L’Égypte des pharaons ne cesse de fasciner le monde entier, une époque où le grandiose côtoie le mystère, poussant de nombreux archéologues à entreprendre de grandes campagnes de fouilles, souvent infructueuses. Mais récemment, une équipe de chercheurs a révélé un ancien tombeau exceptionnel, près de la pyramide de Saqqarah, contenant ce qui serait la plus ancienne momie jamais découverte à ce jour, enveloppée d’or et accompagnée d’une multitude de statues et d’autres momies.
Après leur mort, les pharaons d’Égypte étaient généralement momifiés et enterrés dans des tombes élaborées. Les membres de la noblesse et les fonctionnaires ont également souvent reçu le même traitement, et parfois même des gens ordinaires. Cependant, le processus était coûteux, et donc peu abordable pour ces derniers.
La momification a été pratiquée tout au long de la majeure partie de l’histoire égyptienne primitive. Les premières momies de la préhistoire étaient probablement accidentelles. Jusqu’à présent, il est admis pour la plupart que c’est vers 2600 avant notre ère, au cours des quatrième et cinquième dynasties, que les Égyptiens ont probablement commencé à momifier intentionnellement les morts.
Il était important dans leur religion de préserver le cadavre le plus intact possible. Pour les mêmes raisons, certains animaux ont également été momifiés. Les taureaux sacrés des premières dynasties avaient leur propre cimetière à Saqqarah.
D’ailleurs, le site est classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO et fait partie d’une nécropole tentaculaire de l’ancienne capitale égyptienne de Memphis, qui comprend les célèbres pyramides de Gizeh ainsi que des pyramides plus petites à Abu Sir, Dahshur et Abu Ruwaysh. Saqqarah est connu pour sa pyramide à degrés du pharaon Djéser, construite vers 2700 avant notre ère par l’architecte Imhotep, et considérée comme l’une des plus anciennes au monde.
Récemment, dans ce lieu exceptionnel, après une campagne de fouilles d’un an, des archéologues ont fait la découverte de quatre nouveaux tombeaux, dont une tombe pharaonique, contenant ce qui pourrait être la momie la plus ancienne et la plus complète à ce jour. Ils sont accompagnés de dizaines de nouvelles découvertes archéologiques révélées par l’archéologue égyptien le plus renommé et directeur des fouilles, Zahi Hawass, lors d’une conférence de presse jeudi.
Une momie de 4300 ans et un « gardien des secrets »
Les artefacts mis au jour ont été découverts sous une ancienne enceinte de pierre près des pyramides de Saqqarah et remontent aux cinquième et sixième dynasties de l’Ancien Empire, s’étendant d’environ 2500 à 2100 avant notre ère, explique l’équipe de fouilles.
La momie la plus ancienne (datant de 4300 ans) a été retrouvée au fond d’un puits de 15 mètres, dans un sarcophage en calcaire scellé au mortier. Hawass déclare à l’APNews, lors de la conférence de presse : « J’ai mis ma tête à l’intérieur pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur du sarcophage : une belle momie d’un homme entièrement recouverte de couches d’or ». Hawass pense que la momie est celle d’un homme nommé Hekashepes.
De plus, l’une des tombes découvertes appartenait à un prêtre, sous le règne d’Ounas, dernier pharaon de la Ve dynastie, connu sous le nom de Khnumdjedef. Hawass précise : « Le tombeau est décoré de scènes de la vie quotidienne ».
L’autre tombeau appartenait à un fonctionnaire du palais nommé Meri, qui détenait le titre de « gardien des secrets », précise l’équipe. Il supervisait les documents d’archives du pharaon, car il connaissait « les secrets de la fabrication des lettres et des mots », qui étaient associés à la magie et à la connaissance cosmique, alors que la société égyptienne était analphabète.
Le deuxième puits découvert contenait également un groupe de belles statues en bois, dont une représentant un homme et sa femme. De plus, trois statues d’une personne nommée Fetek ont été retrouvées à côté d’une table d’offrande et d’un sarcophage en pierre contenant sa momie.
Enfin, l’équipe de fouilles a trouvé de nombreuses amulettes, des récipients en pierre, des outils pour la vie quotidienne et des statues de Ptah-Sokar.
Une découverte parmi d’autres qui améliorent l’image touristique
Le dévoilement de jeudi intervient au milieu d’une vague de nouvelles découvertes annoncées par les autorités égyptiennes au cours de la semaine dernière. Près de la ville méridionale de Louxor, les autorités ont déclaré avoir trouvé des dizaines de sites funéraires de l’ère du Nouvel Empire, datant de 1800 à 1600 avant notre ère. Sans compter que les ruines d’une ancienne ville romaine ont été découvertes à proximité.
De plus, un groupe de scientifiques de l’Université du Caire a dévoilé mardi des détails sur un adolescent momifié précédemment découvert. Grâce à l’utilisation de tomodensitogrammes, ils ont pu améliorer et préciser leurs connaissances quant au statut social élevé du garçon, en examinant les détails complexes des amulettes insérées dans son corps momifié ainsi que le type d’enterrement qu’il a reçu.
L’Égypte tente de faire connaitre publiquement ses découvertes pour attirer plus de touristes, une source importante de richesse pour l’économie fragile du pays. Le secteur a subi un long ralentissement après les troubles politiques et la violence qui ont suivi un soulèvement de 2011.
Malheureusement, l’industrie touristique égyptienne a également été durement touchée par la pandémie de coronavirus et souffre actuellement des retombées de la guerre en Ukraine. Une grande partie des touristes venant de Russie et d’Ukraine.