Des scientifiques ont découvert un nouvel aspect concernant notre système immunitaire : les processus de signalisation entre les protéines et le système immunitaire sont bien plus complexes qu’on ne le pensait et ce, grâce à un type particulier de molécule « épissée ».
En effet, ces molécules étaient considérées comme étant d’une extrême rareté. Mais les chercheurs ont constaté qu’elles représentaient environ un quart des molécules servant à identifier des particules toxiques ou étrangères dans notre corps. Cette découverte pourrait donc avoir un impact énorme sur la manière dont nous développons des vaccins et traitons des conditions auto-immunes.
« C’est comme si un géographe nous disait qu’il avait découvert un nouveau continent, ou qu’un astronome aurait découvert une nouvelle planète dans le système solaire », explique le biologiste Michael Stumpf, de l’Imperial College de Londres. « Nous avons encore beaucoup à explorer. Cela pourrait conduire non seulement à une meilleure compréhension de la façon dont fonctionne le système immunitaire, mais également à suggérer de nouvelles techniques pour les thérapies, les médicaments et les développements de vaccins », ajoute-t-il.
En gros, notre système immunitaire fonctionne en identifiant les éléments qui pourraient être nocifs dans l’environnement de l’organisme, et celui-ci fait ensuite de son mieux pour les neutraliser. Pour ce faire, le système immunitaire relâche des protéines appelées anticorps, afin de prendre soin des antigènes, qui sont des molécules capables de déclencher une réponse immunitaire.
Comment notre corps reconnait-il les antigènes ? C’est grâce à un système de signalisation moléculaire, connu sous le nom d’épitope. Ces structures moléculaires sont positionnées à la surface des cellules, là où elles peuvent identifier les antigènes comme étant vraiment des antigènes. Idéalement, ces structures possèdent la forme adéquate afin d’être liées aux anticorps, afin de neutraliser toute menace potentielle.
Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que la grande majorité des épitopes étaient créés d’après un modèle (toujours identique), avec un mécanisme cellulaire coupant littéralement des fragments spécifiques de protéines, et les redistribuant dans l’ordre, à la surface des cellules. Mais maintenant, grâce à cette technique permettant de cartographier les cellules, les scientifiques ont constaté que celles-ci représentaient environ un quart d’entre elles.
Ce volume inattendu suggère donc que le nombre de signalisations dans le système immunitaire est bien plus élevé que ce que nous pensions auparavant. Cela pourrait expliquer la raison pour laquelle certaines conditions auto-immunes (comme le diabète de type 1, ou la sclérose en plaque), où le corps se retourne contre des tissus sains, sont si répandues.
Cette découverte est donc à la fois une bénédiction et une malédiction pour les chercheurs enquêtant sur le système immunitaire. Bien entendu, la découverte est très positive car nous avons désormais une perspective plus claire sur le nombre de ces épitopes et nous pouvons maintenant essayer d’élaborer des traitements médicaux plus efficaces. Mais cela signifie également que décoder les signaux du système immunitaire sera plus compliqué encore qu’auparavant.
« Cette découverte présente en effet des avantages et des inconvénients quant aux recherches sur le système immunitaire », confirme la chercheuse principale, Juliane Liepe. « Par exemple, la découverte pourrait influencer de nouvelles techniques d’immunothérapies et de vaccins, en fournissant de nouveaux épitopes ciblés dans le but de stimuler le système immunitaire. Mais cela signifie également que nous devons dépister et comprendre beaucoup plus d’épitopes lors de la conception de ces nouveaux traitements », conclut-elle.