La technologie d’édition de gènes CRISPR a déjà montré un grand potentiel pour aider les médecins à traiter certaines maladies des plus tenaces. À présent, les scientifiques l’ont utilisé pour cibler le « centre de commandement » des tumeurs cancéreuses et ont réussi avec succès à arrêter leur croissance pour augmenter les taux de survie, chez la souris.
Dans cette nouvelle étude, la technologie CRISPR visait directement les gènes de fusion : qui sont formés lorsque deux gènes se combinent pour former un gène hybride, entraînant des protéines anormales qui provoquent souvent un cancer, ou qui l’aident à se développer.
Ces gènes de fusion possèdent également une empreinte ADN unique, que des chercheurs de l’Université de Pittsburgh ont pu utiliser afin de les rechercher et de les modifier. Les scientifiques ont alors développé des véritables virus spécialement conçus dans le but de remplacer les gènes de fusion par des gènes tueurs de cancer. « C’est la première fois que l’édition de gènes a été utilisée pour cibler spécifiquement les gènes de fusion du cancer », explique le chercher principal, Jian-Hua Luo. « C’est vraiment excitant car cette étude pose les bases de ce qui pourrait devenir une approche totalement nouvelle concernant le traitement du cancer », ajoute-t-il.
En effet, la technique CRISPR permet aux scientifiques d’effectuer efficacement un véritable copier-coller de l’ADN dans les cellules, pour résoudre des problèmes ou apporter des améliorations, et elle a déjà été utilisée pour stimuler les cellules immunitaires dans la lutte contre certains types de cancers.
Dans ce cas, les chercheurs se sont attaqués aux causes de la croissance, démontrant une toute nouvelle approche pour combattre la maladie. C’est donc un type de gène de fusion appelé MAN2A1-FER qui a été ciblé et qui précédemment, a été identifié par la même équipe comme étant présent dans certains types de cancer agressifs (tels que celui de la prostate, du foie, des poumons et des ovaires). « D’autres types de traitements contre le cancer ciblent les « soldats de l’armée ». Notre approche par contre, consiste à cibler le centre de commandement, donc il n’y a aucune chance pour les soldats de l’ennemi de se regrouper sur le champ de bataille, pour un éventuel retour », explique Luo.
Une fois modifiés par CRISPR, les gènes modifiés visant à détruire le cancer ont été injectés chez des souris portant des cellules de cancer de la prostate humaine et du foie. Les tumeurs ont alors été réduites en taille jusqu’à 30 %, aucune croissance secondaire n’a été observée et toutes les souris ont survécu jusqu’à la fin du traitement de huit semaines. En revanche, dans un groupe témoin de souris qui n’a pas reçu le traitement, les tumeurs cancéreuses ont augmenté d’environ 40 fois. La métastase ou la propagation du cancer était fréquente, et tous les animaux sont morts avant la fin de l’étude.
Il faut savoir que les gènes de fusion ne se produisent que dans les cellules cancéreuses, de ce fait, les cellules saines sont épargnées. Cet élément pourrait donner à la nouvelle technique un avantage considérable par rapport à la chimiothérapie, qui engendre de nombreux effets secondaires indésirables sur de nombreuses parties saines du corps. S’attaquer aux gènes de fusion n’a pas totalement éliminé le cancer, mais l’espoir existe qu’un tel processus plus élaboré puisse voir le jour à l’avenir.
À présent, des recherches supplémentaires seront également nécessaires afin de voir si ce traitement peut fonctionner aussi bien chez l’homme que chez les souris. Mais, comme il s’agissait de cancers humains xénogreffés à la souris, le travail est jusqu’à présent beaucoup plus prometteur qu’une étude traditionnelle se basant sur les souris. « L’approche du génome décrit ici devrait en principe s’appliquer à la plupart des cancers humains portant des gènes de fusion », conclut la recherche.