Découverte : la restriction calorique intermittente entraînerait des changements dynamiques dans le cerveau

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| Gerd Altmann via Pixabay
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Face aux problèmes de surpoids, qui deviennent de plus en plus fréquents dans les pays occidentaux, des scientifiques ont fait une découverte clé : la restriction calorique intermittente, visant à accélérer la perte de poids, entraîne des changements positifs importants à la fois dans le cerveau et dans les intestins.

Dans le panorama des régimes spécialement dédiés à la perte de poids, le jeûne intermittent est désormais considéré comme le plus célèbre (et controversé). De son côté, la restriction calorique intermittente (restriction énergétique intermittente, ou IER) émerge comme une solution alternative à la fois plus saine et plus efficace pour la perte de poids. L’IER semble présenter des avantages non seulement dans ce cadre, mais aussi au niveau de la santé cérébrale et intestinale. Cette méthode restrictive entraînerait des modifications positives du microbiote intestinal et des changements dynamiques dans le cerveau. Des scientifiques chinois ont récemment souhaité tester cette hypothèse en effectuant une analyse plus poussée.

25 personnes en surpoids se sont portées volontaires dans le cadre de la réalisation de l’étude. Au cours d’une période de 62 jours, ces participants ont suivi un programme de restriction énergétique intermittente, impliquant un contrôle minutieux de l’apport calorique et un jeûne certains jours.

Le programme de restriction calorique intermittente s’est déroulé en trois étapes. La première, qui a duré 4 jours, consistait à soumettre les participants à un régime alimentaire normal (aucune restriction calorique et alimentaire). La deuxième étape consistait en une restriction élevée (high control), dans laquelle les candidats ont suivi un régime égal à 2/3, 1/2, 1/3 et 1/4 de l’apport calorique normal. Cela a été fait tous les deux jours pendant une période de 8 jours. Lors de la dernière phase, qui consistait en un « low control », les participants ont suivi un régime hypocalorique un jour sur deux – 600 kcal/jour pour les hommes et 500 kcal pour les femmes.

Les résultats ont été satisfaisants selon Qiang Zeng, chercheur à l’Institut de gestion de la santé du Centre national de recherche clinique sur les maladies gériatriques en Chine et auteur principal de l’étude. D’après le document d’étude, publié dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, les participants ont perdu en moyenne 7,6 kg, soit l’équivalent de 7,8 % de leur poids corporel. Zeng et son équipe ont également pu mettre en évidence des preuves de changements dans l’activité des régions cérébrales qui sont liées au surpoids. Les auteurs de l’étude suggèrent que ces régions, repérées par IRM fonctionnelle, jouent un rôle important dans la régulation de l’appétit et de la dépendance.

Une modification importante du microbiote intestinal

« Nous montrons ici qu’un régime IER modifie l’axe cerveau-intestin-microbiote humain », explique Zeng dans l’étude. « Les changements observés dans le microbiote intestinal et dans l’activité des régions cérébrales liées à la dépendance pendant et après la perte de poids sont très dynamiques et couplés dans le temps », a-t-il ajouté. Selon le scientifique, l’intestin et le cerveau sont étroitement liés, mais il reste encore à identifier les causes réelles de ces changements. Le fait que l’intestin puisse influencer le cerveau et inversement est également, globalement, peu compris à ce jour. En revanche, toujours d’après les chercheurs de l’étude, agir sur certaines régions cérébrales pourrait être un moyen efficace de contrôler l’appétit et par conséquent réduire la prise de poids.

Au-delà de ces constats, les chercheurs ont effectué une analyse sanguine et d’échantillons de selles et ont constaté que les modifications du microbiote intestinal avaient un lien avec des régions particulières du cerveau. « L’abondance de bactéries telles qu’E. coli, Coprococcus et Eubacterium hallii est associée négativement à l’activité du gyrus orbitaire frontal inférieur gauche du cerveau, connu pour jouer un rôle clé dans les fonctions exécutives, y compris notre désir de perdre du poids », expliquent les chercheurs.

De son côté, Xiaoning Wang, du Centre clinique d’État de gériatrie en Chine, affirme : « On pense que le microbiote intestinal communique avec le cerveau de manière complexe et bidirectionnelle ». « Le microbiote produit des neurotransmetteurs et des neurotoxines qui accèdent au cerveau par les nerfs et la circulation sanguine. En retour, le cerveau contrôle le comportement alimentaire, tandis que les nutriments de notre alimentation modifient la composition du microbiote intestinal », a-t-il ajouté.

Dans tous les cas, les résultats de cette étude suggèrent que dans le cerveau et dans le microbiote, que ce soit avant ou après la perte de poids, des changements ont lieu et des liens existent entre ces derniers. La prochaine étape, pour les chercheurs chinois, consistera à lever le voile sur les mécanismes potentiels par lesquels le cerveau et les intestins communiquent lorsqu’une personne perd du poids.

Source : Frontiers in Cellular and Infection Microbiology

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