Un parasite se loge dans son cerveau après un voyage : le calvaire d’une femme évoquant d’étranges symptômes

Trois hôpitaux et des semaines d’errance avant le diagnostic d’un parasite dans son cerveau...

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Une femme de 30 ans a intrigué les médecins en présentant d’étranges symptômes suite à un voyage de trois semaines à travers la Thaïlande, le Japon et Hawaï. Alors qu’elle pensait que sa fatigue et ses migraines persistantes étaient dues au décalage horaire, l’apparition progressive de symptômes neurologiques a conduit au diagnostic d’une infestation de vers pulmonaires du rat dans son cerveau. Il lui aura fallu des visites dans trois hôpitaux différents avant d’obtenir un diagnostic définitif.

Le ver pulmonaire du rat (Angiostrongylus cantonensis) est un parasite tropical affectant principalement les rongeurs et se transmettant à d’autres hôtes par le biais de leurs excréments. Parmi ces hôtes figurent par exemple les escargots, les limaces et certains crustacés comme les crabes et les crevettes d’eau douce. Ces hôtes sont ensuite consommés par d’autres rongeurs, bouclant ainsi le cycle d’infection.

Le parasite se transmet aux humains consommant des mollusques et des crustacés infectés crus ou insuffisamment cuits, ou des légumes ayant été en contact avec leur mucus. L’infection au ver ne provoque généralement pas ou peu de symptômes, tels que des maux de tête, une légère fièvre, des nausées et des raideurs dans la nuque. Dans de nombreux cas, les infections à A. cantonensis se résolvent d’elles-mêmes lorsque les parasites meurent.

Cependant, dans de rares cas, les larves peuvent migrer vers le système nerveux central et provoquer des symptômes graves pouvant potentiellement devenir fatals sans prise en charge rapide. Les symptômes vont des maux de tête persistants aux sensations de picotements ou de brûlures dans certaines régions du corps, des convulsions, des problèmes de vision, etc.

En 2010, Sam Ballard, un jeune joueur de rugby australien, est par exemple tombé dans le coma pendant plus d’un an après avoir avalé une limace vivante qui s’est avérée infectée, en voulant relever un défi. Le jeune homme a fini paralysé puis est finalement décédé en 2018.

Alors qu’on pensait que les infections humaines à A. cantonensis étaient relativement rares, les médecins et épidémiologistes estiment qu’elles sont bien plus nombreuses qu’on ne le pensait, de nombreux cas pouvant notamment passer inaperçus. « Il se pourrait que le parasite soit plus répandu que nous le pensons simplement parce que nous n’avons pas suffisamment cherché », a déclaré Robert Cowie, chercheur à l’Université d’Hawaï et expert du ver A. cantonensis, à News.com.

Le cas récemment relevé corrobore cette hypothèse et suggère que les symptômes de l’infection sont suffisamment méconnus pour potentiellement passer inaperçus. L’expert affirme que les médecins « ont mis une éternité » à établir le diagnostic, une méconnaissance de l’infection qui serait courante chez de nombreux professionnels de la santé.

ver pulmonaire rat
Cycle de transmission du ver pulmonaire du rat. © Joseph Zunt et al.

D’étranges sensations de brûlure au niveau des pieds

Originaire de la Nouvelle-Angleterre, la patiente de 30 ans nouvellement identifiée était dans son état de santé habituel jusqu’à environ 12 jours après son voyage. D’après le rapport détaillé dans The New England Journal of Medicine, ses premiers symptômes se sont manifestés par une étrange sensation de brûlure au niveau des pieds. La sensation s’est propagée à travers ses jambes au cours des jours suivants, la patiente se plaignant d’une aggravation au moindre contact.

Elle était également fatiguée, mais avait attribué cela au décalage horaire suite à son voyage. Néanmoins, elle est tout de même passée aux urgences pour les sensations dans ses jambes, que des analgésiques (de l’ibuprofène) n’ont pas pu soulager. Cependant, les résultats des examens étaient apparemment normaux, et elle a finalement pu sortir de l’hôpital.

Quelques jours plus tard cependant, les sensations se sont propagées plus haut vers son torse et ses bras, et elle a commencé à avoir des maux de tête. Elle a alors consulté un autre service d’urgence, qui, encore une fois, a indiqué des résultats d’analyse normaux à part une légère hausse du taux de cellules immunitaires. En guise de traitement, elle n’a obtenu que des médicaments qui ont soulagé ses maux de tête avant de sortir à nouveau de l’hôpital.

Environ une semaine après l’apparition des premiers symptômes, la patiente a commencé à présenter une confusion assez grave et est retournée aux urgences d’un troisième hôpital. Les résultats de ses analyses étaient toujours normaux, mais son taux d’éosinophiles (des cellules immunitaires) était anormalement élevé. Les médecins ont alors décidé de réaliser une ponction lombaire pour prélever du liquide céphalorachidien (LCR).

ver pulmonaire
A. cantonensis. © Centres pour le contrôle et la prévention des maladies.

Les analyses du LCR ont montré un taux exceptionnellement élevé de cellules immunitaires indiquant une méningite éosinophile, une forme rare d’inflammation du système nerveux central généralement associée à une infection parasitaire. Suite à des analyses plus approfondies, les médecins ont conclu qu’il s’agissait d’une infection à A. cantonensis. Le LCR de la patiente contenait des traces génétiques du parasite, confirmant son invasion du système nerveux.

D’après les médecins, elle a très probablement contracté les parasites au cours de ses voyages. En effet, elle a indiqué avoir consommé beaucoup de nourriture de rue à Bangkok et des sushis à Tokyo. Elle a également consommé de grandes quantités de sushis et de salades à Hawaï. La patiente a reçu un traitement antiparasitaire de 14 jours ainsi que des stéroïdes pour aider à réduire l’inflammation cérébrale. Elle a pu quitter l’hôpital au bout de six jours.

Source : The New England Journal of Medicine

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