Construire une sphère de Dyson… L’idée de fabriquer ce vecteur d’énergie hors du commun nous trotte dans la tête depuis les années 1960. Dans son livre « La possibilité de la vie », une journaliste scientifique s’intéresse au travail de titan que représenterait une telle entreprise.
« Si l’on voulait disposer de suffisamment de matériaux pour construire une telle chose, il faudrait essentiellement démonter une planète, et pas seulement une petite – plutôt Jupiter », affirme Jaime Green dans son livre. Une sphère de Dyson… Cette idée, née de l’esprit du physicien et mathématicien Freeman Dyson en 1960, n’a cessé de nous fasciner depuis. Mais concrètement, une sphère de Dyson, c’est quoi ? Il s’agit d’une mégastructure placée autour d’une étoile et conçue pour en récolter l’énergie émise.
Il pourrait s’agir d’une sorte de sphère creuse, ou encore d’un essaim de satellites placés en orbite tout autour de l’étoile pour capter son énergie. Une fois récoltée, elle pourrait être renvoyée vers des centres de collecte, et réutilisée. « Si l’énergie est disponible et qu’elle va de toute façon s’envoler dans l’espace, pourquoi quelqu’un ne la prendrait-il pas ? », lance à ce sujet l’astrophysicien Jason Wright, au cours d’un échange avec Jaime Green.
Cette théorie part aussi du postulat que l’humanité, en se développant, fera face à des besoins en énergie exponentiels. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe à l’heure actuelle, et qui cause bien des soucis environnementaux. En utilisant une étoile de cette façon, et non plus via différentes structures exploitées sur Terre, l’humanité pourrait donc accéder à une énorme quantité d’énergie. Le léger problème, dans tout ça ? Créer une sphère ou un essaim de Dyson nécessiterait… une énorme quantité d’énergie et de ressources.
Démonter une planète, ou construire sur le long terme ?
Ce dilemme peut ressembler à un serpent qui se mord la queue. C’est bien pour cela qu’est souvent évoqué le fait de produire cette mégastructure non pas sur Terre, mais sur une autre planète, qu’il s’agirait de reconfigurer et d’exploiter complètement dans le but de produire la sphère de Dyson. Dans son livre, la journaliste évoque Jupiter.
La vidéo ci-dessous explique comment l’on pourrait théoriquement procéder pour construire un essaim de Dyson en une dizaine d’années. Là encore, il s’agit d’utiliser les ressources d’une planète (Mercure, dans l’exemple), tout en générant de l’énergie au fur et à mesure, via les satellites créés, pour auto-alimenter le lancement de nouveaux satellites.
Cependant, au cours de ses échanges avec différents scientifiques, Jaime Green n’a pas trouvé que des chercheurs en accord avec cette théorie. Jason Wright, par exemple, estime que si une sphère de Dyson doit exister un jour, il s’agirait plutôt d’une longue entreprise progressive. Pour mieux se faire comprendre, il compare cette entreprise à la construction de Manhattan. « La ville a été planifiée dans une certaine mesure, mais personne ne s’est jamais dit : ‘Hé, construisons une grande ville ici’. C’est juste que chaque génération l’a rendue un peu plus grande », explique-t-il. De la même manière, il estime qu’une sphère de Dyson, ou un essaim de satellites de Dyson, pourraient être construits au fil du temps, pour apporter de plus en plus d’énergie.
Au-delà de la technique, l’ouvrage de Jaime Green nous fait en tout cas réfléchir sur cette question fascinante : l’espèce humaine, pour évoluer, est-elle vouée à cette quête perpétuelle et exponentielle d’énergie ? Et au-delà de l’humain, cela pourrait-il être le cas pour d’autres espèces ? C’est cette question qui a lancé certains scientifiques à la recherche de signatures technologiques extra-terrestres basées sur le concept de la sphère de Dyson. Sans succès, jusqu’à aujourd’hui.