Découverte d’une immense cité maya d’il y a 3 000 ans sous la jungle de Campeche au Mexique

Des chercheurs découvrent par hasard une cité maya vieille de 3 000 ans sous la jungle du Campeche au Mexique
| Luke Auld-Thomas et al.
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Au cœur de la jungle luxuriante de Campeche, dans la péninsule du Yucatán au Mexique, une équipe d’archéologues a récemment découvert les vestiges d’une cité maya perdue. Ce site monumental, enfoui sous la végétation, abrite plus de 6 500 structures préhispaniques, dont des pyramides imposantes, un réservoir, des amphithéâtres ainsi que des routes qui reliaient jadis divers quartiers. Baptisée Valeriana, cette ville aurait accueilli jusqu’à 50 000 habitants entre l’an 750 et 850. La découverte a été réalisée grâce à la technologie LiDAR, une méthode de détection et de télémétrie par ondes lumineuses.

Le LiDAR, une technique de télédétection sophistiquée, permet de cartographier un territoire en émettant des impulsions laser. En survolant une zone, un système laser envoie des impulsions qui, en rencontrant des objets enfouis, renvoient un signal spécifique vers le capteur. L’analyse du temps écoulé entre l’émission et la réception de ces signaux permet de générer des images tridimensionnelles de la surface étudiée. En archéologie, cette technologie est précieuse : elle a déjà permis, entre autres en 2018, de révéler près de 60 000 structures dans le nord du Guatemala, notamment dans le Parc national de Tikal.

Luke Auld-Thomas, anthropologue à l’Université Northern Arizona, intrigué par le potentiel de cette technologie pour approfondir nos connaissances du monde maya, a entrepris des recherches en ligne. « J’étais sur la page 16 d’une recherche Google et j’ai découvert un relevé laser effectué par une organisation mexicaine de surveillance environnementale », a-t-il confié à la BBC. Cette étude, initialement non destinée à l’archéologie, avait été réalisée en 2013 par le Nature Conservancy du Mexique pour la surveillance forestière, couvrant une zone de 130 km² à Campeche.

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Une cité antique, trois sites et 6 674 structures

Associé à des collègues de l’Université Tulane, de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique et du Centre national de cartographie laser aéroporté de l’Université de Houston, Auld-Thomas a analysé les données de cette étude. En se concentrant sur 80 km² de Campeche, une région jusque-là ignorée par les études archéologiques traditionnelles, son équipe et lui ont découvert une vaste cité antique, comprenant trois sites distincts et totalisant 6 674 structures mayas.

Les trois sites identifiés dans la cité maya perdue
Les trois sites identifiés dans la cité maya perdue. © Luke Auld-Thomas et al.

Les chercheurs ont baptisé le site Valeriana en hommage à une lagune voisine. D’après leurs estimations, Valeriana, qui s’étend sur 16,6 km², aurait abrité entre 30 000 et 50 000 habitants à son apogée. Selon leur document d’étude, publié dans la revue Antiquity, Auld-Thomas et ses collègues décrivent Valeriana comme englobant deux complexes architecturaux majeurs, séparés d’environ 2 km.

« La plus vaste de ces enceintes monumentales présente toutes les caractéristiques d’une capitale politique maya classique », expliquent les chercheurs. Le centre de Valeriana se compose de « plusieurs places fermées reliées par une grande chaussée, de temples pyramidaux, d’un terrain de balle, et d’un réservoir formé par le barrage d’un arroyo, suggérant une fondation antérieure à 150 de notre ère ».

site de Valeriana
Le cœur du site de Valeriana, composé de plusieurs places fermées reliées par une large chaussée, des temples pyramidaux, un terrain de balle, un réservoir formé par le barrage d’un arroyo et un probable arrangement architectural. © Luke Auld-Thomas et al.

Le professeur Marcello Canuto, conseiller d’Auld-Thomas et affilié au Middle American Research Institute (MARI) de Tulane, a précisé dans un communiqué de l’Université de Tulane : « Le LiDAR nous révèle que, comme d’autres civilisations anciennes, les Mayas des plaines ont édifié une mosaïque complexe de villes et de communautés au sein de leur paysage tropical ». Il ajoute : « Nous pouvons désormais apprécier à quel point les Mayas ont transformé leur environnement pour soutenir une société complexe et durable ».

Les recherches suggèrent que Valeriana a prospéré durant l’ère classique, mais les raisons de son abandon demeurent inconnues. Les archéologues avancent que la croissance de la population aurait rendu la survie difficile, tandis que le changement climatique, avec des sécheresses survenues autour de l’an 800, aurait joué un rôle déterminant.

Auld-Thomas conclut que cette découverte met en lumière l’existence probable d’autres sites archéologiques encore inexplorés. « La découverte de Valeriana souligne les lacunes persistantes dans notre compréhension de l’existence ou de l’absence de grands sites dans les zones non cartographiées des basses terres mayas », affirment les chercheurs.

Source : Antiquity

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