.
« L’analyse statistique a également mis en évidence de fortes corrélations entre les anticorps anti-ADN et les marqueurs de lésions cellulaires, la coagulation, les taux de neutrophiles et la taille des érythrocytes », écrivent les chercheurs. On ne sait pas encore si les anticorps détectés par le test sont impliqués dans la détérioration de l’état d’un patient ou s’ils sont des marqueurs indirects. L’ADN et la phosphatidylsérine semblent provenir de globules rouges détruits, ainsi que de cellules immunitaires appelées neutrophiles, qui libèrent leur ADN lorsqu’elles meurent dans le but de piéger les bactéries.
Il est possible que les anticorps se lient à l’ADN, contribuant ainsi à la formation de multiples petits caillots sanguins, ce qui est souvent observé dans les cas graves de COVID-19 et provoque des accidents vasculaires cérébraux et des lésions rénales. Actuellement, les médecins décident du traitement à administrer en fonction des signes cliniques des patients, tels que leur taux d’oxygène sanguin, de leur âge et d’autres facteurs de risque. Ce test pourrait donc aider à orienter le traitement, du moins après une décision de prise en charge initiale.