Au fur et à mesure qu’il écume les dunes de sable ondulées, le rover Curiosity de la NASA récupère des grains de sable pour les analyser, complétant son exploration de la zone.
De février à avril, le rover a en effet examiné quatre sites différents de dunes linéaires afin de comparer les résultats avec ceux obtenus en fin 2015/début 2016, lors d’une mission sur des dunes en forme de croissant. Cette mission en deux phases est la toute première étude approfondie de dunes actives, ailleurs que sur la planète Terre.
L’une des questions abordée lors de cette mission sur les dunes martiennes et comment est-ce que les vents façonnent ces dernières, qui sont relativement proches les unes des autres mais qui présentent des motifs différents (linéaires ou en croissant). Certains scientifiques pensent que les vents martiens peuvent trier les grains de sable de manière à affecter la distribution des compositions minérales, ce qui aurait des répercussions sur les études des grès martiens.
« Concernant ces dunes linéaires, le régime du vent est plus complexe que pour les motifs en forme de croissant que nous avons étudié plus tôt », a déclaré Mathieu Lapotre, de Caltech en Californie, qui a aidé à mener la planification de l’équipe scientifique concernant la mission du rover Curiosity dans les dunes martiennes. « Il semble y avoir plus de vent qui descend la pente de la montagne, par rapport aux dunes en croissants situées au nord », a-t-il ajouté.
En effet, les dunes linéaires se situent à une dizaine de kilomètres au sud de leurs soeurs en forme de croissant. Les deux sites étudiés par le rover font partie d’une région de sable noir appelée « les dunes de Bagnold ». Ce champ de dunes se trouve sur le flanc nord-ouest du Mont Sharp (Aeolis Mons). « Il y a eu une autre différence majeure entre la première et la deuxième phase de notre étude, en plus de la forme des dunes. Nous analysions les dunes en forme de croissant pendant la saison de vent faible sur Mars et les linéaires pendant la saison des vents forts et violents. Nous avons donc, évidemment, vu beaucoup plus de mouvements de grains et d’ondulations pour les dunes linéaires », a expliqué Lapotre.
Pour évaluer la force et la direction du vent, l’équipe de Curiosity doit à présent analyser et détecter les mouvements des grains de sable grâce aux images prises à différents moments de la journée par le rover. Malheureusement, les outils de détection du vent du REMS (la station de surveillance environnementale du rover – Rover Environmental Monitoring Station) ne sont plus fonctionnels, bien que cet instrument puisse toujours renvoyer d’autres données météorologiques de la planète (telles que la température, l’humidité environnante ainsi que la pression). En effet, deux des six capteurs de vent du rover ont été jugés inutilisables lors de son atterrissage sur la planète déjà, en 2012. Le reste a fourni des informations sur le vent tout au long de la mission principale du rover et la première mission prolongée de deux ans.
Un échantillon de sable que le rover Curiosity a pu recueillir à partir d’une dune linéaire se trouve actuellement dans le dispositif de traitement. Une partie du sable a déjà été analysée à l’intérieur du rover même et l’équipe scientifique envisage de fournir d’autres échantillons aux instruments de ce dernier afin d’effectuer des analyses chimiques et minéralogiques.
L’un des facteurs ayant pesé dans le choix concernant la poursuite de la route du rover (au lieu de terminer les analyses du sable) est le statut du mécanisme de forage de ce dernier. En effet, lorsque les vents sont trop puissants, notamment dans la région des dunes linéaires, le processus de forage devient très compliqué. D’ailleurs, le mécanisme prévu à cet effet n’a plus été utilisé sur de la roche depuis 5 mois, à cause d’un problème d’alimentation survenu à ce moment-là.
« Cela affecte les performances du mécanisme d’alimentation de forage », explique Steven Lee du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, à Pasadena, en Californie. « Dans certains cas, des vibrations ont été observées et celles-ci modifient l’efficacité de l’alimentation, nous restons prudents jusqu’à ce que nous comprenions mieux ce type de comportement. En attendant, l’équipe d’ingénierie développe plusieurs méthodes pour améliorer la fiabilité de l’alimentation », ajoute-t-il.
Le rover Curiosity de la NASA a atterri près du Mount Sharp en août 2012. Il a ensuite atteint la base de la montagne en 2014, après avoir réussi à prouver l’existence d’anciens lacs martiens, qui offraient des conditions favorables pour y abriter des microbes.
À présent, le rover étudie comment et quand les conditions jadis habitables de la planète se sont transformées en conditions plus sèches et moins favorables à la vie.
VIDÉO : Un panorama martien à 360 degrés
Ce panorama à 360 degrés a été capturé par la caméra Mast (Mastcam) embarquée sur le rover Curiosity de la NASA, dans la zone des dunes de Bagnold, sur Mars. Cet endroit, appelé Ogunquit Beach, se situe sur le flanc nord-ouest du Mont Sharp. Il est intéressant d’y découvrir les diverses ondulations des dunes, ainsi que les substrats rocheux issus des sédiments déposés dans les anciens lacs martiens il y a des milliards d’années…
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