Chez les insectes, les antennes jouent un rôle primordial : elles permettent d’effectuer des reconnaissances de leur environnement, détecter des variations de pression ou de flux d’air, ou encore de communiquer avec leurs semblables. Cependant, l’évolution opère parfois des choix interrogeant les entomologistes. C’est particulièrement le cas d’un insecte retrouvé piégé dans de l’ambre datant de 99 millions d’années et possédant des antennes hors du commun. Les chercheurs à l’origine de la découverte ont déjà commencé à formuler des hypothèses concernant leurs potentielles fonctions.
Un insecte enfermé dans un morceau d’ambre du Crétacé possède des antennes étrangement larges et longues, qui étaient peut-être utilisées pour entraîner la confusion chez les prédateurs ou aider à le camoufler lorsqu’il se nourrissait sur les branches. L’étude a été publiée sur le serveur de prépublication bioRxiv.
« Il s’agit peut-être d’un nouveau type d’antennes d’insectes », explique Bao-Jie Du, de l’Université de Nankai en Chine. Elle explique qu’elle a eu un choc lorsqu’elle a examiné le spécimen vieux de 99 millions d’années en 2018. L’ambre recueilli dans le nord du Myanmar contient un Magnusantenna wuae juvénile magnifiquement préservé, un insecte de la famille des Coreidae, également connu sous le nom de punaise à pieds foliaires.
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Des antennes inhabituelles servant à la parade nuptiale ou au camouflage
Les antennes de cette nymphe sont plus exagérées que celles de toutes les autres espèces de la famille des Coreidae. Du n’avait jamais rien vu de tel. Les palpeurs éloignés sont à peu près aussi longs que le corps de l’insecte et ornés de structures en forme de volets qui se déploient et qui sont plus de quatre fois plus larges que la tête de l’insecte. Les volets antennaires ressemblent un peu à de grandes écailles de poisson ou à de jeunes feuilles.
La grande question est de savoir pourquoi elles ont évolué de cette manière. Du et ses collègues suggèrent qu’elles pourraient avoir été utilisées pour des parades d’accouplement ou peut-être comme de fausses cibles afin qu’un prédateur rate le vrai corps de l’insecte lors d’une attaque. Ils soutiennent également que les antennes auraient été très sensibles, compte tenu de leur grande surface.
« Je pense que c’est une imitation de feuilles », explique Max Barclay, du Natural History Museum de Londres. Sans aucun signe de pigment brillant sur les antennes, Barclay suggère qu’elles ont peut-être permis à l’insecte de se déguiser en rameau avec de minuscules feuilles pendant qu’il aspirait la sève d’une branche. Les prédateurs le manqueraient probablement et continueraient leur chemin.
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Une caractéristique évolutive encore débattue
Du suggère que de telles antennes spectaculaires auraient pu engendrer un coût évolutif certain, ralentir le mouvement de l’insecte ou même le rendre plus visible pour les prédateurs. Elle déclare que cela aurait pu condamner la survie de la punaise, et c’est peut-être pourquoi nous ne voyons pas de tels appendices extrêmes sur les descendants modernes de cet animal.
Mais Barclay n’est pas d’accord. Les grandes caractéristiques d’un animal peuvent parfois s’avérer problématiques lorsque leur environnement change — par exemple, les gigantesques bois de l’élan irlandais sont devenus un obstacle lorsque le climat s’est réchauffé il y a environ 8000 ans, provoquant la croissance de forêts denses. Dans le cas de cet insecte du Crétacé, cependant, aucun indice ne pointe dans cette direction. « Je ne crois pas que l’évolution produise, sur des milliers de générations, des structures nuisibles », conclut Barclay.