Dépression sévère : la stimulation du nerf vague peut significativement réduire les symptômes

Avant les essais, les patients avaient tenté plus d’une dizaine de traitements différents, sans constater d’amélioration notable.

depression severe stimulation nerf vague
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Un essai impliquant près de 500 adultes montre que la stimulation électrique du nerf vague (SNV) améliore significativement les symptômes de la dépression sévère résistante aux traitements conventionnels. Avant ces essais, les patients avaient tenté plus d’une dizaine de traitements sans constater d’amélioration. Ces recherches visent à fournir les preuves nécessaires pour que la SNV soit prise en charge par les assurances maladie aux États-Unis.

Le trouble dépressif majeur (TDM) est une pathologie chronique et invalidante qui entrave les activités quotidiennes et expose à un risque accru de suicide. Si les antidépresseurs standard permettent une rémission chez plus de 50 % des patients, environ 30 % restent insensibles à quatre lignes de traitements successives.

Développée initialement pour traiter l’épilepsie pharmacorésistante, la stimulation du nerf vague (SNV) est, depuis plus de deux décennies, proposée comme traitement à long terme des dépressions chroniques et résistantes (au moins quatre traitements échoués) chez les adultes. En 2005, la Food and Drug Administration américaine (FDA) a approuvé aux États-Unis cette approche pour la prise en charge de la dépression résistante.

Cependant, l’accessibilité de cette thérapie reste restreinte, notamment en raison du coût de l’appareil et de la chirurgie nécessaire à son implantation. De plus, les essais cliniques visant à en démontrer l’efficacité ont jusqu’ici livré des résultats contrastés. En 2007 notamment, les Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS) ont jugé que les preuves disponibles ne suffisaient pas à justifier une couverture médicale.

L’étude RECOVER, pilotée par l’Université de Washington à Saint-Louis, a pour ambition de réévaluer l’efficacité de la SNV dans le traitement de la dépression sévère résistante et du trouble bipolaire. Elle vise également à collecter des données susceptibles de convaincre les CMS. Les résultats, publiés dans deux articles de la revue Brain Stimulation, pourraient influer sur les décisions des assureurs privés, souvent alignés sur celles des CMS.

Des progrès mesurables au cours des derniers mois de traitement

Le dispositif de SNV, comparable à un stimulateur cardiaque, est implanté chirurgicalement sous la peau, au niveau de la poitrine. Il émet des impulsions électriques via un fil relié au nerf vague gauche, lequel transmet les stimuli aux régions cérébrales impliquées dans la régulation de l’humeur.

Dans le cadre de l’essai, 493 adultes atteints de dépression sévère résistante, répartis sur 84 sites, ont été recrutés. Les trois quarts de ces patients, sévèrement déprimés, étaient incapables de travailler. En moyenne, ils avaient essayé 13 traitements sans succès. Tous les participants suivaient déjà un traitement et étaient encouragés à le poursuivre en parallèle de l’essai, tout en continuant à consulter leurs médecins.

L’ensemble des participants ont été implantés, mais seuls 249 dispositifs ont été activés lors de la phase de contrôle randomisée de 12 mois. Les deux premiers mois ont été consacrés à l’optimisation des paramètres de stimulation pour chaque patient. À partir du troisième mois, une évaluation mensuelle des symptômes a été réalisée. Quatre outils de référence ont été utilisés, dont deux par des cliniciens extérieurs en aveugle, un autre par un professionnel sur site, et un dernier par auto-évaluation des patients. Ces derniers ont également évalué leur qualité de vie et leur capacité à réaliser des tâches quotidiennes tous les trois mois grâce à des outils validés.

SNV depression
Barres empilées des taux de réponse et de rémission à des intervalles mensuels commençant 3 mois après la ligne de base dans les données imputées. © Conway et al.

Dans l’ensemble, les participants dont les dispositifs étaient activés ont constaté une réduction notable de leurs symptômes, accompagnée d’une amélioration de leur qualité de vie et de leur capacité à effectuer des tâches quotidiennes. Toutefois, ces progrès n’ont été observés qu’à partir des trois derniers mois de traitement. Cette latence, expliquent les chercheurs, s’explique par la nature progressive des effets de la SNV.

Un taux de rémission complète encore limité

Cependant, le taux de rémission complète demeure faible et ne différait pas significativement entre les deux groupes. « Ce qui importe ici, c’est que les patients eux-mêmes rapportent une amélioration de leur qualité de vie », souligne Charles Conway, auteur principal des études, dans un communiqué. « Il s’agit de patients ayant échoué à un nombre considérable de traitements, y compris des approches agressives comme l’électroconvulsivothérapie. Et ils ne disent pas seulement ‘je vais un peu mieux.’ Ils affirment observer des améliorations significatives dans leur capacité à fonctionner et à mener leur vie ».

À l’issue de la période d’essai, les dispositifs des participants du groupe témoin ont été activés. Aucune différence notable n’a été observée entre les groupes, bien que les patients témoins aient rapporté une amélioration inattendue de leurs symptômes. Cette amélioration pourrait être attribuée à un effet placebo, les participants étant informés que leur dispositif serait activé ultérieurement.

Malgré cela, « ce qui est encourageant avec la SNV, et confirmé par d’autres études, c’est que lorsqu’un patient répond au traitement, les effets sont généralement durables », ajoute Conway. Les participants seront suivis pendant quatre années supplémentaires pour évaluer la pérennité des effets et identifier les profils de patients les plus réceptifs à la thérapie.

Source : Brain Stimulation (1, 2)

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