Bien entendu, les astronomes ont déjà repéré nombre de galaxies lointaines, même plus lointaines que celle dont nous allons vous parler. Mais celle qu’ils viennent d’identifier sur l’un des récents clichés du télescope spatial Hubble, leur est plus précieuse. En effet, il s’agit d’une galaxie naine de la taille du Grand Nuage de Magellan (le satellite de la Voie Lactée). C’est-à-dire qu’elle n’a guère plus de 15’000 années-lumière de diamètre. C’est grâce à un effet de lentille gravitationnelle provoqué par d’autres galaxies situées au premier plan (et donc bien visibles sur l’image du télescope Hubble), que son faible éclat a été multiplié par 20, ce qui a permis de la voir.
La région de l’Univers dans laquelle elle a été découverte est importante, car elle apparaît telle qu’elle était à peine 400 millions d’années après le Big Bang ! C’est pour la toute première fois que les astronomes tiennent une observation qui appuie un de leur modèle préféré : celui selon lequel, de petites galaxies se sont d’abord formées, pour ensuite fusionner en de plus grosses galaxies. En effet, selon la théorie, celles-ci auraient grandi peu à peu, par fusions successives. Pour valider cette hypothèse, les astronomes scrutent les images du ciel profond à la recherche des vestiges de ces rencontres plus que colossales !
En effet, dans l’image ci-dessus, nous pouvons observer une naine située dans la région la plus lointaine observable à ce jour ! Ce qui témoigne d’un Univers tel qu’il était il y a seulement 400 millions d’années après le Big Bang (qui remonte lui à 13,8 milliards d’années). Baptisée Tayna, ce qui signifie « première-née / aînée » dans une langue indienne des Andes, elle apparaît ici rougie, par son éloignement. Nous pouvons constater un très gros amas de galaxies, nommé MACS0416.1-2403 et qui se trouve à 4 milliards d’années-lumière. Sa masse déforme l’espace-temps tout autour de lui ! Le résultat étant qu’il en dévie donc la lumière venue des objets se situant plus loin, formant ainsi des arcs gravitationnels. C’est notamment grâce à ce phénomène de lentille gravitationnelle, que Tayna est apparue assez brillante, jusqu’à pouvoir être finalement décelée.
« Plus on observe loin, plus la galaxie est jeune et mieux on arrive à comprendre son évolution et par conséquent celle de notre propre galaxie. Elle est représentative des premières galaxies de l’Univers » annonce David Bina, doctorant à l’Institut de recherche en Astrophysique et Planétologie de Toulouse, qui a participé à cette découverte internationale, parue dans la revue scientifique The Astrophysical Journal.
La découverte de cette galaxie très lointaine, corroborée grâce à des mesures faites avec le satellite Spitzer, sensible à l’infrarouge, laisse entendre aux astronomes que le télescope James Webb (dont le lancement aura lieu par une fusée Ariane 5 en octobre 2018), pourra étudier de nombreuses galaxies du même type, aux confins de l’univers !
Source : NASA
Image de titre : Kara Vipereus par Pavel Foretník