Pour la toute première fois, des scientifiques ont découvert une protéine unique, indiquant la présence du VIH inactif dans le corps.
Cibler ce que l’on appelle les « cellules réservoirs » qui abritent le virus du sida dans les organismes, est quelque chose que les chercheurs ont tenté de faire durant des décennies. En effet, le VIH peut se cacher dans ces cellules servant de réservoirs durant plusieurs dizaines d’années, restant en latence et échappant de ce fait à la réponse immunitaire et aux traitements antirétroviraux. Le virus y demeure et attends le moment opportun pour réapparaître. Le problème est qu’en cas d’arrêt du traitement, le virus se multiplie et la maladie peut progresser à nouveau, contraignant les patients à un traitement à vie.
Mais à présent, une équipe de scientifiques français à découvert le moyen de repérer ces cellules réservoirs grâce à un marqueur biologique situé sur les cellules infectées par le VIH. Bien que les thérapies antirétrovirales modernes arrivent à empêcher l’issue fatale pour de nombreuses personnes, nous n’avons toujours pas un moyen fiable de l’éradiquer définitivement et cette découverte pourrait bien accélérer la recherche quant à la création d’un remède durant les années à venir.
Les cellules réservoirs créées par le VIH (et donc infectées) ressemblent énormément aux cellules saines et il est de ce fait difficile de les distinguer, mais la découverte des chercheurs pourrait totalement changer la donne. En effet, le marqueur en question est une protéine, appelée CD32a et se situe uniquement à la surface des cellules infectées. « Cela fait depuis 1996 que nous rêvons de pouvoir éradiquer ces mauvaises cellules, mais nous ne pouvions pas le faire car nous n’avions aucun moyen de les reconnaître », explique le virologue Monsef Benkirane, de l’Université de Montpellier.
Le fait de pouvoir utiliser les protéines CD32a comme véritable marqueur afin de démasquer les cellules réservoirs du VIH représente un énorme pas en avant. En effet, cela signifie que les scientifiques ont désormais de bien meilleurs chances pour les détecter dans le sang des patients et cela offre également la possibilité à davantage de recherches dont le but principal est de comprendre comment le VIH est capable de créer de tels « réservoirs » dans un premier temps.
Concernant la découverte, l’équipe à tout d’abord identifié la protéine dans un modèle d’infection par le VIH créé en laboratoire, puis l’a testé comme marqueur, dans des échantillons de sang de 12 patients infectés par le virus et recevant un traitement régulier. Les chercheurs ont ensuite isolé les cellules possédant le marqueur en question et ont découvert qu’elles étaient presque toutes porteuses du virus. « Une bonne prochaine étape, serait de reproduire ces résultats avec plus d’échantillons de sang, et sur une plus grande variété de patients infectés », explique Tony Fauci, directeur de l’US National Institute of Allergies and Infectious Disease.
Bien entendu, il est beaucoup trop tôt pour parler d’éventuel remède au virus, mais la nouvelle reste encourageante pour les patients infectés, ainsi que pour les scientifiques. « J’espère vraiment que nous sommes sur la bonne voie. Le fait que ce travail ait été effectué par des chercheurs si compétents, et que les résultats paraissent bons, me rend optimiste », ajoute Fauci.
Selon les CDC américains (centres pour le contrôle et la prévention des maladies), plus de 36,7 millions de personnes à travers le monde sont atteintes par le VIH, mais seulement 17 millions d’entre eux ont accès à la thérapie antirétrovirale.
Les scientifiques à l’origine de cette découverte ont déjà déposé un brevet sur l’utilisation diagnostique et thérapeutique du nouveau marqueur identifié.